XLIII : Leurs histoires
Les deux mamans s'organisent, confortablement installées dans le salon près de la cheminée qui crépite.
- J'aime bien venir ici, c'est chaleureux. Chez moi c'est un peu froid. Tu veux Djibril ou Simone ?
- Simone, Je me suis habituée aux filles.
Dit-elle en regardant Marwah droit dans les yeux avec un petit sourire. Gabrielle dort paisiblement dans sa chambre à côté. Aurélie a donc proposé à Marwah d'allaiter un de ses deux bébés, histoire de lui laisser un peu de répit avec un seul à gérer.
- C'est vraiment une chouette idée, merci Aurélie.
- De rien, je suis habituée, avec Gabrielle je vais le faire le plus longtemps possible et j'ai d'autres clients.
- Ah bon ?
- Mon Noël aime bien aussi de temps en temps. Mais pas autant que Noëlle. Ça doit être l'effet de vivre à la ferme.
- Noëlle te fait des choses ?
- Ça va aller, ne t'inquiète pas, elle maîtrise maintenant.
- Je peux le raconter à mon Padre ? Ils sont inquiets pour elle. En fait ils en ont peur. Ils ont besoin de toutes les infos.
- Bien-sûr Marwah, pas de secrets entre nous.
- Dès que j'arrête avec Djibril, il faut laisser Simone têter plus longtemps.
- Beaucoup plus longtemps, j'ai moins de ressource. Tu as vraiment une belle poitrine maintenant.
Marwah regarde Aurélie faire et puis s'imagine des trucs, elle aimerait tant oser lui demander. Aurélie la regarde, soutient son regard et demande :
- Tu veux essayer ?
- Oui
Répond elle avec un grand sourire.
Une fois les bébés rassasiés, elles les remettent dans leurs berceaux et elle s'installent à nouveau dans le canapé. Marwah se penche, écarte la chemise et embrasse et masse la poitrine d'Aurélie qui ferme les yeux. Marwah se détend et se blottit en absorbant le breuvage maternel, tellement symbolique, tellement magique. C'est tellement doux et chaud. Aurélie passe une main dans les lourds cheveux noirs de Marwah et s'exécute à son tour pour goûter celui de son amie, et lui faire goûter ensuite en se relevant pour l'embrasser. Marwah remarque :
- Ils n'ont pas le même goût.
- Le tien a un goût de miel.
- Les pâtisseries de ma mère.
Et elles se déshabillèrent pour s'allonger l'une contre l'autre et goûter à d'autres douceurs, un mélange de caresses, de tendresse et d'amour dans un dosage parfait de recette orientale revue et corrigée à la mode d'Aurélie.
Elle se réveillent en entendant Gabrielle jouer dans sa chambre, elle s'est réveillée, les bébés dorment encore. Elles se rhabillent précipitamment l'une l'autre en riant et en gloussant et après un regard vers la chambre de Gabrielle, s'embrassent rapidement.
- Marwah, j'ai reçu une lettre, de mon père. Je ne voulais pas l'ouvrir toute seule. On peut le faire ensemble ?
- Bien-sur ma chérie.
Aurélie se lève et va chercher la lettre dans le tiroir du meuble Henri 2, revient s'asseoir tout contre elle et regarde l'enveloppe. Il y a le tampon de l'office notarial et son prénom manuscrit, par son père. Elle ouvre, déplie la page et lit … un seul mot : « pardon ». Aurélie fond en larmes dans les bras de Marwah qui l'embrasse et dit :
- Ne t'inquiète pas, tu n'as pas à le pardonner. D'ailleurs tu ne peux plus. Par cette lettre, je sens qu'il n'est plus parmi nous.
Marwah n'a pas non plus des parents faciles. Élevée seule par sa mère sans aucune famille, Marwah a la sensation que sa maman vient de nulle part, qu'elle est une gentille sorcière qui a rencontré un gentil sorcier mais ils n'avaient pas le droit de la faire, elle. Donc elle a été punie, puis sauvée par Patrice, et le père Simon. Elle leur doit tout. Et à son padre elle donne et lui donnera tout aussi. Et sans l'intervention de Noëlle, Marwah pense qu'elle ne serait jamais tombée enceinte. Aurélie avait essayé de faire des trucs aussi, un peu avant, elle était enceinte, elle a voulu que Marwah s'imprègne , près, très près, jusque dans l'intimité. Marwah pouvait sentir Gabrielle dans le ventre d'Aurélie. Et puis elle a pu lui rendre l'invitation, Aurélie a senti les jumeaux dans le vendre de Marwah. Elle ne se sont pas souvent revues pour partager ces moments intimes, rien qu'à elles. Les occasions se faisant rares, elles ont fini par les provoquer et par les organiser, juste pour voir, juste pour s'aimer, en parallèle de leurs histoires.
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