Episode Onze : La Chair Vivante

26 minutes de lecture

- On fait quoi, Esvet ? demanda Dysill, tenant toujours sa balle dans la main.

- Pourquoi tu me demandes ça à moi ?

- T'es sérieux ? Avec tous tes pièges et tes trucs, t'as jamais affronté un truc comme ça ?

- Excusez-moi, môdame, dit-il d'un ton dédaigneux, j'imagine que tu vois des bêtes sans tête tous les jours, toi ?

L'animal commençait à avancer pas à pas vers eux.

- Merde, dit Keldan en ramassant un mince bâton qui trainait par terre. Il recula alors de quelques pas, tentant de l'attirer vers le piège.

- Bien vu, Keldan ! dit Esvet

Lurian observait l'animal se rapprocher peu à peu de Keldan et du trou. Il était particulièrement attentif à ce que faisait l'animal depuis qu'il était apparu. La bête s'approcha peu à peu du trou, avant d'envoyer un puissant coup de sabot pour pousser Keldan dedans. Juste à temps, Lurian bondit pour l'attraper et lui éviter de tomber.

- Merci, mon vieux... dit-il en se relevant.

- Comment est-ce qu'il a pu savoir ? demanda Dysill.

Lurian s'adressa alors à elle dans la langue des signes qu'il utilisait avec Keldan. Depuis leur départ d'Andaria, elle essayait d'apprendre à communiquer avec lui.

- Euh... La terre ? Le sol ? Il voit le sol ? C'est ça ?

- Ah ouais, d'accord... dit Keldan.

- Qu'est-ce qu'il dit ? demanda Esvet.

- Il dit qu'il pense qu'il peut sentir ce qui se passe dans le sol.

- S'il n'a pas de tête, ça veut dire que le seul sens qu'il lui reste, c'est le toucher... C'est pas banal, mais c'est logique, en fait ! Il est malin, ce petit bonhomme ! Dit-il en ébouriffant les cheveux de Mister Mystère.

D'ailleurs, il continuait à regarder la bête. Depuis qu'ils s'étaient tous arrêtés de bouger, elle ne bougeait plus non plus. Lurian était un chasseur hors-pair et quelqu'un de très cérébral. C'est tout naturellement qu'il ne résistait pas à l'envie de décrypter le comportement inhabituel de cette toute nouvelle créature.

L'herbe devenait sèche depuis tout à l'heure, tout autour du cerf. Lurian avança d'un pas, mais cela ne fit pas bouger le grand animal. Puis, il toucha l'herbe séchée et la créature se tourna d'un coup dans sa direction. L'herbe devint soudainement sèche dans un long couloir de terrain qui allait de la créature jusqu'à Lurian. Elle se précipita sur lui mais il sut l'éviter de justesse en s'écartant de la zone d'herbe sèche. Ca y est, il comprenait mieux. L'animal scannait petit à petit une zone du sol.

Keldan se tenait près de son ami, attendant qu'il lui dise quoi faire.

- Alors, Lurian. Cette fois-ci, comment on s'en sort ?

En reprenant cette vieille habitude de chasseur de gibier, le garçon avait un instant de lucidité. Il se rendait compte qu'il était loin de chez lui, maintenant. Si loin... Plus rien n'était pareil. Même les bêtes qu'il devait affronter avaient changé, l'enjeu était différent. Et pourtant, il n'avait aucune crainte, aucun doute, parce qu'il pouvait compter sur Keldan, et parce que Keldan comptait sur lui.

Il y a quelques mois, perdu dans la mangrove, le Porteur regrettait d'avoir quitté sa famille. Jamais il n'était parti si loin, et même s'il était très fort, il ne savait pas du tout comment se débrouiller dans la nature. Après avoir fini les restes de nourriture qu'il avait emporté dans son énorme sac à dos, il ne trouvait pas grand-chose à se mettre sous la dent. Un jour, après être resté perdu pendant une semaine, il s'arrêta au bord de l'eau.

"J'en sortirais jamais" pensa-t-il.

Il ne voyait même pas le bout de la forêt et ne savait même pas si il allait dans la bonne direction. En fait, pour éviter de se faire prendre, il avait voulu sortir des chemins battus. Quelle erreur. Chaque jour, il essayait de pêcher avec un bâton pointu, mais il n'avait ni la dextérité ni la précision d'un vrai pêcheur. Il traversait les ruisseaux et rivières soit à la nage, soit à pied. C'aurait été plus pratique d'avoir un bateau, mais encore une fois, il ne voulait pas être repéré. Un jour, alors qu'il lançait encore et encore un bâton pointu dans l'eau, un bâton bien plus affûté vint transpercer un gros poisson. Keldan leva la tête pour voir d'où il pouvait venir, mais ne vit pas qui l'avait lancé.

"Ca a dû tomber de l'arbre, j'ai du bol"

Puis il regarda le bâton qui venait de transpercer le poisson, et vit qu'il était plus affûté que le sien et bien plus léger. N'était-il pas seul ? Pourtant, il avait bien fait attention de passer par un endroit qui n'avait sans doute pas été fréquenté depuis 100 ans, tant la forêt y était dense.

Derrière les arbres, c'est bien sûr le petit Lurian qui regardait le Porteur se perdre dans la forêt. Il n'avait pas vu d'être humain depuis sa petite enfance et était fasciné par son incapacité à se débrouiller dans la mangrove. Pendant plusieurs jours, il lui envoya un peu d'aide en faisant tomber un fruit, en l'attirant vers un passage plus sûr, ou, comme ici, en l'aidant à pêcher. Cela faisait bien une semaine qu'il le suivait à la trace et il remarquait que celui-ci commençait à tourner en rond.

"Putain de merde ! Dit-il en frappant violemment contre un arbre, je suis déjà passé par là..."

Il quitta ses bottes et trempa les pieds dans l'eau pour se calmer... La mélancolie s'installait en lui, et une dure impression d'avoir fait n'importe quoi jusqu'à présent.

- Cyane et Mémé doivent me chercher partout. Ca fait presque deux semaines que je suis parti et je suis toujours pas sorti de la forêt.

Il regarda son reflet dans l'eau, honteux.

- Et j'espérais faire ça tout seul... Qu'est-ce que je peux être con.

Son ventre gargouillait.

- En plus, j'ai la dalle.

Il repensait à Soto, qu'il avait vu dévoré par cette espèce d'abomination que l'autre chevalier appelait "Moord". Alors, il se remettait un peu en colère, malgré la faim et la douleur.

- Mais en même temps, je peux pas lâcher maintenant, dit-il au jeune garçon assis à côté de lui. Si je rentre, à quoi ça aura servi ? Tu peux me le dire ?

Lurian écoutait attentivement ce qu'il lui disait. Il faisait barboter ses pieds en avant et en arrière dans l'eau pour mieux se concentrer.

- Donc maintenant, c'est trop tard pour faire machine arrière. Mais j'espère que j'aurais pas causé plus de mal que de... wow !

Keldan se leva aussitôt, il venait juste de remarquer qu'il était en train de parler à quelqu'un. Peut-être que la faim et l'impression d'avoir longtemps été épié l'avait habitué à sa présence.

- T'es qui, toi ? dit-il en attrapant son bâton pointu.

Lurian fit alors un petit geste négatif avec le doigt, comme s'il lui indiquait qu'il n'était pas la bonne personne à viser. Il prit alors son propre bâton et regarda la rivière attentivement. Il vit un poisson et ne le visa pas lui, mais l'endroit où il serait une seconde plus tard. Il le transperça d'un coup et le récupéra. Lurian pointa le fait d'armes du doigt, encourageant Keldan à faire de même.

- Tu pourrais me répondre, quand je te parle...

Mais Keldan s’exécuta et lança son bâton comme Lurian, après plusieurs échecs, il réussit.

- Ah, trop fort ! T'as vu ça, un peu ?

Beaucoup plus près de Lurian, il remarqua le symbole qui trônait sur le haut de son col, c'était un poing fermé, à l'exception de l'index qui se tenait au même niveau que sa bouche.

- Ce signe, ça veut pas dire que t'es un gardien, par hasard ?

Lurian hocha la tête.

- Ah ! Tu m'as foutu la trouille ! Au début, j'ai cru que t'étais un genre d'espion... C'est sûr que toi, tu risques pas de dire quoi que ce soit.

Lurian ne répondit bien sûr pas.

- C'est la première fois que j'en vois un. En même temps, vous êtes combien ? Cinq ou six ?

Lurian fit le chiffre "Sept" avec ses doigts. Ensuite, il regarda le ciel en mettant sa main sur son front pour ne pas être ébloui. C'était le soir. Il fit signe à Keldan de le suivre.

- On va où, là ? demanda Keldan.

Keldan suivit Lurian, qui bougeait avec une facilité déconcertante à travers les arbres et les racines de la Mangrove. Au bout d'une bonne heure, ils arrivèrent près d'un petit ruisseau qui s'écoulait jusque dans un arbre fendu à sa base. Lurian s'engouffra dans le petit passage.

- T'es sûr que je peux rentrer là-dedans, moi ?

Keldan parvint difficilement à entrer par le passage, mais derrière se trouvait un petit couloir de bois et de pierre semblant descendre dans les entrailles de la terre. Il vit le long de ce couloir des peintures rupestres et des symboles qui semblaient plus vieux que la caverne elle-même. Un petit escalier de pierre se présenta à lui, et après l'avoir descendu, il vit Lurian allumer des torches pour illuminer une immense grotte. Celle-ci était encore plus inondée de symboles.

- Je le crois pas... C'est une caverne à runes, c'est ça ?

Lurian s'installa sur son petit lit situé dans un coin de la grotte, à côté d'un petit atelier qui devait lui servir à fabriquer des vêtements à partir du cuir qu'il récupérait sur des bêtes. Il hocha la tête.

- En tout cas, faut savoir qu'elle est là... Tu dois pas avoir beaucoup de visiteurs.

Lurian fit un "non" de la tête.

- Au fait, comment tu t'appelles ?

Lurian réfléchit un petit instant, puis balaya la poussière de la grotte pour en faire un petit tas de sable sur lequel il dessina des symboles Khenasiens.

- Désolé, mon pote... Je lis que la langue commune, je me rappelle plus trop du vieux Khenasien... Mais ça se lit "Liu Li Han", c'est ça ?

Lurian hocha la tête.

- Donc en langue commune, ça doit donner Lurrihan, ou Lurian.

Lurian sourit, il était content d'avoir une vraie conversation avec quelqu'un. Depuis son enfance, il avait été habitué à n'avoir aucun contact avec l'extérieur, si ce n'est quand de plus hauts gardiens des runes venaient lui rendre visite.

Petit, Liu Li Han n'avait jamais connu ses parents, il avait vécu les premières années de sa vie dans un orphelinat, et son plus vieux souvenir devait être l'instant où un haut émissaire du roi était venu le chercher. Il avait passé la journée à observer les enfants de l'institut et, le soir venu, il l'avait pointé du doigt en disant "Lui". "Je veux celui-ci".

Ensuite, il avait été introduit au conseil des Gardiens, dont seul le plus haut placé avait droit de parole. Il l'instruisit à toutes les sciences et à tous les arts. Et puis, bien sûr, Lurian apprit les secrets que seul un Gardien des Runes peut connaître, au prix de sa propre voix. C'était ce que signifiait le doigt sur la bouche sur le col de son manteau : Un Gardien des Runes de Khenas sait tout, mais il ne peut rien réveler.

A la fin de son initiation, on prit l'enfant et on lui retira les cordes vocales pour qu'il ne puisse plus rien dire. Cela avait été une atroce expérience, mais c'était le lot de tous les Gardiens. Il fut attribué à la caverne de la Mangrove où il resta seul pendant des années, perfectionnant l'art de la chasse et de la tannerie, celui qu'il préférait.

Lurian était assigné à cette caverne et ne devait en aucun cas la quitter. Et ça, tous les habitants du Sud le savaient.

- Dis-moi, Lurian. Tu penses que tu pourrais me montrer la sortie de la forêt ? Je peux pas tout t'expliquer, mais je suis en train de faire un voyage très important.

Lurian était soudainement attristé de voir que Keldan ne resterait pas un peu plus avec lui. Il pensait pouvoir lui apprendre ce qu'il savait pendant quelques jours au moins. Mais ce n'était pas grave, ça lui avait déjà fait plaisir.

Il hocha la tête.

- Super, merci !

Après une bonne nuit de sommeil, les deux comparses se mirent en route. En gravant des symboles par terre, Lurian expliqua difficilement à Keldan qu'ils mettraient trois ou quatre jours à quitter la zone.

- C'est pas super pratique, ça... Il faudrait qu'on trouve un autre moyen de parler.

Il regarda la rivière qu'ils s'apprêtaient à traverser, et imiter une vague avec sa main, avant de représenter un petit bonhomme qui marchait par-dessus.

- Comme ça, par exemple, dit-il en souriant.

Lurian éclata de rire, mais commença à imaginer des signes qui pourraient être utiles. Chaque jour, Lurian apprenait à Keldan ce qu'il devait savoir sur la faune et la flore de la forêt. Il lui enseignait à être plus furtif, à se repérer à l'aide des arbres, à observer le terrain... Keldan, lui, redoublait d’ingéniosité pour inventer de nouveaux signes que pourrait utiliser Lurian pour communiquer. Jusqu'à ce qu'à force d'efforts, les deux amis arrivent près de la frontière. Lorsque Keldan vit les plaines d'Horizon s'étendre devant lui, il embrassa la terre.

- Enfin ! L'Andar ! On a réussi, Lurian ! On y est !

Lurian ne quittait pas la forêt et restait de l'autre côté de la frontière. Keldan venait de se rendre compte qu'il était déjà bien loin de la caverne qu'il était censé protéger.

- Ah... Bah oui, bien sûr. Tu peux pas venir avec moi.

Lurian était triste. Vraiment triste.

- Tu veux venir avec moi ? Si tout se passe bien, j'en ai encore pour quelques mois... On sera rentrés pendant l'été.

Lurian écoutait attentivement Keldan mais ne semblait pas en mesure de le suivre.

- C'est que... Je suis pas terrible, lâché dans la nature comme ça... Je pense que si tu m'aides à me débrouiller, on peut être deux fois plus efficaces.

Lurian fit un "non" de la tête. Il voulait vraiment suivre Keldan mais ses devoirs le rattachaient à là où il vivait. Alors, il s'approcha de lui pour lui dire au revoir.

- J'aurais essayé, hein ?

Keldan lui serra la main.

- Prends soin de toi.

Les deux amis se quittèrent après ces quelques jours passés ensemble, Lurian rentrait dans sa forêt, et Keldan avançait vers sa mission.

Mais Keldan eut soudainement une idée, il cria d'un coup sec.

- Eh ! Lurian !

Le gardien des runes se retourna et vit que Keldan courrait vers lui. Arrivé à son niveau, essoufflé, il lui demanda :

- Et si je te disais... Et si je te disais qu'on peut exaucer n'importe lequel de tes voeux ?

De retour à la réalité, Keldan et Lurian tenaient tête au monstre. Tous deux se rappelaient les promesses faites l'un à l'autre et celles qu'ils avaient maintenant nouées avec Dysill et Esvet.

- Voilà le plan, les gars, dit Esvet. Montez sur un point surelevé.

L'animal recommença à "scanner" le sol, cette fois-ci beaucoup plus rapidement. Lurian et Keldan grimpèrent dans un arbre, Dysill monta sur un rocher et Esvet s'accrocha d'une main à une branche, à l'aide de l'autre main, il saisit une sorte de petite bombe accrochée à sa ceinture et la lança à l'autre bout de la zone qu'il était capable de détecter. Celle-ci éclata et relacha de la fumée tout autour.

- Vous inquiétez pas, c'est juste un fumigène.

- Je croyais qu'il voyait rien ? dit Keldan

- C'est pas pour l'éblouir. Elle est faite en cuir, je veux voir si il considère ça comme vivant.

Le cerf approcha alors des restes de l'objet et entra dans la fumée, le rendant invisible à l'œil des amis. Quand il en ressortit, les excroissances sur son corps s'étaient très légèrement agrandies.

- Encore ? Ah, j'ai l'impression de louper un truc, mais quoi ?

Le cerf s'approchait de plus en plus de Keldan et Lurian.

- Euh, il fait quoi, là ? demanda Keldan

- T'inquiète, il peut pas être en train de s'approcher de toi. Il peut pas te détecter.

Les propos d'Esvet furent bien sûr remis en cause lorsque l'animal se mit à nouveau sur deux pattes que la bouche située sous sa patte avant gauche mordit Keldan, le tirant jusqu'au sol. Il le plaqua et le tint au niveau du ventre, ce qui commençait à lui détruire les vêtements, puis la peau, puis la couche sous-cutanée.

- Putain de merde ! hurla-t-il de douleur.

Lurian descendit d'un seul coup et envoya un coup de pied précipité dans le ventre de l'animal pour lui faire lâcher prise.

- Arrêtez ! Le touchez pas ! dit Esvet.

Lurian lui envoya un puissant coup de coude, ce qui déchira une petite partie de son manteau, et l'animal trébucha avant de tomber en arrière. En se relevant, l'animal courrut vers Lurian. Keldan avait une grosse marque de sabot sur le ventre et saignait.

- Alors là, mon gars, t'es un homme mort...

Il se releva et se précipita de charger l'animal avant de le plaquer au sol, juste avant qu'il touche Lurian.

- Qu'est-ce que je vous ai dit ?! Le touchez pas !

L'animal absorbait les vêtements de Keldan et ses excroissances poussaient toujours un peu. Bientôt, il allait atteindre sa peau et commencer à fusionner avec sa chair. Dysill était désemparée. Que devait-elle faire, maintenant ? Que pouvait-elle ? Elle réfléchissait en regardant tout autour d'elle.

Lurian tira Keldan de sa prise avant qu'il ne soit absorbé, Dysill remarqua alors que son pantalon n'avait pas été abimé malgré son précedent coup de pied.

- Le gant d'Esvet, et le pantalon de Lurian... Ils ne sont pas en cuir... dit-elle à voix basse. Il ne peut aspirer que ce qui est vivant, ou qui l'a été.

Esvet l'entendit.

- Qu'est-ce que tu dis ?

- Peut-être qu'il ne voit pas tout à fait à travers le sol... Mais à travers ce qui est vivant.

Dysill remarqua qu'elle était montée sur un rocher, là où tous les autres étaient monté sur un arbre. Et c'est eux qui avaient été pris en chasse.

- Les gars, venez ici ! hurla-t-elle alors que la créature se relevait lentement.

Lurian et Keldan commencèrent à courir dans leur direction, mais la bête était rapide. Elle les rattrapa en un rien de temps. Heureusement, Esvet lui lança une petite bombe en plein dans le dos, sa colonne vertébrale éclata d'un seul coup.

- Une bête aussi belle que ça... Franchement, les gars, j'aurais préféré pas faire ça, dit Esvet alors que les deux Khenasiens rejoignaient le rocher avec lui.

Mais un silence s'installa et les os de la créature se régénérèrent peu à peu dans un bruit de craquement atroce. Elle tourna ensuite autour du rocher, comprenant bien qu'il y avait ici quelque chose qu'elle ne sentait pas.

- Merde, qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? demanda Keldan

- Ca me fait mal de le dire, mais il faut la tuer... Elle est trop dangereuse.

- Comment ? demanda Dysill. On peut pas vraiment lui couper la tête...

- Et on ne peut pas non plus l'attaquer de front, dit Keldan. On se ferait bouffer.

La créature continuait de roder tout autour du rocher.

Lurian essayait de dire quelque chose à Keldan, mais celui-ci ne comprenait pas ce qu'il voulait dire.

- Qu'est-ce qu'il dit ? demanda Esvet.

- Je sais pas... Ce doit être un terme rare, qu'on utilise jamais. Il pointa du doigt la créature et fit un "U" inversé avec les bras.

- Oh, mais oui ! Je sais ! lança Esvet, c'est ça, qui cloche ! Vous avez remarqué ses espèces de bois sur tout le corps ?

- Ouais, dis Dysill, ils grandissent tout le temps...

- Mais pas pour nous impressionner ou nous attaquer. S'il avait voulu ça, ils poussent vers l'extérieur. Là, ils poussent vers l'intérieur.

- Attends, tu veux dire que...

- Il essaie de se tuer. De se transpercer.

- Pourquoi ? demanda Keldan. Pourquoi est-ce qu'il fait pas ça dans son coin ?

- Keldan ! dit Dysill, indignée.

- Bah quoi ? Il pourrait le faire sans essayer de nous manger, non ?

- Parce qu'il lui faut de la matière. Ce qui est végétal ne lui suffit pas, il lui faut des protéines, de la peau, des muscles, des os... Il tue pour pouvoir se tuer lui-même.

Dysill tremblait rien qu'à entendre ces mots.

- Mais pourquoi ?

Esvet prit un ton plus grave.

- Regarde-le. Regarde à quoi il ressemble, comment il marche. Comment il mange. Je ne sais pas ce qui a pu mal tourner pour qu'il vienne au monde ou qui lui a fait ça, mais ce n'est pas naturel. Un animal ne devrait pas vivre ça.

- Alors on met fin à ses souffrances, dit Dysill.

- Ouais, lui répondit Esvet. Vu la direction que prennent ses bois, je pense que si on lui touche le coeur, il peut mourir.

- Alors un grand coup de couteau suffit.

- Normalement.

- Je vais le lui donner, moi.

- Toute seule ? demanda Keldan.

- J'espère bien que vous me couvrirez quand même un peu !

Dysill chercha son couteau dans sa poche mais ne le trouva pas.

- Ah, oui... Ils me l'ont prit à Siegstrauss... Esvet, t'as ce qu'il faut ?

Esvet lui tendit une dague venue d'une poche intérieure.

- T'es une vraie quincaillerie ambulante, toi... lui dit-elle.

Elle regarda la créature et leur dit :

- Vous avez tous pris de sérieux dégâts... Pas moi. Alors je vais le faire.

- Dysill... Lurian a pas non plus été endommagé, dit Keldan.

- Si on est sorti des jeux de la prison, c'est grâce à Gulliver. Si on peut continuer notre route, c'est grâce à Esvet.

Elle afficha un grand sourire et regarda Keldan droit dans les yeux.

- Laisse-moi te montrer que tu peux me faire confiance. Même quand le monde ressemble à ça, dit-elle en désignant la créature, difforme et souffrante.

Keldan fut surpris par la réponse de Dysill. Sans trop savoir pourquoi, il hocha la tête.

Alors la jeune fille empoigna le couteau d'Esvet et sauta du haut du rocher pour se trouver dans la même zone que la créature. Dysill courrut vers elle, et elle courrut vers Dysill. Elle hurla de rage pour donner l'impression aux autres qu'elle n'avait pas peur et glissa d'un coup sec sur le sol puis passa entre les deux pattes avant de la créature. Là, elle enfonça le couteau si profondément dans son poitrail que le sang éclaboussa l'herbe sèche. Elle remonta tout son corps et poussa avec tout son poids jusqu'à atteindre son coeur. La bête s'effondra sur le sol, bloquant Dysill en dessous.

Keldan et Lurian courrurent vers elle pour la dégager. Elle s'était évanouie, mais elle allait bien. Un sourire de paix côtoyait ses yeux inondés de larmes.

Quelques minutes plus tard, Esvet commença à ouvrir la bête, trop curieux de voir comment elle pouvait bien fonctionner. Il commença par couper son coeur du reste de son système sanguin.

- Ah oui, je comprends déjà mieux. C'est pas un coeur normal, ça.

L'organe qu'il tenait entre ses mains semblait nécrosé et des fils en pendaient. Il était de couleur mauve et de petites excroissances blanches avaient commencé à pousser dessus.

Poursuivant son enquête dans les entrailles de l'animal, il l'ouvrit jusqu'au ventre et tomba sur un objet inhabituel. Il s'agissait d'une grande tablette de pierre où étaient écrits plusieurs formules en langue commune :

"Ces chaînes qui retiennent de l'abysse.

______

Virilité 127

Tout ce qui désire vivre se rend nourriture. Toute nourriture bâtit la vie."

- Qu'est-ce que c'est que ce truc ? demanda Keldan, dégoûté.

Esvet la nettoyait soigneusement, sans prêter attention à ce que lui disait Keldan.

- T'as pas vraiment l'air surpris.

- Non, pas vraiment.

- Me dis pas que c'est ce que tu cherchais ? Tu savais qu'il y avait ça à l'intérieur ?

- Comme quoi, il faut jamais faire confiance à personne, dit-il en souriant. Surtout à quelqu'un qu'on appelle "Coyote".

- Qu'est-ce que c'est ?

- Je ne sais pas. En fait, j'en ai déjà vu une, mais pas dans ces circonstances. Désolé de pas vous en avoir parlé plus tôt, mais je pouvais pas me douter qu'il y en avait une dans le ventre de la bête.

- Je crois que c'est une sorte de "mémo". Mais on dirait que ça peut faire plus que ça... Pourtant, pas d'énergie, ce n'est pas une roche particulière. Elle n'a rien de spécial. C'est de la pierre, et des mots.

- Elle disait quoi, l'autre ? Celle que tu as trouvé ?

"Qu'il s'élève ou tombe.

______

Intégrité 5

Ce qui demeure, vit. "

- C'est très... cryptique. Ton truc.

- Ca, tu l'as dit.

Esvet nota quelque chose dans un petit carnet et s'adressa à Keldan, alors que Lurian s'occupait d'une Dysill reprenant peu à peu ses esprits.

- Mais ça veut dire quelque chose, mon gars. Que le monde part en vrille. C'est pas le premier truc bizarre de ces dernières années. Il se passe quelque chose qu'on ne comprend pas encore.

- T'as une idée de quoi ?

- J'aimerais.

Il rangea son carnet.

- Mais si j'étais vous, je me ferais discret une fois que j'aurais trouvé Gath, et je reviendrais à une petite vie tranquille.

- Trouvé qui ?

- A d'autres... Trois gamins à des centaines de lieues de chez eux, qui veulent passer dans les montagnes sans me dire ce qu'ils y font... Vous cherchez Nicolas Gath, et vous avez sûrement un indice ou deux, sinon vous seriez pas là.

- Et tu vas...

- Rien faire de plus, Keldan... C'est votre quête, je suis pas là pour vous mettre des bâtons dans les roues. Mais d'autres le cherchent, mon vieux, alors faites bien attention.

- T'es à sa recherche, toi aussi ?

- Ca se pourrait, oui.

Dysill revint ensuite à elle et appris tout ce qui avait été dit pendant qu'elle était endormie. Esvet enterra le coeur de l'animal, c'était une coutume, chez lui. Il emporta ensuite les restes au village de Chaill pour bien prouver qu'il avait eu la bête. Il empocha la récompense et ne manqua pas d'en donner une partie à ses trois comparses pour l'avoir aidé à trouver la créature.

Et puis, comme promis, il leur montra l'autre chemin au départ plus escarpé, mais qui débouchait sur un superbe point de vue.

Après avoir remis la plaque dans son sac de voyage rempli de babioles, Esvet rejoint Lurian. Celui-ci tenait un fagot de petit bois, et tous deux s’activèrent à faire un feu.

- Comment tu stockes tous ces trucs ? demanda Keldan. Puisque t’as pas de « chez-toi », tu les mets dans un genre de banque ou de dépôt ?

- Mais vous vous trompez, sieur Keldan. J’ai un chez-moi. C’est juste que j’y rentre pas très souvent. Tiens, tu peux me passer les allumettes dans le sac à ta gauche ? On va tricher un peu, il fait pas chaud.

Dysill finit de monter la grande tente qui devait tous les accueillir pour la nuit et rejoint les trois garçons près du feu qui commençait à naître.

- Ah ça commence à prendre, lança Esvet, satisfait. On va s’en jeter une bonne, les petits gars.

Il partit dans sa tente et récupéra deux faisans que Lurian et lui avaient trouvé dans la forêt.

- On mange pas le cerf ? demanda Keldan.

- Un animal sans tête, au cœur malformé, avec une tablette dans le bide et des bouches sur les pattes. Et tu voulais le manger.

- Pourquoi pas ? Petite nature…

Le feu prenait de plus en plus, et après avoir plumé et cuits les oiseaux, ils partagèrent un repas bien mérité.

- La vache… C’est bon, ces trucs ! dit Dysill toute enjouée.

- Vous avez pas ça, en ville, hein ! dit Keldan. Remarque, on trouve pas cette variété par chez nous non plus…

Et après avoir jeté les derniers os dans le feu, les compagnons furent repus, même Keldan. Il avait d’ailleurs un peu maigri, ces derniers temps. Plutôt normal, au vu des doses qu’il mangeait d’habitude et l’entraînement qu’il s’infligeait régulièrement avant son voyage.

Lurian se réchauffait les mains près de la flamme, et Esvet avait sorti un petit cigarillo de l’une de ses sacoches. Il le mâchouillait en levant la tête, regardant les étoiles, puis l’alluma à l’aide du feu. Dysill, quant à elle, venait de s’allonger sur l’herbe.

- Sans indiscrétion, les gars, vous voulez lui demander quoi, à Gath ?

Tous furent interpellés par la question. En fait, aucun n’avait vraiment pensé à demander aux autres ce qu’était leur souhait.

- Bonne question, ça, dit le Coyote. En fait, j’en sais rien. C’est cette histoire qui m’intéresse, cette aventure ! Est-ce que Gath sait tout parce qu’il a tout appris, ou est-ce que c’est sa nature même ? Est-ce qu’il existe, d’ailleurs, ou c’est du vent ? Une fois que je le saurais, je passerais à autre chose, c’est tout.

Il prit une bouffée de tabac puis l’expira.

- Mais si je devais lui demander un truc, ce serait « où trouver un max de fric, facilement, et rapidement ».

- Et t’en ferais quoi ? demanda Lurian par le biais de Keldan.

- Je crois que je construirais une maison pour orphelins. Et je paierais des mecs pour s’en occuper. Mais, des types que je connais, pas le dernier plouc d’Andar avec un diplôme à la con. J’ai déjà été dans un de ces trucs quand j’étais gamin, et j’aurais bien aimé ne pas être cerné par ces escrocs-là.

- T’as pas de parents ? demanda Dysill.

- Plus depuis longtemps, mais t’en fais pas, je le vis pas trop mal, dit-il avec un sourire sincère.

- Non, c’est juste que moi non plus, j’en ai pas.

- Alors si t’avais monté ton truc dix ans plus tôt, on s’y serait tous retrouvés, dit Keldan.

- Je savais que Lurian était orphelin, mais pas toi, Keldan, dit Dysill.

- J’ai pas à me plaindre, il me reste une grand-mère.

- Et moi, il m’en reste deux ! lança Esvet. Je crois que je suis le privilégié de la bande.

Tous se lançaient des regards à la fois amusés et gênés. Dysill se demandait pourquoi il était si simple de parler de ce genre de choses ici et maintenant, avec eux. Alors, elle se souvint un instant du repaire des chats de gouttière, dans le carré d’herbe à côté de la librairie. De Sally, Lucas, Duncan et Adrian devant un feu allumé à l’aide des réverbères. Du silence. Des rires. De l’amour.

- J’ai un ami, en ville, dit-elle. Il est… comment dire… malade. J’aimerais que Gath me donne un remède pour le soigner.

- C’est Stroker? demanda Keldan.

- Non, mais ils se connaissent. Et je pense qu’à lui aussi, ça lui ferait plaisir de le voir en bonne santé.

- Alors on posera une autre question, je vais pas lui faire une fleur, quand même ? dit Keldan d’un ton blagueur. Dysill rit un petit instant, mais elle repensa à son ami, resté à Andaria.

- Je me demande comment il va, d’ailleurs.

Elle regarda alors le petit Lurian, qui trouvait visiblement la chaleur du feu très agréable.

- Et toi, Lurian ? Tu demanderais quoi ?

Lurian réfléchit à comment formuler son propos, puis entama une série de gestes.

- Si c’est possible, j’aimerais retrouver la parole. Je suis fidèle à mon ordre et à mon pays, alors je ne dévoilerais jamais les secrets que je tiens dans mon cœur. Mais j’aimerais pouvoir au moins une fois discuter avec…

- …mes amis, finit Dysill.

Keldan était étonné.

- Pardon, j’ai reconnu ce signe, celui avec la main du haut qui serre celle du bas.

Lurian et Dysill se regardaient en souriant, le petit gardien voyait qu’elle faisait de son possible pour pouvoir communiquer avec lui.

- Et toi, Keldan ? demanda Esvet. Tu demanderais quoi ?

- Je sais pas exactement comment je lui formulerais…

Sa respiration s’accélérait légèrement, il fronçait les sourcils. C’était l’attitude de Keldan lorsqu’il était en proie à de fortes émotions, mais qu’il tentait tant bien que mal de les cacher.

- Il y a un type qui a pris le pouvoir, dans le Sud… A Khenas. Et quand je dis qu’il a pris le pouvoir, c’est pas avec l’appui de je-ne-sais-quelle caste. Il était tout seul. Il est arrivé un jour avec une dizaine d'hommes, même pas. Il est sorti de nulle part et il a tué le roi.

Dysill et Esvet écoutaient attentivement. Quant à Lurian, il n’avait eu que des échos de ce qui se passait dans le monde Khenasien. Le renversement de pouvoir n’avait rien changé à l’ordre des Gardiens.

- On dirait qu’un étau se resserre depuis des années. Les gens ont peur, là-bas, et ils ont raison. Il a fait déporter beaucoup de monde. J'ai vu des voisins disparaître et des familles déchirées. Il a ruiné la vie de ma sœur, et il a fait tuer quelqu’un que j’aimais beaucoup.

- Tu veux le tuer ? demanda Dysill.

- Ou le faire disparaître. Qu'on en entende plus jamais parler.

- C'est quoi, son nom ?

- Ensh'Idai.

La flamme dansait devant les quatre compères. Tous étaient perdus dans leurs pensées et n’écoutaient que les braises éclater dans le vent.

- Vous savez que ce que ça veut dire, les gars. Si il répond à une seule question, on pourra pas tous avoir ce qu’on veut, dit Esvet.

- J’y avais même pas pensé, répondit Dysill.

- Et si notre question c’était : Est-ce que tu peux résoudre tous nos problèmes, à Dysill, Esvet, Lurian et moi ? proposa Keldan.

Dysill était un peu surprise. Jusque-là, même si leurs rapports mutuels n’étaient pas mauvais, elle n’aurait jamais pensé que Keldan pouvait se soucier de ce qu’elle voulait.

Et s’il répond simplement « Oui, je peux. Mais je veux pas. » ? T’aurais l’air con, rit Esvet.

- Ah ouais… pas bête.

Lurian fit une série de cinq gestes que traduisit Keldan.

- On est tous partis du principe que ce Gath était un chic type, mais qu’est-ce qu’on en sait ? Peut-être qu’il est un peu sadique. Ou pire.

- T’arrives à traduire tout ça avec si peu de signes ?

- Je prends quelques libertés.

Lurian sourit, il pensait au contraire que s’il avait pu parler, il aurait exactement dit ça.

- C’est un sacré truc de fou…

Le silence retombait soudainement, laissant de nouveau nos amis pensifs.

- En tout cas, dit Dysill, on a peut-être bien droit qu’à un essai. Sans triche, sans détour, sans jeu de mots.

Esvet se leva et prit la direction de sa tente.

- Dans ce cas… Faudra bien choisir ! Maintenant je vous laisse messieurs dames, je vais me coucher. Je pars tôt, demain.

- Tu t’en vas ?

- Ouais… Je préfère tracer ma route tout seul. Sans compter que ça me fendrait le cœur de vous piquer votre vœu juste devant vous.

Il jeta son manteau à côté de sa petite couche et tira le rideau. Quelques minutes plus tard, on l’entendait ronfler.

Keldan sourit.

- Il y a de ces types, dans ce monde.

- On va le faire, Keldan, dit Dysill.

- Faire quoi ?

- Je sais pas comment on va s'y prendre, mais on aura nos réponses. Tous les trois. Et même Esvet.

Elle tendit alors sa main vers Keldan, la paume vers le ciel et les doigts recroquevillés, comme pour faire le signe "ami" qu'utilisait Lurian. Keldan fut amusé par la requête de la jeune fille et compléta le signe avec sa main.

- Ca marche, les Crocs.

Dysill tendit son autre main vers Lurian, qui compléta le signe. Lurian et Keldan firent de même. Les trois amis formaient un triangle devant la flamme dansante. Ca y est. L'aventure prenait un nouveau tournant.

Le lendemain, Dysill se réveilla et sortit de la tente pour prendre la fraicheur matinale. Esvet était déjà parti, alors que le soleil n'était même pas encore complètement levé. Elle se demandait bien si ils allaient se revoir, et quand.

En tous cas, elle pouvait sentir que quelque chose changeait en elle. En voyant derrière elle s'étendre le chemin qui menait aux plaines et aux vallées qu'elle venait de parcourir, elle se rendait compte que le monde était beaucoup plus grand que ce qu'elle pensait, et qu'il y avant sans doute beaucoup plus de voies et de possibilités que ce qu'elle avait imaginé.

Lurian méditait sur un petit rocher, assis en tailleur et croisant les bras. Il le faisait tous les matins depuis qu'il avait quitté la Mangrove.

Dysill s'installa près de lui sans vraiment comprendre ce qu'il faisait. Elle se mit en tailleur, croisa les bras et ferma les yeux. Contrairement à Lurian, elle n'était pas calme du tout, elle s'arrêtait toutes les cinq secondes pour se gratter ou se mettre dans une autre position.

Lurian ouvrit les yeux et la vit gigoter dans tous les sens, les yeux fermés et sans même comprendre le but de ce qu'elle faisait. Alors il pouffa de rire. Dysill ouvrit elle aussi les yeux et vit Lurian se moquer d'elle, peu à peu, elle se mit à sourire avant d'éclater de rire.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Spharae ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0