Un tournant inattendu

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Salut, guys !

On m'a demandé de revenir. Il paraît que vous avez apprécié notre précédente rencontre. Je vous fais une fleur, soyez-en conscients. Ce n'est pas tous les jours que je consens à jouer les conteurs pour satisfaire votre curiosité morbide.

Oui, oui, ce ne sont que des mots pour vous. Des lettres creuses qui prennent un semblant d’intérêt parce qu’elles vous distraient de vos préoccupations quotidiennes. Mais pour moi, chers lecteurs, ces mots sont une affaire de survie. Que Diable ! … Ah, pardon, Hadès. Ce n’est pas contre toi. Encore un juron de trop. Sérieusement, vous êtes une mauvaise influence. Cher public, vous arrive-t-il de penser à votre humble narrateur ? Non ? Au moins, l’hypocrisie ne fait pas partie de vos défauts.

Mais assez de procrastination. Vous n’êtes pas là pour m’entendre divaguer sur mes malheurs. Passons aux choses sérieuses.

Je ne sais pas vraiment où je suis né. Mes parents adoptifs m’ont trouvé un jour sur le siège de leur voiture. Oui, vous avez bien entendu. Je devais avoir quatre mois, emmitouflé dans une couverture et doté d’un cri perçant capable de briser les vitres. Vous imaginez la scène ? Une banale sortie pour faire les courses, vous tournez le dos cinq minutes pour ranger le coffre, et paf, un bébé débarque dans votre vie. Surprise !

Apparemment, je n’étais pas un cadeau de Noël anticipé, mais bien un poids tombé du ciel. Pas des plus calmes, qui plus est. J’ai grandi avec cette anecdote qu’ils racontaient à tous les dîners de famille. "Lucifer est arrivé comme ça, pouf, sur le siège. Comme quoi, la vie est pleine de surprises." Hilarant, vraiment.

Quand j’eus quatre ans, nous avons déménagé en Floride, à Miami. Je ne me souviens pas d’où nous venions auparavant. Peut-être que mes parents adoptifs voulaient fuir quelque chose. Ou quelqu’un. Qui sait ?

Contrairement à la majorité des demi-dieux que je connais aujourd’hui, j’ai eu une enfance… normale. Enfin, relativement. Pas de monstres sous le lit, pas d’attaques de créatures mythologiques à la récré. Une scolarité plutôt banale : primaire, collège, lycée . Rien qui ne sorte de l’ordinaire.

Enfin, ça, c’est ce que je pensais. Parce que tout a changé un jour particulier. Vous voulez savoir ce qui s’est passé, n’est-ce pas ? Très bien, je vais vous raconter.

C’est simple. J’ai rencontré Cynthia. Et elle m’a éventré.

Dis comme ça, je me doute que ce n'est pas très glamour. Mais c'est la vérité. Je crush sur une fille belle comme une déesse, et deux secondes plus tard, je m’effondre sur mes entrailles sous son regard indifférent. Le matin, je me lève comme un lycéen normal, et le soir, je découvre — bien malgré moi — ce que signifie "mourir douloureusement".

Lundi 5 septembre : ce devait être un jour banal : ma rentrée à Golden Palms High School, sous un soleil rayonnant. Désormais, cette date est gravée dans ma mémoire comme ma première rencontre avec la mort.

Le pire ? C’est la vue que j’ai eue juste avant de tomber à genoux sur le bitume : des yeux d’acier glacé, capables de transpercer l’âme ; des cheveux courts, d’un bleu nuit froid ; un bandeau militaire qui ajoutait à son aura implacable, et des boots renforcées qui semblaient taillées pour piétiner n’importe quel obstacle – ou n’importe qui.

L’abdomen en feu, tandis que sa lame préférée s’enfonce joyeusement à quelques centimètres au-dessus de mon entrejambe, j’hésite un millième de seconde. Dois-je l’admirer ?

Mon corps ne me laisse pas le temps de réfléchir. Instinctivement, mes mains appuient sur mon ventre, dans une tentative désespérée d’arrêter l’hémorragie. Un cri rauque m’échappe, brisé, tandis que ma bouche s’emplit d’un goût métallique.

Dans un brouillard sombre, je la vois s’approcher. Une expression contrariée, presque agacée, déforme son visage parfait. Elle me pousse du bout du pied, comme on vérifierait si un objet cassé vaut encore la peine d’être ramassé.

Juste avant que l’obscurité ne m’engloutisse, sa voix grave et tranchante fend l’air :

  • Merde, c’est pas un monstre.

Les derniers éclats de lucidité me frappent comme un marteau. Pas un monstre ?! Sérieusement, elle aurait pu vérifier avant de me planter ! Une partie rationnelle de mon esprit voudrait lui hurler cela. Mais l’autre, celle qui sombre déjà dans l’irrationnel, ne peut s’empêcher de s’extasier sur ce timbre. Si froid. Si parfait. Si... elle.

Le plus étrange, c'est que je pensais que la douleur s'efface avec l'évanouissement. Et bah non ! Je ne sais pas si c'est dû à ma condition spéciale, mais, tandis que mon esprit lâchait prise et que je voyais des étincelles, le feu dans mes entrailles s'est propagé dans tous mes membres. J'avais froid, j'avais mal. C'est tout ce dont je me souviens : des sensations.

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