À toute vitesse
J’avance, d’un pas, d’un seul, la tête haute, le regard franc et les yeux plissés en guise d’assurance.
Je contemple danseurs et danseuses, m’imagine être des leurs, me vois, moi aussi, tourner, virevolter et m’endiabler de façon incongrue jusqu’à y perdre la tête ‒ admettant bien entendu que je l’eusse retrouvée, la tête.
J’avance, d’abord ce premier pas, puis dans la foulée un deuxième ; lentement mais sûrement, comme le dit le proverbe, s’ensuivent un troisième et un quatrième. Inévitablement, j’avance vers mon destin.
Mais ma destinée, quelle est-elle ? Suis-je poussé tel le sombre condamné à mort jusqu’à l’échafaud ? Suis-je amené à ouvrir la marche tel le joyeux marié jusqu’à l’autel ? Ou que sais-je encore...
J’avance et, en réalité, peu m’importe vers où, vers quoi, vers qui. Peu m'importe, de fait, j'avance.
Encore quelques mètres à faire et je sais qu’On me dévoilera tous ses projets.
De toute façon, je doute qu’ils soient funestes et quand bien même, comme j’ai pu m’en expliquer, ce serait pour mieux renaître.
Alors, joyeux condamné bien disposé à se marier avec sa prévenante fatalité, tout sourire, j’avance.
J’avance, j’avance, j’avance, j'avance.
J’avance et pense à communier, à me muer, à me mouvoir, à m’entremêler dans la foule, à la liasse, au point de pouvoir m'y fondre, m’évanouir, tant et si bien, tant et si bien qu’à mon tour, à l'image de mes collègues, je disparaîtrai.
J'avance, m'attendant à être absorbé et à m'effacer.
Mais avant cette éventualité, vous l'aviez oubliée : ma veste !
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