Avril 2024- 104 Elyas

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Mon dernier roman rencontre un beau succès, ça m’avait cloué sur place quand Max m’avait fait le bilan des deux premières semaines. Vu le temps que j’avais passé à l’écrire et le mal que j’avais eu, j’avouerai que l’enthousiasme des lecteurs me réchauffait le cœur.

Depuis la sortie, fin février et le prix littéraire du mois de mars, j’étais bourlingué d’un côté à l’autre. Invité à pas moins de sept événements ce mois-ci.

Ce matin, j’étais en dédicace chez une libraire qui avait un bon paquet de mes livres, presque depuis mes débuts. Je voyais de la fierté dans le regarde de cette petite dame quand elle le posait sur moi et sur mes livres.

Aujourd’hui, je promouvais mon dernier bébé sorti.

Il y avait une file devant la librairie. Quand je pensais à mes débuts et à ce que j’avais réussi à mettre en place depuis tout ce temps, c’était un grand soulagement pour moi. Beaucoup de satisfaction à être devenu ce romancier, à voir dans le regard des lecteurs une pointe d’admiration.

Quand un jeune homme se pencha sur moi en me tendant son livre, j’eu un petit mouvement de recul. Pas parce que j’avais eu peur, non. Plutôt, je sentais étonné de le voir lui, et depuis si longtemps.

— Jules ?

— Oh ! Tu m’as reconnu, j’en aurai pas mi ma main à coupé.

— Tout de même. T’as pas beaucoup changé.

Et c’était vrai, Jules avait toujours la même bouille avec quelques rides en plus, très fins, presque indistinct. Mais suffisamment visible pour quelqu’un qui l’aurait vu sous toutes les coutures.

— Toi en revanche, tu es devenu, impressionnant, Ely.

— Tu trouves ?

— Tu fais plus masculin.

Il sourit, replaçant une mèche blonde derrière son oreille. Il portait bien mieux le carré.

— À ce qui parait. Suis-je à ton goût ?

Je ris. Il m’imite.

— Tu as toujours été à mon goût, même en tant que femme.

— Vraiment ?

— Vraiment, affirma-t-il.

Je captais toute la lumière qui éclatait dans ses yeux d’un vert trop pâle. Ce vert menthe à l’eau. Ce vert calme et calin. Ce vert qui s’il se penchait un peu plus me donnerait envie de l’inviter ce soir.

Je lui signai son exemplaire. Il se pencha. Je sentis son regard se poser sur ma nuque légèrement inclinée.

— Ce soir, je joue au Hongroie, ça te dit de venir. On pourrait prendre un verre et parler du bon vieux temps.

J’attrapai l’expression de surprise qui éclairci son visage.

— Quelle heure ?

Alors je n’avais pas rêvé cette nostalgie qui nous entourait.

— Je commence à jouer à 20 h.

— Alors à ce soir, Ely.

— Elyas.

Jules sourit.

— Joli. J’aime beaucoup. Elyas.

***

Peut-être que Jules avait toujours été attiré par moi, que je fus une femme ou un homme. Je devinais, tout de même que, je l’attirais un peu plus en tant qu’homme. Ça ne faisait aucun doute. Il était plus entreprenant qu’à l’époque. Bien que sa maturité pouvait tout aussi bien être la responsable. Il se pourrait bien qu’il me plaise assez pour tenter…quelque chose.

Nous trinquons encore une fois, lui avec un snap, moi avec ma précieuse limonade. J’avais expérimenté l’alcool et clairement, ce n’était pas ma came.

— Est-ce que tu me ramène chez moi ? demanda-t-il d’une voix suave.

Il laissa trainer son regard sur ma bouche.

La sienne était luisante et aussi appétissante que par le passé.

Je crois que je peux faire une chose comme ça.

On pourrait prendre un dernier verre.

On pourrait prendre un dernier verre, effectivement.

Alors nous sommes parti après avoir réglé nos consommations chez lui.

Chez Jules, c’était coloré, entre rêve d’enfant et rêve d’adulte. Il ne se privait de rien. Ni de voyage ni d’animés, ni de ce qu’il aimait.

Jules était le type qui veillerait en tenant fermement son enfant intérieur dans les bras. Il ne le lâcherait sous aucun prétexte. Vieillir, oui. S’abandonner, hors de question.

C’était en regardant une photo de lui et d’une famille japonaise que je me suis rappelé de ce jeune homme qui ne savait pas encore qui il était. Aujourd’hui, il avait trouvé son lui véritable.

— Tiens.

Je le sentis dans mon dos.

Il me tendit un verre de sirop, sachant que je ne boirai rien d’alcoolisé.

Je le pris et me tournai vers cet homme qui venait de m’apprendre une nouvelle bonne leçon.

Depuis le début, avais-je véritablement vécu ?

Et si c’était le moment, de prendre un sac et de partir au bout du monde ?

Je posai mon verre sans le touché et m’avançai vers Jules. Il quitta son verre à son tour, glissant ses bras autour de ma nuque.

Nous échangeâmes un baiser comme si nous ne nous étions jamais séparés. Comme c’était doux. Portée par la promesse que mon cœur s’apaiserait.

— Est-ce prématuré de dire que j’ai très envie de toi, Elyas ?

Je ris contre ses lèvres.

— Nous savions ce que ça voulait dire ce dernier verre, alors je dirais que rien n’est prématuré. Et puis, je me demande quelle chaleur il fait en toi.

Il se mordit la lèvre acceptant ma proposition.

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