Réponse à "Défi érotique #1"

de Image de profil de Alex’s_18Alex’s_18

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Nous entrâmes dans la cour sur nos montures à la tête de notre escorte. Bien que j'essayais de fixer mon regard droit devant moi, le menton haut et le dos droit, je ne pouvais pas m'empêcher de jeter des coups d'œils à ce qui m'entourait depuis que nous avions pénétré dans la cité. Tout n'était que tape-à-l'œil et grivoiseries, et le palais était à l'image de la ville tout entière : les couleurs vives et les décorations ostensibles ne servaient qu'à faire étalage de la richesse du maître des lieux, démontrant son orgueil mal placé. De l'extérieur, le palais n'était absolument pas fait pour être défendu : au contraire de nos forts, les tours étaient construites sous la forme d'une pointe et non en cylindre, rendant impossible pour des troupes de s'y placer. Les murs étaient moins hauts quoiqu'aussi larges que les nôtres. Fiers de plusieurs siècles sans qu'aucune armée puisse être capable de conquérir leur territoire, les rois qui s'étaient succédés avaient priorisé le confort plutôt que la défense sur leur domaine, d'autant plus que la capitale se trouvait dans l'arrière-pays.

Une haie d'honneur s'élevait dans la cour, et les quelques soldats qui avaient été choisi arboraient les couleurs de leur pays sur leur cape : vert émeraude. Encore une fois, cela renforça le contraste avec nous, et les étendards rouge sang que nos hérauts portaient.

Nous arrivâmes devant la volée de marches qui menait au palais. Mon père s'arrêta. Je l'imitai pour mettre pied à terre, aussitôt suivi par la rangé de soldats la plus proche de nous. Lorsque je relevai la tête, j'aperçus ceux qui attendaient notre arrivée. Le roi se tenait en haut des marches, les doigts enlacés devant lui et nous regardait descendre de nos chevaux. J'écarquillai les yeux quand je vis l'esclave agenouillé à quelques pas derrière lui. La présence d'un esclave à ce moment était déplacé, qui plus est au près de son roi. Ne portant qu'un pagne couvrant ses parties intimes, quoique richement décoré, il était agenouillé, le front collé au sol. Tout le monde connaissait les rumeurs sur ce pays esclavagiste et sur le rôle véritable de leurs esclaves mais je n'avais encore jamais pu les confirmer de mes propres yeux. C'était chose faite.

À sa droite, se tenait un autre homme, bien plus jeune que le roi. Son fils, sans nul doute, bien que la ressemblance entre lui et le roi était peu visible. Je l'observai tandis que nous montions les marches. Des cheveux mi-longs blonds encadraient un visage à la mine austère tandis que ses yeux bleus étaient vrillés sur nous. Son visage n'exprimait aucune émotion, ses lèvres pincées en une sorte de moue frigide. En vérité, tout semblait froid chez lui : il était engoncé dans une longue tunique bleue près du cœur du haut de son cou jusqu'à ses poignets et d'une veste de la même couleur, ne dévoilant aucune parcelle de sa peau, alors que les vêtements traditionnels que je portais dévoilaient mes bras et mes jambes nus. Un pantalon fait dans le même tissu et une paire de bottes hautes complétaient sa tenue. En somme, seul son visage et ses mains aux doigts fins et longs étaient visibles.

Nous nous postâmes devant eux et le souverain eut un sourire poli.

— Bienvenue chez nous, salua-t-il. Sachez que nous sommes honorés de vous accueillir en notre sein, vous et votre fils. Nous espérons que votre séjour dans notre pays sera le plus agréable possible.

Mon père lui renvoya sa grimace et le remercia. Tous ici savaient pourquoi nous nous rencontrions. Dans les heures qui allaient suivre, les deux souverains allaient user de toutes les armes diplomatiques à leur disposition pour désamorcer le conflit qui risque d'éclater à toute moment. S'ils échouaint, la prochaine fois que nous mettrions les pieds dans cette partie du monde serait en tant que vainqueurs d'une guerre.

Je surpris le regard du prince posé sur moi. Alors même que nous nous tenions à une distance raisonnable pour respecter le protocole et que personne n'y voyait un affront, il devait lever les yeux pour me regarder car je le dépassais facilement d'une tête. Pourtant, il ne bronchait pas et continuer de me fixer. Ses yeux osèrent même se balader sur moi, de haut en bas, s'attardant sur mes jambes avant de remonter jusqu'à mon visage. J'eus la désagréable sensation d'être un cheval de trait qu'un futur propriétaire jaugeait pour savoir s'il valait son pesant d'or. Je soutins son regard et il finit par se détourner pour écouter la conversation entre nos pères.

Le roi nous invita à le suivre jusqu'à la salle du conseil, mon père et lui voulaient se débarrasser au plus vite des questions fâcheuses. Sans cela, inutile de perdre du temps en beuveries et en dîners interminables qui ne mèneraient de toute façon nulle part.

Bien que ma présence était indispensable en tant qu’héritier du trône, c'était mon père qui menait la discussion et je m'en accommodais fort bien ; il avait encore de nombreuses années devant lui avant que sa santé ne décline et pour ma part, je comptais encore en profiter un peu. C'est ainsi qu'autour de la table des négociations, je passai mon temps à reluquer le prince assis face à moi. Ce dernier ne semblait pas s'en apercevoir, totalement plongé dans la conversation ; je le voyais à ses yeux qui faisaient des va-et-vient entre mon père et le sien. Il se tenait droit dans son siège, les avant-bras posés sur la table. J'en profitais pour regarder son visage aux traits anguleux, presque androgynes à vrai dire. Je cherchai des défauts mais n'en trouvai aucun : aucune mèche ne flottaient devant ses yeux, aucune marque indélébile sur son visage, aucune cicatrice d'enfance. Il semblait aussi lisse qu'une statue et aussi austère. Pendant toute la durée de la réunion, il n'ouvrit pas la bouche, ni ne parla. Rien de ce qu'il se dit ne provoqua en lui un émotion quelconque. Je ne l'avais pas vu sourire, ni hausser ne serait-ce qu'un sourcil et encore moins rire. À un moment, il piocha dans le récipient de fruits une grappe de raisin. Il arracha un grain qu'il porta à sa bouche sans lâcher du regard mon père qui parlait. Il mâcha consciencieusement et avala avant d'en cueillir un autre. Ces gestes étaient maitrisés, comme s'il avait une conscience aiguë de son corps et qu'il ne gaspillait pas une once d'énergie en mouvements inutiles. Ses lèvres ne s'ouvraient que pour accueillir un raisin et j'eus soudain une forte envie de les voir bouger pour toute autre chose.

Soudain, il me regarda. Décontenancé, je sentis mes joues rougir, honteux d'avoir été surpris ; c'était comme s'il venait d’intercepter ma pensée obscène à son égard. Sans réfléchir, j'attrapai une pomme et mordis dedans. J'eus l'impression que de voir ses yeux se plisser avant qu'il ne se détourne. La frustration d'avoir agit comme un adolescent pris la main dans le sac me remua l'estomac. Certes, je ne devrais pas avoir honte de ce que je pense, un homme tel que lui attirait forcément mon attention, mais contrairement à lui, on lisait en moi comme dans un livre ouvert.

Lorsque le roi et mon père décidèrent de s'arrêter là, il était encore tôt avant que l'heure du dîner arrive. Mon père fit part de son intention de se retirer dans les appartements mis à sa disposition et s'excusa. Le prince en profita pour s’éclipser lui aussi par une des portes de côté. J'attendis sagement que mon père se décide à quitter la salle et le suivit. Puis, je prétextai une envie d'explorer le palais pour lui faire faux-bond. Une fois seul, mes pas me firent prendre le premier couloir à ma gauche. Si mon sens de l'orientation était bon, ce qui était toujours le cas, la sortie que le prince avait prise devait également donner sur cette partie du palais. Je remontai le couloir et pris une nouvelle fois à gauche avant de bifurquer à droite. Je croisai des gardes en poste ainsi que des serviteurs et quelques esclaves. Ceux-ci tombaient à genoux lorsqu'ils me voyaient, le front touchant le sol. Je les ignorais, comme il en était l'usage pour quelqu'un de mon rang. Après tout, nous avions les mêmes chez nous et j'étais habitué à leur ominiprésence bien que toujours extrêmement discrète tant que nous n'avions pas besoin de leurs faveurs.

J'atteignis alors une cour intérieure baignée par le soleil couchant. Elle était assez grande pour pouvoir faire une petite promenade. De la végétation avait été plantée, permettant de procurer un peu d'ombre et des bancs avaient été installés. Je m'engageai lorsqu'une voix me fit bondir et me retourner vivement.

— Ainsi, on me suit.

Le prince se tenait là, négligemment appuyé contre une colonne, les bras repliés sur son torse mince et ses yeux bleus ne me lâchaient pas du regard. Bien plus que sa présence, c'était la langue qu'il avait employée : ma langue natale, alors que depuis que nous étions arrivé, nous avions parlé leur dialecte. Je fus étonné de sa maîtrise quasiment excellente, si ce n'est que les consonnes étaient moins marquées.

— Vous attentiez ma venue.

Comme lui, ce n'était pas une question.

— Je n'aime pas être surveillé.

Sa voix était dure et tranchante, comme tout son être semblait-il.

— Ce n'était pas le cas.

Il arqua un sourcil. C'était le premier changement que je vis sur son visage depuis tout à l'heure.

— Que fais-tu ici ?

Je tiquai devant le changement de personne mais ne relevai pas : dans son pays, la marque du respect n'avait pas lieu d'être entre deux personnes de même rang.

— Il est vrai que je recherchai ta présence, admis-je.

Il ne dit rien, m'obligeant à continuer :

— Deux princes de pays voisins sont forcément amené à discuter, non ? Si ce n'est lors des réunions en public, au moins en privé.

— Sommes-nous dans un lieu assez privé pour toi ?

Je ne sus que répondre pendant un instant. Un côté de moi, celui qui ne pensait qu'à voir ses lèvres s'ouvrir pour lui voulait croire qu'il résultait une invitation dans ses mots ; l'autre, plus pragmatique, m'alertait que je me tenais en équilibre sur un fil d'araignée.

— Toujours plus que tout à l'heure.

Je fis un pas dans sa direction et ses yeux glissèrent sur mes pieds. Je me figeai, ne sachant quelle position tenir.

— De quoi veux-tu discuter ? Si tu veux atteindre le roi par l'intermédiaire de son fils, tu te trompes : je n'ai aucun poids dans les décisions de mon père.

Je ricanai.

— Il me semble que je n'en ai pas besoin. Vous nous avez déjà concédé presque que tout ce que nous voulions.

Ses yeux me pénètrent et il se redressa d'un coup d'épaule.

— Cette discussion s'achève ici.

Comprenant mon erreur, je bondis pour l'empêcher de partir.

— Excuse-moi, ce n'est pas ce que je voulais dire.

Il leva les yeux sur moi.

— On dit toujours ce que l'on pense, encore plus dans ses moments-là. Tu peux cesser ton comportement de paon, ça ne marche pas.

— Comment ?

— Tu crois que je n'ai pas compris pas ce que tu veux ?

Un rire mesquin sortit de ses lèvres.

— Tu es aussi prévisible qu'une pucelle en chaleur. Tu as beau être prince et avoir un physique à faire pâlir les combattants d'arènes, tu restes un homme : ton comportement est dicté par ce qui pends entre tes jambes.

— Tu es un homme toi aussi. Dois-je comprendre que cela vaut également pour toi ?

Il leva un peu plus son menton et son souffle vient chatouiller le mien.

— Contrairement à toi, ce n'est pas ma queue qui me guide. Je sais ce que je veux et ce, depuis le début. Elle ne fait que servir mes intentions.

— Et que veux-tu ?

— Tu le découvriras bien assez tôt.

Avant que je puisse le retenir, il s'échappa et quand je tournai le dos, je ne vis que l'éclat de son habit disparaître par l'entrée que j'avais pris. Lentement, mes lèvres se retroussèrent en un sourire gourmand.

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En réponse au défi

Défi érotique #1

Lancé par Pattelisse

Bonjour à tous !

Tout est dit dans le titre ! A force de me promener et de me perdre dans les nombreuses pages de scribay, je me suis rendue compte que les textes érotiques n'étaient pas si rares et plutôt appréciés...

Voici l'occasion de stimuler votre imagination et de vous dévergonder !

Pour ce premier défi, je vous demande de raconter une "première fois".

Cela peut être "conventionnel" ou pas, contemporain ou même fantastique, vous êtes libre de rédiger à la première personne ou à la troisième, vous êtes libre de la forme.

Genre imposé : érotique

Commentaires & Discussions

Défi érotique (1/2)Chapitre9 messages | 2 ans
Défi érotique (2/2)Chapitre15 messages | 2 ans

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