chapitre 9 : Landry
En moins d’un mois, sept personnes étaient mortes. L’assurance que le tueur voulait venger l’artiste qu’il idolâtrait, n’était plus à faire. Son petit mot était à notre intention était achevé, mais pas ses crimes. Il continuerait et cela malgré nos efforts à l’en dissuader.
La lettre que le peintre Morias avait écrite sous notre demande et que nous avions diffusé dans le journal destiné au tueur, n’avait qu’attiser sa rébellion.
Un obsessionnel contrarié, qu’est-ce que cela pouvait donner ?
En prévention, l’inspecteur avait fait poster des agents chez l’artiste. Il avait renforcé la surveillance des huit membres restent, mon père y compris. Comment imaginer qu’un tel scénario allait de jouer si proche de ma famille.
— Tu es rentré ?
Mon père était assis dans le salon. Il lisait un vieil livre. Le voir ici, plutôt que l’imaginer dans son bureau, me surprit. Autant que d’habitude c’était ma mère qui patientait jusqu’à mon retour. Tous les yeux de ma famille était braqué sur moi en permanence. J’y lisais de la peur. Comme si un jour, je cesserai de franchir le seuil de ce chez nous.
— Seulement, pour prendre des affaires et de la documentation que je laissais dans ma chambre.
— Tu retournes travailler ? Ne peux-tu pas prendre un instant pour te reposer ?
Je n’avais jamais fait attention que mon père était bien plus présent que je ne le pensais depuis toutes ses années. Il avait toujours un œil sur nous tous. L’inquiétude tapie dans son regard ne faisait que gonfler quand il posait les yeux sur moi.
— Je vais dormir chez Suzy, ce soir.
Son soulagement me comprima le cœur. C’était nouveau ce sentiment. J’avais toujours pensé que mon père regretté notre famille, mais peut-être était-ce plus compliqué que je ne l’imaginais.
— Sois prudent, fils.
Il retrouva les lignes, penché sur la lampe, accoudé à son fauteuil. Il se laissa charmé par le noir de la nuit, et fixa sur le noir, un regard réprobateur.
— À demain, lançais-je.
Il me sourit.
— Couvre-toi bien.
Il me le disait à chaque fois que je sortais et depuis toujours.
Etais-je passé à côté de son amour ? Cette émotion discrète qu’il dissimulait trop bien…
***
Allongé dans le lit, j’étais incapable de m’endormir. Tae m’avait mis sur le banc de touche de par mon implication dans l’affaire. Plus encore, lorsque mon père avait été interrogé. Tae ne m’avait pas même laissé la chance de lire ces notes. J’avais pu étudier celle des autres membres de ce club maudits, mais pas celles sur mon père. Tout ce que je savais est que mon père connaissait le Maître Morias depuis un bon nombre d’années. Que ni lui ni ma mère n’en parlaient.
— Qui a-t-il mon amour ?
Suzy alluma la lampe et se tourna vers moi. Avais-je trop bougé ?
— Rien d’important.
— Voyons Landry, tu essaie de me cacher, à moi, des choses ?
Je souris.
— C’est stupide ?
— Ça l’est.
Elle tira les draps et s’assit nonchalamment le bras posé sur mes genoux pliés. Il était inutile de lutter. Suzy savait me faire parler, et j’en avais besoin. Besoin dire que je soupçonnais mon propre père.
—Il s’est battu avec trois de ses collègues. Et ce sont eux les premiers à avoir été tué. Il a une toile du Maître. Et sans doute, plus qu’une. C’est juste que je ne faisais pas attention, avant. Toutes ces toiles qu’il a accumulé toutes ces années. Où se trouvent-elles ? Y en a-t-il de ce Séverin ?
— Je vois très mal ton père tuer qui que ce soit.
— Chérie, c’est souvent ceux qu’on ne soupçonne pas qui sont les plus dangereux.
Le visage de Suzy se crispa avant qu’un sourire vienne illuminer son doux visage.
— Tu te fais bien trop mal à la tête, mon amour.
— Peut-être bien. Mais je n’aime pas ce silence. Tu ne te rends pas bien compte de ce que ça implique.
Si mon père était lui aussi une victime, j’avais peur de le retrouver mort dans son bureau. Les deux derniers cadavres avaient été retrouvé chez eux, alors que des agents étaient postés devant chaque porte. Qui que le tuer soit, il était agile et il réfléchissait vite.
— Je me rends surtout compte qu’il faut dormir. Et je sais comment m’y prendre pour te faire dormir.
Elle eut ce sourire qu’elle avait toujours avant de se pencher sur moi et de me chevaucher. Je me mordis les lèvres en posant sur sa chemise de nuit un regard d’envie. Elle déboutonna les trois boutons du haut, me laissant admirer ses jolies formes, mais ne retira pas le vêtement. Parfois elle restait vêtue, d’autre, elle me montrait chaque partie d’elle.
En glissant ses mains sur mon torse, elle sourit plus fort, alors que je durcissais.
— Il n’y a rien de plus doux que t’avoir entre mes cuisses, mon amour.
Elle m’embrassa, baisa mon cou, mes épaules. Je posais mes mains sur ses hanches, caressai le haut de ses cuisses.
— Il n’y a rien de plus tendre que tes mains sur ma peau, souffla-t-elle.
Elle se coula sur moi et j’en oubliai jusqu’à mon prénom.
Je l’aimais si fort. Si tendrement. La regarder aurait suffit à mon bonheur.
— Tu mets tant de douceur dans ses semaines si froides et si cruelles, dis-je.
Son corps s’emboîta au mien, et Suzy me fit sien.
Sa pudeur n’existait jamais dans cette chambre qu’elle louait seule.
Bientôt, je lui offrirai l’appartement qu’elle méritait et non se taudis insalubre.
Nous y vivrons ensemble.
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