Recommencement

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Je zieute autour de moi et ce ciel qui s’étendait finalement à profusion est… plutôt étriqué.

En effet, je me trouve au beau milieu d’une petite rue accablée, de part et d'autre, de grands bâtiments longilignes. Austères, gris, tout en béton armé, ils se dressent implacablement sur six à sept étages. Des fenêtres disproportionnées aux vitres teintées, très sombres, presque noires, parsèment de façon régulière leurs façades. Trop régulières, trop parallèles, trop symétriques, elles participent avec brio au côté oppressant.

Autre détail, mais non des moindres, il n'y a pas de portes. Aucune, pas une seule. Intolérants, ils ne laisseront donc entrer personne…


Bien qu'il eût été peu probable que je m'engage dans un hall ou que j’entreprenne une montée d'escaliers – si tant est qu'ils existent –, je n'ai maintenant d'autres choix que de reporter mon attention vers l’avant. D’autant plus que j'ai toujours l'absolue certitude que derrière moi il n'y a, de toute façon, rien. Rien qu'un décor vide. L'idée n'est toujours pas venue au metteur en scène de créer tout un apparat là où il n'y a pas lieu d'y en avoir… En somme, pas de décor là où je ne suis pas censé aller.


Face à moi, à une centaine de mètres, j’entrevois une unique rue perpendiculaire. Le bruit et les vibrations viennent de là. Des gens en nombre semblent y défiler dans la joie et la bonne humeur. De loin, j’aurais tendance à affirmer qu’ils sont tous vêtus de tenues sobres où règnent deux seules couleurs… le noir et le blanc. Les filles, si je ne m'abuse, portent pour le haut une chemise, un chemisier ou un plus modeste polo blanc et, pour le bas, une jupe ou un pantalon noir. Pour les hommes, c’est dans le même ton. J’aperçois aussi, ici ou là, la présence de quelques chapeaux.


Au bout de ma nébuleuse rue toute en ligne droite, vit et vibre donc une foule que je devine pleine d'allégresse. Que je pronostique, sans trop me risquer, identique à celle déjà croisée et dans laquelle j’ai failli me fondre…


À croire que, tel "un jour sans fin" avec Bill Murray, tout recommence encore.

Ai-je fait une erreur ?

Ou, au contraire, n’ai-je pas fait quelque-chose au point de devoir tout… recommencer à nouveau ?

Subis-je un châtiment tel Sisyphe – pour l’instant en nettement moins pénible – portant sa pierre ?

Suis-je une version masculine des Danaïdes condamnées à remplir leurs jarres ?

Suis-je, si ce n’est en enfer, au moins au purgatoire ?


Il ne manquerait plus que mes collègues soient là, présents autour de moi, pour que tout ne soit, avec tant de similitude, qu’un véritable retour à la case départ !


À peine ai-je cette idée en tête que, sans même m’en rendre compte, sans aucun effet de morphing, comme sortis du chapeau, bah je m’aperçois qu’ils sont là.


Mieux, il n’en manque pas un…


Pire, ils se sont largement multipliés !

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