Chapitre 5 : le tueur
La nuit portait un doux parfum sous les glucines de la place Grillon, au sud de la capitale. L’horloge dans la boutique de faïence indiquait quatre heures du matin. Il n’y avait personne dans les rues et tous les volets étaient fermés. J’avais le champ libre et commençait à exécuter mon œuvre. Lentement, je sortais un à un les objets et la toile qui viendrait composer ma dernière production.
Derrière mon masque, double face, du Dieu Rénvo protecteur des artistes, j’observais plusieurs fois les environs. J’avais moins de dix minutes avant qu’un groupe de policer passent sur le trottoir d’en face. Des rondes qui se formaient de plus en plus loin dans la ville. Mon art commençait à agiter les forces de l’ordre et le monde de la peinture. Je n’étais pas le seul que l’on redoutait. Il semblait y avoir dans l’ombre plusieurs dangers. Le Loup blanc était de sortit. Me trouverait-il pour me dévorer ou comprendrait-il mes intentions à tuer ces impertinents ?
Je jetais un œil rapide sur l’heure, avant de hisser le dernier élément dans mon tableau vivant. Je ne regrettai mon dernier achat. Il m’avait aidé à tout tracter dans ce parc public sans un bruit. Les béliers, ces chariotes de manutention, étaient tout bonnement le meilleur allié des charges lourdes.
Je positionnais l’homme un certain Gusse Lopie, devant un tableau représentant un ciel maculait d’étoile. J’aurais juré, en me reculant, qu’il volait pour atteindre le cercle de lumière.
Je redonnais quelques couleurs à la haute toile, pour lui conférer ce réalisme si entêtant qui m’avait percuté la première fois que je l’avais vu.
Enfin de compte, je m’assis sur un banc et contemplais mon œuvre. Tout donnait illusion. Je fixai, sur ce visage malhonnête, le symbole de Damaron. L’envie était le pire lorsqu’on en venait à faire du tort à autrui. Je leur avais laissé une chance d’arrêter leur méchanceté gratuite, maintenant, je serai intransigeant. Il fallait bien que je les remette à leur place, que je leur apprenne qu’ils n’arriveraient jamais à la cheville du maître.
Il y avait une personne que j’admirai depuis toujours. Un talentueux comme on en voit si rarement.
C’était pour lui tout ça. Pour rappeler au monde des arts-plastique que le maître n’avait rien de comparable aux barbouilleurs et aux riches idiots.
Qui oserait encore porter son nom dans la boue me croiserait sur son chemin.
J’avais besoin d’un model de beauté dans ce monde. Une personne qui saurait montrer la laideur et l’époustouflante beauté d’un pétale de fleur.
Ce n’était pas trop ce que j’accomplissais, c’était juste. Ça l’est pour moi. On laissait trop de place aux visses et aux odieux comportements, et cela depuis trop longtemps. Si la justice se devait devenir un disciple de la mort, alors je le serai pour la prospérité.
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