Table rase
- Haaaa, mon ancien Second préféré s'est quand même livré à quelques confidences.
Bow profitait d'un silence, provoqué par l'intervention de Cléo, pour accaparer de nouveau l'attention.
- Oui c'était mon Second, mon Lieutenant même : le Lieutenant Larry "Cloak" Swan !
L'intéressé ne savait plus où se mettre ni comment réagir. Bow précisa.
- Le "Cloak" c'est pour son côté furtif. Il était notre éclaireur, indétectable. A l'époque on avait tous un indicatif comme ça. Moi c'était "Bow", ça m'est resté d'ailleurs
Erin allait lui demander quel était son vrai nom. Bow l'arrêta d'un geste.
- On devait rester discrets. Et s'il fallait s'identifier auprès d'un civil on utilisait toujours Alan. Je sais plus pourquoi, c'était une vanne à l'origine. Tu te souviens ?
Au vu de son regard, celui que tous connaissaient désormais sous le nom de, Larry se souvenait très bien. Mais la révélation de cette identité le laissait sans voix.
- Bref, encore une connerie imaginée par Axell.
Cette fois Erin s'imposa.
- Vous parlez de "civils", vous êtes des militaires ?
- A l'époque on était quelque chose comme ça ouais.
- Des Briscards ?
Larry releva les yeux. Vic tendit l'oreille. Bow grimaça.
- Disons qu'on ne fait plus trop dans le service actif. Mais on a encore de la ressource hein, pour répondre à votre question de tout à l'heure, oui on a des renforts qu'on peut appeler. Il va falloir nous prêter votre radio.
Les dernières phrases avaient eu pour effet de sortir Larry de sa torpeur.
- Bow, je comprends pas, il s'est passé quoi ? Vous êtes devenus quoi ?
- Est-ce qu'on a vraiment le temps maintenant ? Disons qu'on n'est plus ceux que t'as attendu bêtement pendant 7 ans. Désolé vieux, c'est pas toi c'est nous.
Le leader des mercenaires semblait prendre plaisir à faire dégringoler plus bas que terre son ancien second. Erin ne comprenait pas cette attitude, les piques de Bow l'avaient fait sourire au début mais ça devenait gênant. Alan, non, Larry encaissait sans chercher à répliquer ou se défendre. Pourquoi être revenus le chercher après tant d'années pour le martyriser comme ça, était-ce seulement le contrecoup de la mort de l'autre gars dans le vaisseau ?
La médecin saisit une perche tendue par Bow pour dévier la conversation, quitte à laisser Larry dans l'expectative quant au retour de ses anciens camarades de régiment.
- Non, on n'a pas le temps maintenant. Vos renforts il vous faut quoi pour les appeler ?
- Wandar.
Il fallut quelques instants à Erin pour s'assurer qu'elle comprenait bien : Wandar était le type mort dans le crash. Bow précisa comme si de rien n'était.
- C'était notre spécialiste en communications. Et je pense qu'il nous faut la radio du vaisseau aussi.
- On ne peut pas retourner au vaisseau, il doit être au fond du marais maintenant.
- Je sais bien Doc, à vous de nous trouver une autre solution.
Erin marqua un temps d'arrêt. Le type avait inversé le rapport de force et semblait avoir pris pour acquis qu'elle allait l'aider. Elle en avait bien l'intention mais ne se rendait pas compte qu'elle l'avait fait transparaitre aussi clairement. Il fallait que ce soit donnant-donnant. Elle regarda Cléo, Bow sentit son hésitation.
- Sauf si vous préférez soutenir l'assaut de la clinique demain matin ? Ou même nous livrer aux bouseux après tout, qu'est-ce qui vous retient de faire ça ?
- Ils nous tueront en même temps que vous.
- Alors ? On fait quoi ?
- En ville, au syndicat, il y a une radio, mais elle est inaccessible.
Le regard de Bow manifestait son attente de précisions. Erin haussa les épaules en signe d'évidence.
- C'est le syndicat, le QG des types qui sont venus tout à l'heure. C'est surveillé, et occupé en permanence.
- Okay, leur radio elle leur sert à appeler qui ?
- Il y a les fermes, les anciennes fermes derrière les dunes, sur la lande. Vous avez dû les survoler.
- Vic ? T'as vu ça en arrivant ?
Le pilote se redressa de nouveau, cette fois la médecin ne le força pas à se rallonger.
- Ouais, des corps de bâtiments sur la plaine au Nord.
- Quelle distance ?
Erin coupa l'échange entre les deux mercenaires.
- C'est trop loin. On ne peut pas aller là-bas à pieds en pleine nuit.
- Les ... "bouniasses" c'est ça ?
- Oui elles sortent du marais et grouillent jusque sur la lande.
- Alors on peut passer par le marais, si elles n'y sont plus ?
- Ça ne sert à rien, les fermes sont trop ...
Au milieu de sa phrase, Erin envisagea une nouvelle piste.
- Au Grand Trak, il y a une radio.
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