chapitre 7
J’avais quitté le bureau tard. Assez pour que les rues soient éteintes. L’inspecteur devait y être encore à éplucher les feuillets que je lui avais donné. Cinq cadavres sur le dos en moins de deux semaines. C’était beaucoup.
Tae était parvenu à faire taire les familles et distraire les médias avec l’affaire du Loup. C’était espérer trop fort de croire que ça tiendrait bien longtemps. La piste se resserrait. Les peintures étaient signées : Yvoir. Le nom du tueur ou bien celui de l’artiste qu’il copiait. Je n’étais pas le seul à avoir déjà vu ces toiles. Mais il semblait qu’aucun de notre petit groupe sur l’affaire, n’avait le nom véritable de l’artiste. Peut-être cela changerait lorsque l’on commencerait à interroger les proches plus en profondeur. Demain nous aurons nos réponses.
Je regardais un instant l’appartement qui m’avait vu naître, fixais un regard interrogateur sur le volet d’une fenêtre en particulier. Elle appartenait à notre voisin de palier. Un homme froid et distant. Pourquoi n’ouvrait-il jamais ce volet ? Quel était cette pièce toujours dans le noir ? Un couloir ? Un jour, je ne finirais pas le lui demander.
En entrant, je trébuchais sur un objet conséquent. Je le rattrapais de justesse avant qu’il ne tombe parterre et ne réveille toute la maisonnée. Une rayure de lumière émanait du bureau de mon père. Que faisait-il encore là-dedans à une heure si tardive ? Avait-il encore fait un cauchemar ?
Mon père souffrait de terreurs nocturne, c’est comme cela que notre médecin de famille appelle ses hurlements et son agitation lorsqu’il dort profondément. Fût un temps où il s’enfermait à double tour dans sa chambre. Quand j’étais enfant, ses cris me terrifiaient. Il y avait toujours ce prénom qui revenait.
Séverin.
J’avais demandé à ma mère qui était ce Séverin, elle m’avait souri tristement.
« un ami de ton père ».
Pourquoi criait-il ainsi le nom d’un « ami » et pourquoi ? Quel était ce secret ?
J’allumais le hall pour remettre l’objet en place.
Il s’agissait certainement d’un tableau. Il était enroulé dans du papier gris.
Je me rendis compte que j’avais déchiré un pan du papier. Mon père n’apprécierait pas. Il n’aimait pas qu’on regarde les tableaux qu’il achetait. D’ailleurs, il les cachait quelque par dans la maison. Personne ne savait où il les stockait. Pas même Bonifa, notre dame à tout faire. Il devait les garder dans un coin de son bureau probablement dans l’armoire et peut-être bien qu’il avait un endroit en ville où les dissimulait au monde. Mon père avait ses bizarreries. Pouvait-il s’être attiré les foudres d’un tueur ? i ce n’est lui, ce devait être une bonne partie des idiots de son club.
Je jetais un œil sur le morceau de toile visible, quand je m’aperçus qu’il s’agissait d’une fleur. Pris d’une vive terreur, je déchirai le papier oubliant de rester silencieux. Un paysage macabre et d’immenses fleur m’accueillir. Qu’est-ce que cela signifiait ?
Des pas provenant de la cuisine me parvinrent. Au bout du couloir, mon père me pointa du doigt avec un éclat de sévérité dans son regard.
— Landry ! gronda-t-il. Que t’ai-je rabâché à propos de mes acquisitions ? Est-u un enfant ?
Sa remarque glissa sur moi, comme le reste. Je ne donnais plus de valeur à ce que mon père pouvait me dire. J’avais été bien trop blessé par le passé de son indifférence.
— Qui a peint cette toile ?
— Qui ? Tu le demandes vraiment ?
— Répondez.
— Landry, un peu de respect je te pris.
Je ne répondis pas. J’attendais.
Nous nous regardâmes, impassible tout les deux. Mon père soupira, avant de me prendre la peinture des doigts.
— Le Maître Séverin Morias, fils. Il est suffisamment connu pour que tu reconnaisses une de ses toiles. À croire que la légende dit vrai : que les policiers se désintéresse de l’art.
— Ce n’est pas faux. Mais en ce qui me concernent, c’est vous qui m’avez appris à détester l’art. A trop l’aimer, vous m’avez appris qu’elle était plus importante que moi et votre famille.
— Landry, se fâcha-t-il.
— À qui l’avez-vous acheté ?
— Qu’est-ce que signifie toutes ses questions ?
—Un besoin pour une affaire. À moins que m’aider ne vous insupporte ?
— Landry, cesse de faire l’enfant. Tu sais bien que je t’ai…
— Répondez seulement. Je n’ai cure de vos mensonges.
Il secoua la tête et me donna se que je lui demandais.
L’instant d’après, il s’enfermait dans son fichu bureau.
Instinctivement, je me rendis dans le salon, veillant que mon père reste dans son bureau.
Je composais le numéro du commissariat. Un agent de nuit me répondit.
— Est-ce que l’inspecteur Tae est toujours dans son bureau ?
— Oui.
— Passez-le-moi, je vous prie.
J’attendis quelques secondes avant d’entendre la voix reconnaissable de Tae.
— Landry ? Que me vaut un appel si tardif ?
— Les peintures. Du moins celles avec les fleurs. Il s’agit de Séverin Morias. Mon père a une toile très semblable à celle qui a été peinte pour la dernière victime.
— Le Maître Morias ? Alors c’est de lui. Comment votre père c’est procuré la toile ?
— Une des veuves le lui a vendu. Il semblerait que son époux dilapidé un argent monstrueux dans la peinture et pour entretenir sa pupille.
— Je ne sais pas pour toi, mais ça fait beaucoup de pupille pour des hommes de petites bourgeoisies. Je me suis informé auprès du frère de la dernière victime. Ils ne s’entendaient pas très bien. Une dispute c’est déclaré pendant un repas de famille à propos d’un concours. Un concours qui a été remporté par Séverin Morias, attisant quelques jalousies. On dirait qu’on avance. Demain, je me rendrais chez ce Morias. Il se pourrait qu’on en apprenne plus. Je vais augmenter la sécurité des autres membres. Je pense qu’un admirateur secret du peintre à une dents contre ces messieurs. Mais là question est pourquoi ?
— Je surveille mon père. Après tout, il s’est battu avec trois de ses types.
— Nous lui attribuerions une surveillance renforcée, Landry. Bien que je me demande si votre père à de quoi s’inquiéter. Il ne fait plus partie de ce club.
— Il semblerait que non.
— Hum…
— Avez-vous des soupçons ?
— Je n’ai encore rien de probant. Tenez-vous sur vos gardes. Le tueur est un obsessionnel. Les interrogatoires nous en apprendront plus.
Je restais silencieux.
— Peut-être n’est-ce qu’une coïncidence, mais mon père a des troubles du sommeil. Souvent il cri un prénom. Celui d’un certain Séverin. Je ne sais pas ce que ça vaut, mais les bagarres…
— Pas de conclusions attifes, Landry. Mais il est probable que votre père devra ce confier. Je suis navré, mais je vais t’écarter des interrogatoires. Tu m’assisteras s’il y a encore des cadavres, pour le reste je m’en charge. Je ne te demande qu’une chose, démêle mes méninges.
— Si vous pensez que c’est pour le mieux, alors je ne ferais pas d’histoires.
— Bon garçon. Va donc te reposer. Les heures de sommeil vont baissées drastiquement.
Je raccrochai et m’assis dans le fauteuil de ma mère. J’observai la pièce plongée dans le noir. La lumière du hall éclairait à peine de tableau familiale accroché au mur.
Une belle famille en apparence. Mais une famille où un fantôme assombrissait les cœurs.
— Que va m’apprendre cette enquête, père ?
Je fixais son visage peint. Il semblait heureux.
Pourquoi avais-je toujours eu la sensation d’une contrefaçon ? Qu’avait voulu cacher l’artiste ?
Je crois que je n’étais pas près à savoir. Alors je laisserai Tae me dissimuler des vérités. Il saura le faire. Il saura me préserver… Etrange à dire, alors qu’il me préparait pour devenir lui. Un jour, je serai inspecteur. J’étais taillé pour cette vie.
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