60 - Les insomnies

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La nuit elle se réveille, dans le lit du maire. Noëlle le regarde dormir. Au delà de tous ses sens, elle se demande si elle l'aime vraiment ou si c'est une illusion. Mais l'amour n'est-il pas juste un mirage ? De toutes façons, elle a le sentiment qu'il ne sera jamais sien, qu'elle ne sera jamais sienne. En tous cas aux yeux de tous, officiellement. Car pour l'instant, elle se débrouille bien. Sa femme ne revient pas, il ne va pas voir ailleurs et Noëlle est là, disponible, pour lui. Elle sourit. Quelle chance elle a ! Elle se blottit contre lui, écoute son cœur battre, ses poumons respirer, son sang circuler, elle se nourrit de sa chaleur. Elle sent qu'il se réveille, il lui met son bras autour du cou, la rapproche, la serre, sa main descend sur ses fesses, il les caresse doucement, un doigt s'aventure, elle ferme les yeux de plaisir et cherche elle aussi à s'accrocher, à se connecter, elle sent son homme qui se tend de désir pour elle, une envie qu'elle accompagne de quelques mouvements, et la salive lui monte déjà en pensant au plaisir qu'elle va lui procurer, à la semence dont elle va s'imprégner et remonter lui faire goûter avant de le laisser s'endormir jusqu'au petit matin, en le laissant à distance, pour mieux l'admirer, pour ne pas le gêner, pour le laisser profiter de son sommeil d'homme comblé quand elle, à côté, se caresse doucement en le regardant puis violemment en fermant les yeux et en se concentrant sur tous les meilleurs moments intimes qu'il a su lui procurer en remontant petit à petit dans leur histoire jusqu'à s'endormir à son tour dans un nuage d'amour.

Cette nuit elle se réveille aussi, dans son lit où elle n'est plus seule, ou ses pieds ont bien chaud contre l'homme de sa vie. Elle le regarde dormir. Elle se sent tellement heureuse de l'avoir à ses côté, avec ce sentiment intense que c'est pour toujours. Chloé plus Noël égale Amour Éternel. C'est avec lui que sa vie reprend son sens. Que s'est-il passé ? Comment est-ce arrivé ? C'est allé si vite. Un vrai tourbillon d'amour est venu de tout côté les emprisonner ensemble comme par magie. Ils sont faits l'un pour l'autre, ils se sauvent l'un l'autre. La fille du maire et le fils du sous-préfet. Elle avance une main timide, elle caresse, elle palpe, elle le sent se réveiller, elle glisse sur lui comme une couverture et se relève doucement, elle assoit son intimité sur la sienne et commence à chalouper. La nature fait le reste. Mais quand il commence à respirer trop fort ou que son cœur s'accélère, là elle arrête et elle l'observe redescendre de plaisir, mais avant de perdre sa prise, elle se déhanche à nouveau en le motivant par quelques mots doux. Et ainsi de suite, elle a toute la nuit devant elle à le sentir en lui. Elle ne sera jamais rassasiée. Il en a au moins pris pour perpète avec 30 ans de sûreté.

Aline ne rève plus mais elle ne dort plus non plus. Elle regarde son homme, elle le sent, elle vérifie qu'il n'est pas un fantôme, elle le surveille, il est là. Elle et lui, avec leur petite Pauline, le bonheur absolu d'une vie simple. Et à ses côtés elle ne s'est jamais sentie aussi femme, aussi belle et elle lui rend bien, elle lui donne tout l'amour qu'elle a en elle et elle en a beaucoup. Des petites caresses, des petits gestes, de l'attention, de la bienveillance, de la dévotion et puis aussi de grandes caresses comme des griffures de plaisir dans leur passion charnelle, toute transpirante elle se surprend à gémir, à crier, à invoquer les Dieux quand il la chevauche en hennissant comme l'étalon à la saillie, si sages et si doux le jour, ils rétablissent l'équilibre la nuit. C'est ainsi qu'elle se glisse en lui pour réveiller la bête en se promettant de changer les draps le lendemain matin.

Marwah ne rentre plus à la cure. Elle s'est installée à la ferme avec les enfants. Aurélie et le père Simon ne se sentant pas du tout compatibles, Marwah a dû faire son choix. Et la nuit elle se réveille en croyant entendre les pleurs d'un de ses bébés, ou peut-être est-ce simplement sa conscience ? Qui l'empêche de trouver le sommeil. Alors elle regarde son Aurélie, sagement couchée comme une petite fille bien sage, avec ses cheveux courts, son pyjama repassé sur son corps athlétique doux et ferme à la fois. Marwah a envie de promener ses formes voluptueuses sur elle, de lui faire ouvrir ses beaux yeux bleus foncés. Elle se ravise, se contente juste de quelques caresses personnelles, un gémissement plus fort que prévu allume les yeux d'Aurélie, d'abord surprise, mais qui bientôt se rapproche doucement pour prendre le relais, pour stimuler les ressources de sa chaleureuse compagne et de boire tous ses fluides avant de partager les siens puis à s'agiter de plaisir l'une sur l'autre, l'une dans l'autre, à en devenir toute rouge et même avoir des crampes, à bout de souffle, étouffée par l'amour qu'elles se procurent mutuellement avant de sombrer de sommeil dans leur couche chaude et humide de leurs plaisirs nocturnes.

La mère de Marwah n'en est pas moins heureuse. Depuis le jour où ils se sont retrouvés tous les trois, l'évêque n'a plus jamais disparu de la vie de son interdite maîtresse musulmane. C'est en rencontrant Marwah, sa fille pleine de vie, qu'il s'est rappelé la passion qu'il avait pour sa mère, passion concrétisée là devant lui par la plus belle des choses, chose à ne pas laisser passer à nouveau en renouant avec Aïcha, quitte à oublier sa mission et perdre son immortalité inutile dans un monde en déclin où la dernière chose qui semble avoir du sens est l'amour. Ils passent même leurs nuits ensemble, à l'appartement, à la paroisse Saint-Joseph ou dans les moins discrets appartements privés de l'évêque. Cette nuit, reprenant leur histoire là où elle s'était arrêtée, Aïcha s'est rasée les parties intimes pour que son homme de Dieu réponde à l'invitation de la luxure.

Dans le brouillard le jour et sans pouvoir dormir la nuit, Natacha déprime entre son fils Gabriel insupportable et son ingénieur chimiste de pasteur exorciste toujours absent on ne sait où. Elle a froid dans ce lit vide et à cause des antidépresseurs elle ne voit même plus sa jumelle. Alors elle pleure, doucement, en silence, sur sa tristesse, sur son désarroi. Frédérique et Dominique lui manquent, elles ont passé de bon moments toutes les trois. Mais c'est Thomas qui en profite maintenant qu'il vit avec elles.

Frédérique se réveille entre sa DOM et son TOM. Il fait toujours frontière. DOM n'abandonne jamais la partie. TOM est très motivé. Et Fred ne choisit pas. Il fait le bilan :

  • C'est la cohabitation entre les deux. Elle le laisse quand même un peu le toucher. Seulement quand elle lui fait dos. Elle ferme les yeux et se concentre, peut-être pense-t-elle à moi, le plaisir se voit sur son visage et elle lui donne même des consignes et des instructions. Mais sinon c'est plutôt froid entre eux. Il faut que je trouve une solution. Dès que l'occasion se présente, je lui ramène quelqu'un et je leur donne le philtre. Autant je ne peux pas dire non à Thomas, autant je ne veux pas perdre Dominique. J'ai vraiment de la chance qu'elle reste et supporte tout ça.

Au réveil, le maire a encore envie de sa lolita, et alors qu'elle est toujours dans un demi sommeil, il l'investit doucement, tendrement jusqu'à ce qu'elle comprenne et qu'elle lui dise :

  • Baise-moi fort, je suis ta petite pute, fais-moi gémir, fais-moi crier, fais-moi mal, mon mâle à moi que j'aime.

Il s'arrête et la regarde. Il ne sait pas grand-chose des femmes et de la nature des relations qu'il a avec elles. Mais après toute une vie de coucheries, il vient de réaliser à l'instant qu'il peut mourir tranquille, qu'il a atteint le maximum qu'un homme puisse attendre sur Terre, il a compris, il sait, c'est maintenant. Elle s'arrête de respirer, ouvre les yeux et le voit, son regard, plein d'amour, il a les larmes aux yeux et il lui dit :

  • Je t'aime.
  • Alors réveille-toi, alors réveille-moi, je veux sentir les vibrations de tes coups de reins dans mon ventre, je veux que tu vides tout ton désir en moi !

Pendant qu'il s'active, elle continue :

  • Fais de moi ta chose, je suis ta rose, je suis ta femme, je te veux dans mes entrailles, je t'aime !

Ce matin là est différent des autres. Lorsque le maire part faire son devoir d'élu, il se retourne pour regarder Noëlle qui compte déjà les heures avant de retrouver la chaleur de son homme de pouvoir. Elle lui envoie un baiser. Il met la main sur le cœur. C'est leur langage des signes d'amour. À nouveau concentrée, elle sent la détresse de Natacha à qui elle doit beaucoup, elles sont liées à la vie à l'amour, elle court donc s'habiller pour la rejoindre, la serrer dans ses bras, la soulager et faire la peur de sa vie au petit Gabriel pour qu'il se calme pendant quelques décennies.

  • Grrrr…. !!!

Mais sa colère est bien faible par rapport à avant. Elle est mieux dosée. Les choses se mettent en place. Elle sent qu'elle est à sa place aux côtés de François. Français. Elle se rappelle le prof de français. Avec qui elle aurait pu être heureuse et lui aussi. À qui elle a dit adieu pour le préserver lui. C'est peut-être aussi ça l'Amour, se sacrifier pour l'autre. Elle était tellement triste à ce moment là, les bras ballants, n'osant faire un quelconque signe qui aurait sans doute eu une trace d'amour, vers cette voiture qui s'éloignait au loin, pour disparaître, la fin d'une histoire qui venait à peine de commencer, et cette promesse qu'elle s'était faite de ne plus jamais s'engager avant d'être vraiment sûre, comme elle l'est en ce moment avec François.

Sœur Adélaïde alias Phoebe ou l'inverse tient contre elle son Pasteur qu'elle vient de soulager avec sa bouche dans le lit de ses parents.

  • Ce sera tout pour cette nuit. Je veux que tu rentres. Ta famille a besoin de toi.
  • Mais je ne t'ai encore rien fait.
  • J'ai ce que je veux. De l'affection. Ça me suffit. On a dépassé le stade du sexe. On est déjà un vieux couple. En fait je me lève tôt, j'ai beaucoup de rendez-vous demain matin.
  • D'accord ma chérie. Je rentre.

Elle le racompagne jusqu'à la porte. Elle le serre dans ses bras pour lui dire au revoir. Elle le regarde partir. Puis se retourne, ferme la porte et va prendre une douche et se laver les dents avant de se mettre au lit, son lit, dans sa chambre. Elle dort nue pour avoir plus chaud et rester en contact avec sa sensualité histoire de s'évanouir de plaisir si elle ne trouve pas le sommeil.

Autant la gravité ralentit le temps, autant la nuit laisse passer le fluide de l'Invisible, cette énergie qui nous empêche de dormir, qui fait nos rêves et nos cauchemars mais qui nous guide aussi vers notre destin en prenant le bon chemin.

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