Et si je vous racontais mon histoire ?                                                  Confession d'un demi-dieu

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Il fait beau aujourdhui, n'est-ce pas ? J'aime l'été, les ballades sous les pins dans l'air iodé qui vous décoiffe les cheveux...Et je déteste l'été, les vacances, les missions 'pour sauver le monde' où tu risques de mourir tous les trois pas soit dévoré par un monstre soit poignardé dans le dos par un 'ami'. Je divague. Ce n'est pas ce que vous voulez entendre n'est-ce pas ? Vous préférez les histoires de héros désintéressés qui sacrifieraient tout pour cette bonne vieille Gaiia.

Je… Quoi ? Me présenter, dites-vous ? Quel intérêt ? Enfin, si vous insistez, j'obtempère gracieusement.

J'ai reçu à ma naissance un prénom source de bien des malheurs : Lucifer. Oui, oui, le démon, c'est bien cela. Effacez moi ces sourires moqueurs de vos visages, pauvres humains pathétiques. Je suis tout à fait sérieux, avez-vous déjà eu la curiosité d'investiguer sur son étymologie ? Non ? Qu'attendais-je donc d'une assemblée aussi ignare… Soyez donc un peu plus attentifs en classe ! Conseil d'aîné.

Peu importe, je vais me faire un plaisir d'éclairer votre lanterne. La racine latine est lux : lumière et ferrare : porter. J'ai donc été baptisé "porteur de lumière". Ironique, n'est-ce pas ? Figurez-vous que la lumière n'est pas toujours un bon présage ... Elle éclaire le bien comme le mal.

Bref, que les Parques me soient favorables, c'est ainsi que mes parents décidèrent de m'enregistrer à la mairie. lIs s'imaginaient innocemment que m'affubler de ridicule me porterait chance.

Je suis né favorablement, béni par Castor et Pollux. Les jumeaux divins ont éclairé mon apparition dans ce monde de fous. Dont je fais partie, semblent me dire vos visages effarés. Non, je suis parfaitement sain d'esprit. Une preuve de plus, ajouterez-vous en me regardant avec vos yeux méprisants et haineux.

Laissez-moi rire. Qui n'est pas fou, ici-bas ? Seulement, certains le sont plus — ou beaucoup plus — que les autres.

J'ai péniblement réussi à atteindre l'âge de 18 ans. Eh oui, difficilement, dis-je, car nombreux sont ceux qui veulent ma… Oubliez ce que je viens de vous dire, ou je risque de rencontrer un tronc sur ma route, en rentrant à moto. Je vous aime quand même les gars !

Cessez de rire immédiatement, je ne plaisante pas. Cela m'est déjà arrivé. Que les Lares me protègent, s'ils peuvent seulement.

Je disais donc que mes déboires débutent le jour de ma rentrée au lycée? J'avais 14 ans. Pourquoi cet âge-là ? Parce que c'est l'âge où votre esprit et votre corps sont enfin adultes, bla bla bla. Bien sûr, dans la Rome antique, je veux bien vous croire, mais aujourd'hui ? C'est plutôt l'époque où on sort avec ses amis, où on embrasse sa première copine, ou bien où on se casse la gueule en skate.

Cette année-là, j’ai appris trois choses incroyables :

  1. Des monstres me traquaient dans les coins les plus banals de la ville.
  2. J’avais un talent inné pour le tir à l’arc, comme si je m’étais entraîné toute ma vie. - c'est stylé, n'empêche -.
  3. Et surtout, j’étais le fils d’un dieu. Pas n’importe lequel, non. Apollon, le dieu des prophéties, de la médecine et de la poésie. Charmant, n’est-ce pas ?

Sauf que mon père est un éternel ado invivable, pas plus mature que ses enfants. qui passe son temps à écrire des poèmes et à embêter le monde en séduisant de jolies filles. Imaginez un dieu, obsédé par les rimes médiocres et les conquêtes amoureuses, qui passe son temps à séduire des mortelles et à écrire des poèmes douteux. Dédicace, p'pa !

Donc oui, j'étais ravi de l'apprendre. En me faisant agresser par un arbre, qui plus est. J'ai parlé de mes parents, plus tôt. Adoptifs. Eh oui, sortir avec Apollon n'est pas une promenade de santé, si vous voyez ce que je veux dire. Ma mère disparut peu après ma naissance et je devins le fils unique de simples humains, dont je tairai le nom.

Elle avait laissé une note indiquant mon âge et mon nom, ainsi qu'un pendentif en forme d'archer, avant de disparaître. Ciao ! Bon courage pour survivre, mon fils. Si je lui en veux ? J'aurais dit oui, jusqu'à il y a peu. Mais, pour avoir rencontré mon père et sa famille, j'aurais fait la même chose si j'avais pu. Décidément tout le monde voulait que je sois 'Lucifer'...

Détends-toi papa. Avoue que c'est quand même un peu osé d'attenter à ma vie, avant de m'envoyer sauver le monde à ta place... Pas le choix, pas le choix, c'est ce qu'on dit.

Bon, après, c'est vrai que j'ai pu me faire des amis et rencontrer ma petite amie. MAIS cela ne change en rien le fait qu'on ne fait pas ça à ses enfants... Non, non, non, ne me contredis pas.

Bon, où en étais-je ? Je…

Dois m'arrêter là. Cynthia vient de m'appeler. Et vous savez ce que c'est : si je n'y vais pas, couic. Je suis bon pour me faire tabasser. Adieu. À la prochaine. Et ne prenez pas trop à cœur ce que je vous ai dit, vous risqueriez de vous disjoncter le cerveau.

Adios !

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