Un mauvais rêve

3 minutes de lecture

Célia

L'après midi du 15 janvier

Je prépare le goûter de Sandrine composé d'une salade de fruits, d'un verre de jus d'orange et de biscuits qui cuisent dans le four. Je dois faire attention à l'alimentation de Sandrine, il faut qu'elle soit équilibrée et saine. Je jette un œil sur ma sœur qui monte les escaliers vers les chambres. La minuterie du four sonne dans la cuisine, je m'empresse de m'y rendre. Le plateau de biscuits dans mes gants, je me souviens soudain que je n'ai pas fermé la porte de la chambre de mon père. Je lâche sur le sol mon plateau, je cours à travers la maison jusqu'à apercevoir au bout du couloir du premier étage, la porte de la chambre grande ouverte. Non Sandrine ! J'entre précipitamment dans la pièce, et ce spectacle abominable me remplit d'effroi; mon père boit son cognac alors que ma sœur vient de se couper le pied sur une bouteille d'alcool ébréchée. Les événements se suivent à une vitesse effrénée, je préviens les urgences, ma sœur est hospitalisée et les services sociaux mènent une enquête sur nous.

Brusquement, je me cogne contre la tête de lit, tout cela n'était qu'un mauvais rêve mettant en scène les propres bouleversements de ma vie. Mickaël m'a emmené et bordé dans ma chambre, c'est si adorable de sa part. Je change ma tenue de soirée pour des vêtements plus décontractés, et ensuite, je me rends dans la cuisine pour allumer ma machine à café lorsque des cognements sur la porte se font entendre. À travers le judas, je perçois une jeune femme aux cheveux attachés arborant fièrement un t-shirt humoristique avec un large sourire jusqu'aux lèvres et un panier dans les mains. J'ouvre la porte, elle se présente comme Elia Mebbel résidant à quelques pas de chez moi.

Malgré une légère timidité, elle se trouve être une personne qui possède beaucoup d'humour et une remarquable ouverture d'esprit. Elle exerce en tant que professeur dans une école primaire, nous avons à peine le temps de discuter qu'elle m'annonce être sincèrement désolé pour ce qui est arrivé au voisin. Elle m'explique le dénouement désastreux de cette matinée impliquant un accident de Mickaël, elle me propose dès lors de m'emmener à l'Hôpital de la Salpêtrière pour le voir. J'accepte volontiers cette offre généreuse de sa part, nous échangeons brièvement lors du trajet quelques mots dans sa voiture jusqu'à franchir la porte de l'hôpital.


Une infirmière m'indique gentiment sa chambre, et je m'y dirige sans tarder. Cette journée semblait mal commencer, mais là le voir allongé sur ce lit avec un cardiographe mesurant les battements de son cœur et une perfusion intraveineuse m'angoisse d'une façon incalculable. Les images de ma mère dans ce lieu me reviennent en mémoire, les traumatismes de mon enfance. J'ai passé ma vie entière à prier pour me débarrasser à tout jamais de cette maladie. Mes prières ne faisaient que s'ajouter à tant de complaintes ignorées qui formaient une seule tragique chanson mêlant les maux de l'humanité. J'écoute le médecin expliqué à Elia que son patient n'a subi miraculeusement aucun dommage grave, néanmoins il ne s'est pas réveillé pour le moment. Elia s'approche de moi pour me réconforter en me transmettant maladroitement un câlin, je lui réponds par un sourire la remerciant de sa sollicitude et je m'assis à la gauche du lit de Mickaël pour lui serrer la main. Même si je connais à peine cet homme, je sais étrangement que je l'aime déjà.

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