Renaissance
Le soleil se levait sur la cité d’Elfisdrel.
Les habitants se réveillaient peu à peu, éblouis par la lumière rosée de l’astre de feu sur les bâtisses en marbre blanc.
Une femme apparût sur le balcon du plus haut monument, et également le plus impressionnant. Elle avait la peau dorée, de longs cheveux châtains qui lui arrivaient aux hanches, des fleurs dans les cheveux, et une robe romaine blanche ceinturée à la taille par une fine cordelette dorée. Elle s’avança dans la lumière, et se révéla au monde.
Elle le contempla de ses grands yeux savants, avides de la beauté du monde, de la beauté de la nature. Rejetant la tête en arrière, écartant les bras de telle sorte que son ombre forma une croix, elle accueillit le vent et laissa les rayons pénétrer en son sein.
Les yeux fermés, elle commença à marcher, le pied droit, puis le pied gauche ; un pas après l’autre, d’une démarche assurée, légère et gracile, elle se retrouva sur la belle rambarde marbrée.
La femme se hissa sur le rebord de celle-ci, des lianes s’enroulèrent à ses chevilles, lui caressant la peau, et elle baissa la tête, un sourire royal sur le visage. Elle pivota, guidée par le vent, et se retrouva dos au ciel, dos au soleil, dos au vide.
Le vent se tût, et toute la nature resta silencieuse devant le spectacle de leur reine immobile au bord du vide.
Une larme coula sur son visage, puis une deuxième, et une troisième. Des fleurs de multiples couleurs jaillirent à la seconde où les gouttes d’eau touchèrent le sol, et désormais, un champ de fleurs tapissait le sol.
Le vent recommença à chanter aux oreilles des habitants, aux oreilles des animaux, et aux oreilles de la femme. Ecartant les bras, elle offrit son cœur et son âme au soleil, et se laissa tomber dans le vide.
Les pans de sa robe claquaient sur ses bras, sur ses jambes ; ses cheveux fouettaient son visage, et sa natte se défit, laissant sa chevelure voler autour d’elle, créant presque un cocon.
Le sol se rapprochait de plus en plus vite, mais le monde était au ralenti. Des images passèrent devant ses grands yeux de biche, se projetèrent sur les nuages, et les hommes, femmes et enfants au sol, poussèrent des cris d’émerveillement.
En leur offrant sa mort, leur reine leur avait offert son savoir.
Celle-ci ferma les yeux, sereine, attendant sa mort avec calme, sans redouter le moment de l’impact. Elle compta dans sa tête, 5… 4… 3…
Le 2 ne vint pas. Elle se sentit propulsée à la cime des arbres, elle se sentit traverser les nuages roses et dorés qui se promenaient dans le ciel.
La femme ouvrit les yeux, et sentit deux forces dans son dos. Ses yeux tombèrent sur son ombre sur un nuage qui lui faisait face, et un flot de larmes jaillit de ses yeux. Des larmes de diamant, des larmes de rubis, des larmes d’émeraude.
Devant elle se tenait l’ombre d’une femme pourvue de deux grandes ailes. Deux ailes impérieuses, majestueuses, et incroyablement puissantes.
Elle regarda avec hâte ce cadeau de la nature qui faisait désormais partie d’elle, et, comme une enfant, s’émerveilla devant leur beauté. Elles étaient d’un blanc nacré, parsemées de plumes dorées et argentées.
La reine tendit les bras devant elle, et s’aperçut que la nature ne lui avait pas fait seulement don de ces ailes, mais qu’elle lui avait offert une Renaissance.
Sous sa peau couraient des filaments d’énergies blancs électriques, et ses cheveux avaient atteint une longueur deux fois plus longue que celle qu’ils possédaient quelques instants plus tôt. Sa longue robe blanche avait laissé place à une tunique aux fils de soie et d’argent, et une légère armure argentée aux sigles féeriques lui ornait désormais les avant-bras et les tibias.
La femme plongea vers le sol, et fit claquer ses ailes en se stoppant à environ cinq mètres du sol, devant le soleil. Des acclamations fusèrent de toute part, pour cette femme à l’auréole du soleil.
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