Janvier 2024- 103 Elyas
Stella et Comans étaient chacun blottis contre une de mes cuisses. Je sentais leur petit cœur endormi, battre.
Il va falloir me donner beaucoup de chance ce soir, mon étoile filante.
J’étais assis devant mon bureau, un stylo à la main, entouré de boules de papier. Je m’apprêtai à écrire à nouveau quand je suspendis mon geste.
Pourquoi était-ce si dur de débloquer mes sentiments à l’égare de Mathys. Pourquoi avais-je la pénible sensation que je m’apprêtais à faire une belle connerie ?
***
La réponse de Mathys ne tarda pas à ma grande surprise. Il avait toujours ignoré mes e-mails, mes appels, mais une lettre, il semblait que ce soit différent. Pourquoi ?
Je fixais l’enveloppe depuis presque trois jours. Je passais à côté, encore et encore, d’en l’optique qu’elle se lise toute seule ou qu’elle disparaisse d’elle-même.
Stella et Comans étaient dans leur panier, à peine deux mois que je les avais, et j’avais la certitude qu’il ne s’agissait pas de lapin nain. Ils grossissaient à vue d’œil et se comportaient comme des chiots. Des fois, j’en appelai un Cerninos et l’autre Narcisse, et ils se retournaient. Ça ne durait qu’un instant. Mais un instant qui me faisait douter d’une possible « réincarnation ».
Ils dormaient et moi, je veillais encore devant cette fichue lettre.
Si je l’ouvrais, que se passerait-il ?
— Allez ! Bordel ! Un peu de courage, Ely !
Un encouragement à moi-même qui tomba à l’eau et qui fit sursauter, mes lapins.
Ils me fixèrent avec leurs gros yeux d’endormis.
J’agitais la main vers eux, pour leur proposer mes bras. Comans fut le seul à venir et à se blottir dans mes bras, sa petite tête dans le creux de mon cou. Stella semblait plus indépendante.
Je me décidais enfin à ouvrir cette enveloppe et à déplier cette lettre. Un papier tomba sur Comans. Je le pris et l’analysai, avant de reposer le tout.
Je ne prenais pas le temps de lire la lettre. Il n’y avait que très peu de mots dessus. Était-ce bien utile ?
Mathys avait-il conscience de comment me faire mal ? Était-ce sa façon de me montrer que lui aussi pouvait me blesser, assez pour que mes larmes perlent aux coins de mes yeux ?
Un certificat de mariage qui datait de l’année dernière avec un certain Joshua, mettait tomber sur le cœur tel un parpaing noyant un truand.
Comment avait-il pu nous cacher son mariage ? Comment n’étions-nous pas au courant ?
J’avais mal et la douleur qui coulait de mes entrailles me noyait de larme. Je n’arrivais pas à calmer mes pleurs. Je n’arrivais pas à calmer cette profonde douleur, cette bêtise que d’avoir dévoilé mes sentiments véritables à un homme qui était passé à autre chose.
« Laisse-moi t’amputer de ces sentiments qui ne font plus partie de ma vie avec l’assurance que je suis passé à autre chose.
Mathys. »
Il n’y avait que froideur dans la sévérité de son tracé. Avait-il toujours écrit de cette façon ?
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