15- Un Pouvoir précoce
- Vous avez perdu ma chère.
La voix d'Odon s'éleva dans l'atmosphère pesante de la pièce.
En me retournant je le vit.
Le trident de Poséidon.
Il brillait de mille feux constitué d'or et de trois dents tranchantes pointées vers moi.
Odon baissa son trident d'un air amusé avant de le faire disparaître ne laissant qu'une fine fumée d'or.
- Je reconnais que vous nagez vite. Quelques secondes de plus auraient été fatales.
Je lui souris en laissant tomber à terre la pierre et l'algue.
- Pour une sirène n'aimant pas se battre vous êtes doué.
Odon grimaça en entendant cette remarque.
- Nous nous sommes seulement poursuivis, il n'y a pas eu d'affrontement.
J'hocha silencieusement la tête. C'est vrai nous étions loin d'un vrai combat.
Je suivis Odon vers l'arène d'entraînement rejoindre les autres.
************************************************************************************
- Jeunes gens répartissaient vous en trois groupes. Le premier ira avec le professeur Nérée un autre groupe avec le professeur Phorcys et le dernier avec moi. Bien sur durant les première séances vous alternerez de professeur afin de trouver celui qui vous conviendra le mieux selon vos capacités. Allez-y.
Aussitôt les élèves commencèrent à se regrouper près des professeurs pour former les groupes.
Je regarda Odon l'interrogeant du regard.
Il sourit d'un air espiègle avant de passer un bras autour de mes épaules pour me diriger vers Apollon et d'autres sirènes qui avaient pris un professeur au hasard. Le professeur Phorcys, celui que j'ai percutais. Je me sentis mal à l'aise quand son regard transperça le mien. Ses yeux me rappelaient quelque chose mais quoi?
- Ma chère vous semblez ailleurs.
Je repris mes esprits et me rendant compte que mon cher fiançais tenait toujours mes épaules je lui attrapa le faisant basculer par dessus mon dos malgré la force de l'eau le faisant rouler sur lui même un peu sonné.
Apollon ouvrit de grand yeux bouche bée avant d'éclater de rire.
Je le fusilla du regard les bras croisés. Il savait pourtant que je n'aimais pas les contacts physique de ce genre.
Il éclata de rire à son tour avant de me dire avec un clin d'oeil:
- Petite Oriana ne soyez pas si brutale, après tout nous ne sommes pas des inconnus.
Je leva les yeux aux ciel avant de lui donner une tape derrière la tête.
Le professeur Phorcys prit la parole.
- Bien. Bonjour à tous comme vous avez pu l'entendre je suis le professeur Phorcys, chargé de votre préparation physique et mental avant votre transition. Je vous rappelle tous que nous arrivons très bientôt à la cérémonie traditionnelle présidée par notre Poséidon. C'est à cette date que le don de votre espèce se déclenchera dans votre corps et dans votre coeur. C'est une transition très brutale et épuisante qui demande un minimum de préparation. Sans celle çi votre corps ne la supportera pas.
Il fît une pause dans son monologue nous regardant tous scrupuleusement. Son regard passa de nouveau sur moi ce qui me fit frissonner.
- Je compte sur vous pour prendre au sérieux cette préparation. Plus vous vous entraînerez moins vous souffrirez.
Nous nous regardâmes tout les trois. Les paroles du professeur n'étaient pas les plus rassurantes du monde.
Par la suite nous commençâmes à faire des exercices de gymnastiques. Des exercices de nages à grande vitesse, des lancées de pierres et de lances, des techniques de combat à main nu et avec des armes.
Mon adversaire fût bien entendu Odon qui malgré son aversion pour les combats étaient un remarquable guerriers capable de soulever des pierres plus lourdes que les autres, d'envoyer plus loin ses lances et de nager plus vite.
Nous étions face à face lui avec son trident moi avec ma pierre et une algue. Le professeur au milieu nous arbitrant. Dès son signal je nagea le plus vite possible vers Odon pour lui donner un coup au visage. Il l'esquiva sans grande difficulté et donna un coup avec sa nageoire de sirène dans mes jambes pour me déséquilibrer. Je me repris très vite et étant très proche de lui lança avec l'algue la pierre au visage. Il se décala de justesse laissant une légère entaille sur sa joue. La vue de cette plaie même légère retient mon attention me déconcentra pendant quelques millième de seconde. Odon en profita pour me donner un coup au ventre avec le dos de son trident me coupant la respiration et m'envoyant quelque mètres plus loin. Le temps de reprendre mon souffle et mes esprits Odon m'avait déjà plaqué à terre son trident au niveau de la gorge. Je voulu lui donner un coup de pied pour me dégager mais il m'immobilisait toujours fermement. Le professeur Phorcys sourit et leva le bras du côté de Odon. Il avait remporté la victoire.
Dès lors Odon fît disparaître son trident et me donna sa main pour m'aider à me relever le visage crispé et en colère. Il mit ses mains de part et d'autres de mes épaules les yeux remplit d'inquiétude observant si j'avais mal quelque part.
Il me souffla d'une voix légèrement tremblante.
- Je suis désolé Oriana. Je t'ai fais mal. Je déteste me battre car je peux blesser les autres. Ne m'en veux pas d'accord?
Je tapota ma main sur sa joue en souriant doucement pour lui montrer que je ne lui en veux absolument pas. Rassuré il s'écarta de moi laissant le professeur venir vers nous.
Il nous regarda à tour de rôle de manière très étrange, on aurait dis qu'il était ému.
- Prince héritier vos capacités physiques et vos réflexes sont excellents. Néanmoins vous êtes une sirène sensible. Vous devez vous endurcir avant d'accéder à vos fonctions de roi. Nous travaillerons votre mental pour les séances à venir.
Odon remercia en baissant la tête face à notre professeur. C'étais une marque de respect mutuel entre un prince et son professeur.
Il tourna alors sa tête vers moi.
- Jeune elfe. Comme la dernière fois vous êtes facilement distraite. Sur un champs de bataille vous aurez des blessures bien plus grave que celle ci autour de vous. Pour sauver ces guerriers vous devrez vous battre aussi pour aller vers eux et ne pas vous laisser distraire. Comme vous avez pu le constater ici quelques secondes peuvent tous changer.
Je baissa la tête en signe de remerciement. Il poursuivi.
- Mais vous êtes courageuses. Malgré le coup de nageoire dans vos jambes qui est pourtant le muscle le plus puissant d'une sirène vous avez continué de vous battre et vous n'avez pas peur du danger. Nous travaillerons votre force et endurance pour que vous teniez plus longtemps lors d'un combat.
Odon et moi disons en même temps:
- Merci professeur pour vos enseignements.
Il ne répondit pas et nous contourna.
Avec synchronisation nous nous retournions pour voir ce qu'il allait faire.
Mon sang se figea dans mes veines.
Il venait de ramasser les mémoires de la reine Thalassa à quelque mètres de nous.
************************************************************************************
- J'ignorais que notre reine mère avait écrit ses mémoires.
Odon me lança un regard confiant avant de lui dire:
- Ce livre était à la bibliothèque de l'Académie. Je l'ai emprunté afin de mieux comprendre la manière de gouverner et la vie de mes ancêtres. Pardonnez moi professeur j'aurais du le mettre autres part que dans ma poche.
Le professeur ouvrit le livre et commença tranquillement à le feuilleter. Au bout d'un moment il le rendit à Odon et se retourna pour aller voir d'autres élèves. Odon se tourna vers moi et me fît un clin d'oeil en levant son poing discrètement en signe de victoire. Il s'approcha de moi pour me taper dans les mains quand son regard se figea. Un filet de sang sortit de sa bouche et il devient livide. Je me précipita ainsi qu'Apollon vers lui. Une flèche venait de transpercer son dos laissant un nuage rouge de sang autour de lui. Il perdit connaissance.
Apollon fût le premier à le rattraper criant son nom lui tapotant désespérément la joue. A bout de souffle je me mis à prendre son poule. Faible, très faible. Je l'appela, lui demandant d'ouvrir les yeux, de me serrer la main, de sourire...Rien. Aucune réaction.
Je demanda à Apollon de le pencher doucement en avant que je puisse voir sa blessure. Ma gorge se serra quand je vis la flèche profondément enfuit dans son dos. Je ferma les yeux mettant mes mains tremblantes sur son dos.
********************************************************************************
Quand j'ouvris les yeux j'étais chez moi dans la cuisine, au royaume des elfes.
- Ma fille viens ici.
La voix de ma mère. Je me retourna. Elle était là devant moi s'agenouillant pour me regarder. Je devais avoir cinq ou six ans dans ce souvenir, il était à la fois beau et douloureux.
- Mère pourquoi m'avoir demandez de venir?
Ma mère sourit en me prenant dans ses bras. En sortant de la maison nous vîmes une pieuvre à demi morte sur un rochet. Son corps était transpercé et un nuage de sang l'entourait. Apeuré je serra le cou de ma mère les larmes aux yeux.
Elle me gronda:
- Oriana, tu ne dois pas avoir peur. La peur empêche de réfléchir et alors il sera trop tard, tu ne pourras plus la soigner. Elle a besoin de toi cette petite pieuvre pour survivre, tu comprend?
Les paroles de ma mère raisonnèrent dans ma tête. Une chaleur à la fois douce et chaude réchauffa mon coeur et je desserra mes bras du cou de ma mère. Celle ci me posa et je couru vers la pieuvre.Je la pris dans mes petits bras d'enfants et retourna vers ma mère.
- Mère comment la soigner?
Ma mère s'accroupit, et posa sa main sur la plaie.
**********************************************************************************
Quand je rouvris les yeux je du faire face au regard angoissé d'Apollon.
- Oriana, pouvez- vous le sauver? Devrez-t-on appeler le professeur Athéna?
Je secoua la tête. Je savais ce que je devais faire. Mes yeux se posèrent sur la flèche plantée dans son dos. Avec précaution je l'enleva de la chair. Ensuite mes mains se posèrent sur la plaie. Mon coeur se remplit d'une chaleur douce et chaude. Elle parcouris mon corps pour se retrouver dans mes mains et se propager sur la blessure d'Odon. La blessure se mit à briller intensément. Puis après une dizaine de secondes, plus rien. Plus une trace de sang. La plaie s'était refermée.
Je soupira de soulagement en essuyant la sueur qui dégoulinait de mon front. Apollon fût le premier à briser le silence:
- Comment peux tu déjà avoir ton pouvoir?
Je leva les yeux vers lui. J'étais autant sous le choc que lui. Je voulu lui répondre mais rien ne sortit. Je fût prise de nausé. Odon bougea sa main.
Annotations
Versions