Il fait noir.

Son souffle s’accélère.

Son cœur tambourine de plus en plus fort contre ses côtes.

Ses mains tremblent.

Le monde tourne.

Elle ferme les yeux.

Il lui semble que ses sens se mélangent. Elle a les yeux ouvert mais ne voit pas, elle écoute mais n’entend rien et aucun son ne passe ses lèvres gercées par une respiration trop rapide et le manque d’air.

Le monde devient soudainement plus grand lorsqu’elle se laisse tomber contre un mur, tremblant tellement qu’il semblait possible que les briques s’effritent.

Les ténèbres se répandent devant ses yeux tandis qu’un rapace aux serres acérées se jette sur son cœur, profitant de sa faiblesse pour étreindre avec force l’organe qui a de plus en plus de mal à battre correctement.

Cet étrange sentiment vient prendre possession de son être, contrôler son esprit, ne laissant plus qu’une enveloppe charnelle démunie.

Un frisson vient violement la secouer.

Elle ne s’est jamais sentie aussi mal-à-l’aise que dans cette cage, cette prison aux lourds barreaux épais l’empêchant de poser le regard sur le soleil, l’empêchant de sentir le vent dans ses cheveux, de respirer, rire. Seule l’oppression lui tient compagnie. Camarade de cellule, elle est comme son ombre : toujours présente, impossible de se débarrasser d’elle, visible dans les moments de joie des journées ensoleillées mais cachée, tapie dans la pénombre des jours nuageux.

D’une main tremblante, elle cherche dans son sac un moyen de se libérer. Le bélier ouvrant les sinistres portes desquelles elle est prisonnière. La flamme venant détruire tout le clair-obscur régnant dans sa vie.

Elle s’était pourtant juré de ne plus y toucher, de ne plus en être dépendante, de s’en sortir sans. Mais il est impossible de se battre à mains nues contre un ennemi plus fort que soi. Le goût amer de sa capitulation se répand sur sa langue. Mais elle est condamnée à attendre silencieusement son armée de salut, seule face à ses démons, plus forts et vivants que jamais.

Elle se déteste d’être si faible, de devoir déposer les armes et de se rendre face dès la première difficulté. Elle a essayé, pourtant, de se relever, de réajuster son armure et de retourner au combat. Mais ces traitres d’alliés blanc se contentent de lui donner le drapeau immaculé et d’attendre sa reddition. Inutiles et pourtant irremplaçables, elle fulmine tandis que son souffle se calme enfin. Sa vision redevient peu à peu nette et les couleurs redeviennent maîtresses du monde, chassant les ombres. Les joues encore humides, elle frissonne. Elle sait que si la bataille est passée, ce n’est pas la fin de la guerre pour autant.

Elle reste au sol, attendant que ses membres cessent de trembler tandis que ces souvenirs, eux, s’envolent à tout jamais.