Jour 8 : sanglot
La route est belle en ce retour de week-end. En face, un coucher de soleil étonnant tombe sur la mer. Les nuances de couleurs partent du jaune vif au violet en passant par du rose, de l’orange.
Orange, elle a toujours aimé cette couleur. La couleur de l’Inde, la couleur de son enfance. Une couleur qui donne la pèche, qui éblouit la vie.
Ils sont calmes dans la voiture. Chacun perdu dans ses pensées. Sans doute se remémorant ces trois jours de congés où la famille s’est regroupée. Il y a eu des rires, des regards complices, mais aussi de la crispation, des disputes.
Elle s’en fiche. Elle a l’habitude de cette ambiance. Et au final, tout le monde se quitte heureux. Comme chaque fois.
Une playlist tourne dans l’habitacle de la voiture.
Soudain les premières notes de “Wind Of Change” de Scorpions.
Un souvenir lointain vient piquer ses yeux. Discrètement, elle refoule une larme. Elle détourne alors la tête du coucher de soleil et regarde les murs gris qui longent la route nationale.
Ne pleure pas.
Elle se revoit, vingt ans auparavant, bouffer des kilomètres sur ces mêmes routes la nuit. En chantant à tue-tête cette même chanson. Qu’il adorait.
Elle ressent son absence. Toujours aussi prenante. Voire de plus en plus ces derniers temps. Des sanglots restent bloqués dans sa gorge. Son corps s’est raidi, son cœur va exploser.
Saloperie de souvenirs qui apparaissent toujours par surprise.
Elle pleure en silence.
Brusquement sa fille coupe la chanson et met la suivante.
Leur fille.
Elle a dû ressentir le désespoir dans lequel s’enfonçait sa mère. Insidieusement.
Après une profonde inspiration, celle-ci retrouve son calme et recherche le coucher de soleil. Il a disparu. De grands nuages gris ont pris sa place.
Au final, il est juste venu faire un clin d’œil sous ses lumières chatoyantes. Ce n’était qu’un souvenir heureux.
Pour être parmi nous. Sans doute.
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