Jour 2 bis : Emberlificoter
Assise à la terrasse du café, je l'observe. C'est notre second rendez-vous et celui-ci, je sens, va totalement partir en live. Faut savoir que je suis une grande parano dans la vie. Je scrute minutieusement les gestes et les mimiques des visages. Un portrait robot se forme dans ma tête direct. Ensuite, j'anticipe toutes probabilités, toutes éventualités sur la personnalité du personnage. Jusqu'au pire. C'est le problème des lectrices accros aux thrillers. J'ai des années de pratique au compteur, repère un manipulateur à des kilomètres. Du simpliste au plus pervers.
Il me parle. Je suis déjà bien loin.
Sa vie, ses difficultés pour rencontrer "une fille bien". Là, une sonnette d'alarme s'est déclenchée dans mon cerveau. Mon cerveau a bloqué sur ces trois mots.
Lui, ne se rend compte de rien. Et continue à m'emberlificote.
BlaBlaBla
Limite, ça me fait rire.
Mais non ne ris pas, ce n'est pas poli.
Je brille par mon silence. Cela devrait lui mettre la puce à l'oreille. Mais naif ou nigaud, il poursuit son curriculum vitae de trentenaire d'enfant gâté d'après ses derniers propos.
Monsieur est retourné vivre chez ses parents suite à sa séparation. Victime selon ses dires d'une tortionnaire qui a fait de sa vie un enfer. Partie avec leur gosse. Fuite oui plutôt...
Là, j'éclate de rire.
Surpris, il se tait. Enfin.
Ravale sa larme d'un geste brusque.
Je peux enfin m'exprimer.
Alors j'avale cul-sec mon verre de bière. Besoin d'un remontant. Et balance sur la table un billet.
Et je me casse.
Avec dignité, cela va sans dire !
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