84 - Les Bretons
Ils ont de 14 à 18 ans. C’est la nouvelle génération. Gabrielle est l’aînée. Tinaïg, la fille de Suzanne, est la benjamine. Entre les deux, tous les autres, Solène, Pauline, Abigaëlle, Lambert, Simone, Djibril et Gabriel. Le samedi à l’heure du thé, ils ont l’habitude de se réunir au sommet du Donjon. C’est une zone franche où la bonne humeur est requise. Ils finissent de monter une tente pour s’y mettre à l’abri des intempéries. Abi et Gabrielle sont toujours assises l’une à côté de l’autre. Pauline apporte toujours de bons biscuits qu’elle a préparés avec sa mère. Lambert prend la parole :
- Comme vous l’avez constaté, ça a commencé. On est pas près de revoir un ciel bleu. La luminosité baisse de jour en jour. Pour les températures, on est en zone tempérée, un micro climat. Mais ce n’est pas tout, Gabriel ?
- Une nouvelle pandémie, une personne sur deux est HS, je vous laisse deviner qui. Il y aura certainement une mortalité de 90%.
Tous les mâles du château sont à jour du vaccin de Natacha. Aurélie est rentrée juste à temps, elle a failli être coincée par la météo à Dijon. La ferme et ses infrastructures ont été prises en comptes par ses amies survivalistes. Rentrer en Bretagne était devenu impossible par la route, elle a pris le petit hélico en faisant escale deux fois aux relais des sociétés secrètes pour leur donner, par la même, les nouvelles procédures de contact. Aurélie avait dû beaucoup insister pour installer les serres derrière le château. Elles vont désormais prendre tout leur sens. Après, il est vrai qu’elle a vu large sur les 18 semi-remorques de vivres et de matériel qui ont fait la noria. Mais elle a comme projet de soutenir l’ancien château au bord de la mer pour les réfugiées britanniques. Un réseau électrique renforcé à été isolé entre les deux. Un mini réacteur à fusion froide est opérationnel dans une annexe du château. Il est déjà en route.
Aurélie rejoint les jeunes Bretons au donjon à la fin de leur séance pour faire la bise à tout le monde et fini par prendre la parole :
- Nous y voilà, c’est la fin du monde. Mais tout est prêt. Ça va bien se passer. Détendez-vous, on est tranquille pour au moins 50 ans, pour le reste on traitera au fur et à mesure. Fini le stress de la préparation, on y est, on passe en mode 1. Dans votre planning dégagez-vous du temps pour ne rien faire et vous ennuyer. Faire le point, méditer. Dormir 12 heures par jour. Et ma porte, et celle d’Aline sont toujours ouvertes pour vous toutes et tous. Je vous laisse terminer et bravo pour cette tente, vous devriez la fixer définitivement.
Tinaïg est une vraie bretonne, elle est née dans l’ancien château pendant un stage d’acclimatation du groupe d’origine. Elle n’a qu’une seule chose en tête, attirer l’attention de Lambert, le seul garçon du groupe sans lien de parenté. Ce n’est pas facile de passer après Abigaëlle mais Tinaïg est audacieuse, elle parvient tout de même à lui faire capter des signes qui ne le laissent pas indifférent. Ce soir elle ira toquer à la petite porte d’accès à sa chambre qui la dédouane de passer par les appartements franco-russes.
Un bruit sourd et inquiétant se fait entendre autour du château, comme une menace qui se rapproche. Les Bretons sortent de leur tente pour regarder. Tout d’un coup, un énorme insecte de fer surgit de nulle part. Tout le monde crie. Noëlle est aux commandes d’un énorme hélicoptère et va se poser à côté d’une nouvelle annexe en forme de hangar. Avec elle, le maire François, son adjoint Noël et le sous-préfet Thomas. Dijon a été abandonné. Aurélie sort du château en jeep et va chercher les passagers. Elle n’en revient pas. Un Super Puma ! Noëlle avait parlé d’une surprise pour le hangar rempli de pièces mécaniques étranges et de bidons de fluides. Aurélie s’arrête à proximité et prend sa radio de bord :
- Hyène 3 de Hyène 2, comment ils vont ?
- Hyène 2 pour Hyène 3 : juste un peu de fièvre. Le vaccin a l’air efficace.
- En quarantaine dans le hangar. Toi aussi. Je vous envoie Natacha.
- Rodger, over.
Noëlle suit la check-list pour l’extinction de l’engin et autorise les passagers à sortir en indiquant l’entrée du hangar. Elle se réjouit d’avance d’avoir un tel vecteur à elle, toutes ces années de formation portent leurs fruits. Une mission sur Londres est déjà programmée. C’est la guerre ! Avec l’entrée spectaculaire qu’elle vient de faire, elle est sûre d’avoir trouvé un ou une autre copilote à former parmi les jeunes Bretons.
***
O Breizh,
ma Bro,
me 'gar ma Bro
Tra ma vo mor
'vel mur 'n he zro
Ra vezo digabestr
ma Bro!
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