Chapitre 2 - Partie 4

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Au croisement entre humains et animaux se trouvaient les anthroï. Espèce entièrement créée par le dieu Koïros, lui-même mi-humain mi-animal, ses membres étaient, au départ, des animaux dotés d’une intelligence supérieure. Avec le temps, ils s’étaient développés et avaient évolué au point de maîtriser le langage et de devenir bipèdes. Ce fut à partir de cette évolution que leur dieu leur donna leur nom : anthroï. Longtemps persécutés et chassés par les humains — qui les craignaient — ils avaient réussi, au terme de guerres, génocides et négociations, à obtenir leur indépendance. Un territoire entier leur avait été attribué, Anthrasmas, devenu le dixième royaume du Deyrna. Avec le temps, certains avaient commencé à migrer, à l’instar des autres espèces, et à s’installer de manière sédentaire dans les autres royaumes, les peuplant ainsi de leur descendance.

L’avantage d’Anthrasmas par rapport aux autres royaumes dans lesquels les anthroï pouvaient résider, était qu’aucun humain n’était capable d’y survivre bien longtemps. Ses vents extrêmes au nord du pays, ses terres arides à l’ouest et son manque d’édifices bâtis selon le modèle humain le rendaient à part et presque inhabitable pour toute créature sans particularité génétique.

C’était sans doute ce que l’anthros Félide appréciait le plus chez Anthrasmas. Reptile anthropomorphe, il avait l’extérieur de la peau recouvert d’écailles vert foncé et l’intérieur d’une couleur à mi-chemin entre le jaune et le beige. Meneur du groupe d’insoumis refusant de trouver des compromis avec les humains et leur mode de vie ou même d’échanger avec eux, il avait été condamné par Gregoria le Juste et ses anthroï à vivre à l’ouest du pays, où la terre était la moins fertile. Ses camarades et lui avaient colonisé l’endroit autant que faire se put et y avaient bâti un village misérable et hétéroclite ; tantôt des masures en pierre ou en brique, tantôt des cabanes en bois.

La plus grande maisonnette, construite en pierre, était assurément celle du chef, se dit la femme en approchant lentement. Encapuchonnée dans sa longue cape noire pour se protéger du soleil intense et du sable balayé par le vent, elle marchait d’un pas résolu vers la maison. Indifférente aux sourcils froncés, elle progressa sans même regarder les villageois. De part et d’autre de l’entrée, deux anthroï-loups au pelage gris terne lui barrèrent le chemin en croisant leurs lances d’acier. L’un grogna, révélant des canines acérées et laissant échapper des filets de salive ; l’autre la toisa. Elle ôta son capuchon et s’exclama :

— Je viens en paix, camarades. Inutile de sortir les crocs.

L’anthros à sa gauche grogna de plus belle, salivant volontairement au pied de sa cape. Elle ignora la tentative d’intimidation et poursuivit d’une voix forte :

— Je demande à parler à votre chef. Félide.

— Que lui veux-tu, humaine ? demanda l’autre anthros d’un ton menaçant.

— Sorcière, corrigea-t-elle en souriant.

Avant que l’un d’eux n’eût le temps de répondre, Félide surgit et fit quelques pas devant l’encadrement de son entrée sans porte, nu comme un ver en signe de protestation contre la domination du modèle humain. À son tour, il toisa la femme à la peau foncée.

— Qui es-tu ? demanda-t-il soudain d’un ton brusque.

Elle inclina respectueusement la tête avant de se présenter.

— Næryha, mon seigneur. J’ai parcouru le Deyrna depuis le Royaume Magique afin de vous proposer un accord…

— Je ne marchande pas avec les humains ! l'interrompit-il en postillonnant.

— Voilà qui arrange nos affaires, dans ce cas, car je ne suis point humaine. Je suis une sorcière.

Les anthroï autour d'eux s'arrêtèrent dans leurs tâches pour écouter attentivement. Elle devina que tous se posaient la même question et inclina de nouveau la tête avant de se mettre à agiter les doigts dans une chorégraphie précise, tout en récitant une incantation dans une langue inconnue. Le ciel se couvrit d’un épais nuage sombre qui masqua momentanément la lumière du jour et les plongea dans une nuit artificielle. Certains levèrent les yeux, l’air ébahi, d’autres la regardèrent d’un air effrayé. La sorcière agita les doigts une nouvelle fois et le nuage se dissipa aussi vite qu’il était apparu.

— Quel est cet accord que tu proposes ? demanda Félide à présent intrigué, le ton toujours aussi brusque.

Næryha lui sourit et répondit d’une voix suffisamment forte pour que tout le village, qui s’était rapproché, l’entendît clairement.

— Voyez-vous, je sais tout de votre exil forcé aux frontières de votre propre royaume par celui que les humains ont nommé "le Juste". Ses anthroï et lui vivent confortablement perchés au sommet de la montagne sud, où l’eau coule avec abondance et la terre est fertile. Le Juste vous force ainsi non pas à vivre, mais à survivre. Vous, dont Anthrasmas est le foyer au même titre que lui. Vous, ses frères et sœurs anthroï. Vous qui avez souffert de persécutions et de guerres pendant des siècles. Vous qui avez été créés par un dieu tout comme les autres espèces. Vous qui êtes aussi légitimes à peupler le Deyrna que les humains. Ces humains avec qui Gregoria a marchandé pour vous écraser. Ces humains du Nord, incapables de survivre bien longtemps à Anthrasmas et son climat ciblé, mais assez arrogants pour oser décréter où ses habitants légitimes devraient être confinés. Ces humains, sournois au point de forcer votre espèce à se diviser. Ils ont intrigué et corrompu et obtenu de Gregoria qu'il vous renie. Il est aussi abjecte qu'eux. Si faible, méprisable et égoïste qu'il vous a échangés contre de l'or et du confort. Si honteux de sa propre nature qu'il vous a rejetés pour s'attirer les faveurs des humains à qui il cherche tant à ressembler. Mais vous n'êtes pas moins coupables que lui. Vous l'avez laissé agir.

Il y eut des exclamations de protestations virulentes à cette dernière phrase.

— J'en conviens, Gregoria a bénéficié du soutien des humains indignes, reprit Næryha en élevant la voix pour couvrir les contestations. Le combat remporté par le Juste n'était pas équitable. Je vous propose de redresser ce tort. Je veux vous aider à reconquérir votre terre et à la débarrasser à tout jamais des traîtres à leur espèce. Comment, me demanderez-vous ? Grâce à la foi.

L’attention du village était devenue imperturbable. Aucun ne la quittait des yeux et tous la suivirent du regard lorsqu'elle se mit à déambuler parmi eux, tout en poursuivant.

— Gregoria n'est pas le seul fautif de votre exil. Quelqu'un d'autre s'est désintéressé et vous a délaissés. Koïros. Votre dieu vous a abandonnés. Il a choisi de favoriser la majorité soumise et a oublié qu’il vous avait créés à son image : fiers et féroces. C’est pourquoi je vous propose d'en prier un autre. Un dieu rejeté et exilé par ses frères et sœurs tout comme vous l’avez été par Gregoria l'Injuste. Un dieu qui se chargera de vous aider à vous venger de tous les affronts subis par la trahison combinée des humains, Gregoria et Koïros.

— Pourquoi nous aiderait-il ? Et pourquoi le représentez-vous ? l'interpella une anthros-ours à quelques mètres d’elle.

La sorcière tourna la tête dans sa direction et l’approcha à pas feutrés.

— Il se trouve que j'ai une affaire personnelle à régler avec ce dieu qu’il me plairait de revoir parmi nous tous. Mais bien qu'étant une sorcière, ma prière seule ne suffit pas à le gracier de son exil. Je sais comme il se montrera ô combien reconnaissant à tous ceux qui l'auront prié quotidiennement et permis de lui faire retrouver le chemin du Deyrna.

— Tout ce que nous avons à faire c’est prier votre dieu ? demanda l’un des anthroï-loups qui gardaient l’entrée de la maison de Félide.

— La foi est une force mystique, lui répondit la sorcière en se tournant vers lui. Je réunis dans l’ensemble du Deyrna des êtres injustement traités par leurs pairs et désireux de revanche.

— Et ensuite ? demanda Félide qui semblait se laisser convaincre.

— Ensuite, il faudra nous rendre au Royaume Glacé et reconquérir un territoire qui vous revient également, si la reine Krystal refuse de se joindre à notre cause.

— La reine Krystal ?

— En effet. Elle gouverne un royaume nordique aux côtés des humains tandis que son peuple se terre ici, dans le seul territoire d’anthroï libres et indépendants. Enfin, pas tout à fait. Qu’en dites-vous, meneur Félide ? Êtes-vous prêt à reconquérir votre royaume et à devenir roi ?

Næryha le dévisageait sans ciller, consciente que le village l'imitait. Félide observa ses anthroï en retour. Les mots de la sorcière résonnaient encore en lui qui ne doutait pas qu'ils trouvaient également écho en eux. Son air soucieux se transforma peu à peu en un air féroce tandis qu'il leur demanda s'ils étaient prêts à reprendre ce qui leur revenait de droit. Quelques-uns acquiescèrent, d'autres poussèrent des exclamations approbatrices. D'une voix tonitruante, il leur demanda s'ils étaient prêts à obtenir réparation pour la triple trahison. Des poings en l'air et des applaudissements s'ajoutèrent aux acclamations enthousiastes. Son cri de ralliement, "Prions le dieu Perdu", fut accueilli avec une franche ferveur. Une ferveur qui confirma à Næryha qu'elle avait réussi à rallier les anthroï à sa cause.

Gabrielle avait tout prévu : en fin de matinée, elle prendrait une calèche qui l’emmènerait à la frontière de la région de l’Arma où un chariot de pommes de terre dont le cocher avait été payé à l’avance l’attendrait. Ils rouleraient à vive allure pour que le lendemain soir, ils atteignissent la petite ville qui entourait le palais d’Ellyos, où la princesse Aurora devait les attendre. Ensuite, ils suivraient les routes sûres, mais pas principales, pour se rendre à Primeli en toute discrétion.

Après avoir longé la côté est d’Ellyos, l’ouest d’Anthrasmas et contourné Vesta, le chariot arriva enfin, un mois plus tard, au premier royaume du Deyrna, par une fin d’après-midi. Il roula sous une grande arche en bois sur laquelle on pouvait lire la devise du royaume : « Filiem dan patraem czonvaertase patrem dan filiem », gravée en grosses lettres rouges.

Ce fut à cet endroit-là, près de la place où les chariots de commerçants s’arrêtaient pour le déchargement de marchandise, que Gabrielle et Aurora prirent congé. Leurs grands sacs de voyage en cuir à la main, elles traversèrent la Grand-Place le nez en l’air à la recherche d’une auberge où séjourner.

Elles furent d’abord surprises par tant de diversité d’espèces, qui semblait chose commune par ici. Si elles avaient déjà eu l’occasion d’en voir ou d’en entendre parler, jamais elles n’avaient vu d’aussi près et en aussi grand nombre autant d’anthroï, d’anges et de mages réunis dans un même lieu. Facilement reconnaissables à leurs caractéristiques physiques, leurs ailes ou leurs longues capes et leurs airs mystérieux, ils déambulaient tranquillement parmi les humains et faisaient, à leur instar, commerce sur la place dont une partie était occupée par un marché.

D’un œil intéressé, Gabrielle et Aurora observèrent les cochers recevoir de l’or en échange de leur transport de fruits et légumes en provenance d’autres royaumes et prendre connaissance de leur nouvelle mission, les mages derrière leurs stands vendre des potions aux effets en tout genre ou encore des commerçants vendre les mérites de tissus venus d’Oneira.

— C’est bien la première fois que j’ai l’occasion d’assister à un marché qui se tiendrait en fin de journée, s’émerveilla la princesse d’Acriona.

Elle jeta un coup d’œil à son amie qui ne semblait pas partager son ravissement. Cette dernière, frottant ses bras nus pour les réchauffer, l’exhorta à trouver un endroit où s’abriter au plus vite.

— Le temps est bien incommodant, dans le Nord ! s’exclama-t-elle, parcourue d’un frisson.

Gabrielle, pour qui la température n’était guère bien différente de celle à laquelle elle était habituée, se contenta de hausser les épaules et d’acquiescer.

Remontant lentement le passage pavé qui menait vers l’intérieur du royaume, les deux femmes se frayèrent un chemin parmi la foule. Une quinzaine de minutes plus tard, elles franchirent le seuil d’une taverne avec des chambres à disposition. Sa clientèle fort avinée leur fit rebrousser chemin presque aussitôt. Continuant leur ascension, elles ressortirent bientôt de pas moins de quatre auberges, toutes plus miteuses les unes que les autres. Se lamentant à haute voix et en pleine rue qu’elle avait faim et froid, Aurora attira l’attention d’un homme qui leur proposa de les guider vers un établissement respectable, non loin de là. Acceptant la généreuse offre, elles le suivirent immédiatement, ravies que la déesse du premier royaume eût entendu leur prière.

— Vous êtes certain qu’il s’agit bien là du chemin à emprunter ? demanda Gabrielle, méfiante, lorsque l’homme les mena à une petite ruelle adjacente.

— Faites-moi confiance, ma p’tite dame, je sais c’que j’fais !

Procédant toujours, mais avec plus de distance, elles le suivirent dans la ruelle et tournèrent à l’angle du mur à sa suite. Prise par surprise, Gabrielle se retrouva subitement plaquée contre le mur en briques. L’homme leur avait tendu un piège grossier. Il avait à la main un poignard dont il appuya le manche sur son cou pour la maintenir immobile et la dissuader de faire le moindre geste téméraire. Aurora les rattrapa quelques secondes plus tard et lâcha aussitôt ses bagages pour aller chercher de l’aide. Ils l’entendirent crier de toutes ses forces, mais Gabrielle savait déjà que cela était vain : l’homme avait glissé une main sous sa robe en mousseline et la remontait lentement le long de sa cuisse. Elle ne put empêcher les larmes de lui monter aux yeux, sachant pertinemment quel triste sort l’attendait. L’homme lui fit un sourire torve, ouvrant largement sa bouche édentée et autorisant sa langue à lui lécher le cou puis à remonter dangereusement vers ses lèvres.

— Comme t’es mignonne, ma jolie ! Des p’tites comtesses perdues au marché, ça va être ma fête !

Gabrielle préféra fermer les yeux plutôt que le voir sourire comme un dément, tandis qu’il glissait la main dans son entre-jambe et la caressait, tout en la maintenant toujours fermement plaquée contre le mur. Sanglotant franchement, à présent, elle implora les dieux pour qu’il en finît le plus rapidement possible et l’abandonnât là sans la tuer. Et cependant qu’elle le sentait défaire son pantalon, il se décolla brusquement d’elle et lâcha son arme. Il poussa un cri en tombant manifestement à terre et se cogna la tête contre un objet métallique. Elle se risqua à rouvrir les yeux. L’homme était bel et bien tombé au sol, mais pas sans une aide extérieure. Aurora était revenue accompagnée d’un jeune homme brun, un poignard dans chaque main. C’était lui qui l’avait débarrassée de son agresseur qu’il avait gratifié d’une entaille au visage. Ce dernier, se tenant la joue ensanglantée dans les mains, cracha au sol en lui lançant un regard noir avant de prendre la fuite.

— Il ne reviendra pas de sitôt, s’exclama l’homme aux poignards en les rangeant à sa ceinture.

Il se retourna et tendit une main à Gabrielle, effondrée à terre. Les deux mains collées contre la bouche, elle sanglota le plus silencieusement et le plus dignement possible et refusa de le toucher. Aurora s’approcha précautionneusement et la prit dans ses bras, lui murmurant des mots qu’il ne put entendre.

— Vous devriez quitter cette région au plus vite et vous rendre au nord, près du Château, vos altesses. Là-bas, vous y trouverez des auberges plus dignes de votre condition, dit-il en s’approchant des bagages qu’Aurora avait laissé tomber, à quelques mètres de là.

Il les lui tendit. Sa propriétaire s’en saisit et le remercia de leur être venu en aide.

— Comment savez-vous que… ? commença-t-elle d’une voix faible.

— À vos airs, c’est évident ! la coupa-t-il froidement. Je ne sais pas ce que vous faites ici sans escorte, mais vous ne devriez pas y rester. Surtout maintenant que la nuit est tombée.

Après avoir surmonté son choc, plusieurs grandes inspirations, et subrepticement séché ses larmes, Gabrielle se releva en murmurant un mot de remerciement sans croiser son regard.

— Des hommes comme celui-là, il y en a des dizaines, par ici. Ils travaillent énormément et ne voient pas passer beaucoup de femmes dans votre genre.

Aurora se précipita sur sa bourse dans son sac et entreprit de le récompenser pour sa bravoure, mais il déclina.

— Je n’ai pas besoin de ça, refusa-t-il sèchement. Si vous êtes trop effrayées, je peux vous mener à une auberge où vous pourrez passer la nuit. Ensuite, il vous faudra prendre une diligence dès le matin et demander à vous rendre dans le village royal.

Comme Gabrielle refusait toujours de le regarder et Aurora hésitait, il ajouta :

— Vous serez plus en sécurité dans un lieu bondé de témoins que seules dans une ruelle sombre et déserte.

La première hocha lentement la tête et accepta de le suivre. Elle ramassa son sac à ses pieds et leur emboîta le pas, à Aurora et à lui.

Il portait un court gilet sans manche par-dessus une large chemise beige, un pantalon en flanelle et des bottes en cuir marron, le cou enveloppé dans un châle gris dont il ne semblait pas prendre grand soin, à en juger par les déchirures et les trous qu’il comportait çà et là.

— Pardonnez ma curiosité, mais qui êtes-vous, noble étranger ? demanda Aurora en accélérant le pas pour marcher à sa hauteur.

— Je m’appelle Seth, votre altesse. Et vous devriez prévenir vos gens que vous êtes ici, répondit-il sans lui accorder un regard.

— Nos gens ? répéta-t-elle.

— Il est clair que vous n’êtes pas d’ici. Vous frissonnez alors que nous sommes bientôt en été, et votre amie à la peau encore plus chaude que la vôtre, ajouta-t-il en anticipant sa question suivante.

En silence, Gabrielle et Aurora suivirent le dénommé Seth jusqu’à l’une des tavernes qu’elles avaient snobées, le remerciant dans leur tête de leur servir de guide dans ce pays plus hostile que la rumeur ne le laissait savoir.

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