Le chemin
- Aline ? Tu avais quel âge quand tu as rencontré Thomas ?
- Hou là ! C'était un petit garçon. Je devais avoir … vingt ans. Je vivais déjà avec Patrice, j'étais tellement bien, heureuse.
Aurélie réalise qu'elle en est là aussi, avec Noël. Une bénédiction qui se répète ? Il n'empêche, quelque chose se passe. C'est un message. Une énorme pancarte qui montre la direction à suivre. Une prophétie avec de longues années de répit devant soi.
Patrice officie à table, parle de Noël, du partage, de la famille et demande si quelqu'un dans l'assistance à quelque chose à déclarer ou qu'il se taise à tout jamais. Après quelques rires, Aurélie se lève avec sa flûte de Champagne, la lève comme le calice à la messe et déclare : « L'année prochaine je serai coincée à la ferme avec les animaux. Je vous invite tous à fêter Noël là-bas. » Et tout le monde applaudit sous le visage rayonnant de bonheur d'Aurélie.
Au carrefour de sa vie, Aurélie sait maintenant d'où elle vient et décide où elle va. Elle le sait. Elle le sent. Elle surveille Noël qui joue dans le salon, prête à intervenir s'il s'approche trop de la cheminée. Il sent la féline présence aux aguets. Il la regarde. Se lève, court et se jette dans ses bras, l'embrasse et retourne jouer. Aurélie surveille à nouveau Noël, de loin. Il joue avec un camion en bois. Elle l’entend lui parler mais il ne dit rien. Elle ressent juste. Elle le trouve tellement beau, tellement attendrissant. Elle est heureuse ici, elle se sent en famille, avec cette sensation que c’est pour toujours. Que de chemin parcouru ! Mais pour être sûre qu'elle est encore sur le bon, elle doit aller parler de tout ça à Patrice.
Il a son bureau dans une étrange bâtisse, un ancien couvent en ville. Il lui tient les mains. Il regarde ses chemins. Ils vont loin. Avec Noël qui l'accompagne assez loin aussi, il la voit mère, il la voit construire et diriger tout un monde parallèle. Est-ce qu'elle est heureuse ? C'est une battante, elle ne lâche jamais, déterminée, mais pour le bonheur, elle est assez passive. Heureusement, autour d'elle il y aura toujours quelqu'un pour lui en donner, elle ne sera jamais seule. Jamais seule, lorsque qu'Aurélie ressent cette réponse, ça lui suffit amplement. « Merci Patrice. »
Chacun sa route,
chacun son chemin.
Chacun son rêve,
chacun son destin.
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