5 : In extremis

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Une pluie fine s’invite dans mon errance le long des quais, un froid glacial. C’est donc ça qu’ils appellent le crachin ? Le temps est à l’image de mon humeur : maussade. Je viens de me prendre le râteau du siècle. Le premier depuis quinze ans, le premier depuis Lauryne.

Putain, Greg, qu’est-ce que tu croyais ? Qu’elle allait te tomber dans les bras, enivrée par ta voix ? Ouais, j’y croyais…

Le crachin faiblit, il est presque imperceptible. Seul le froid subsiste, alors je relève mon col, m’allume une cigarette, comme ça, pour rien, me donner une contenance peut-être. Ça fait un moment que je marche d’un bon pas en direction de nulle part, sans vraiment savoir où je vais ni où je suis. Ça fait un moment que mon esprit divague…

"La pluie a délavé tous les mots que j’invente /

Les oiseaux ont crié pour pas que tu m’entendes…" [6]

Pourquoi j’ai cette ritournelle de Cabrel dans la tête ? Et les paupières qui clignent ? Eh merde, voilà que j’ai envie de chialer comme un môme. C’est pas la cigarette. Angie… Angie… Pourquoi ne veux-tu pas de moi ?

— Grégoire ! Grégoire !

Cette voix familière… Je me retourne.

— Mathilde ?

— Vous n’êtes pas facile à retrouver ! s’exclame-t-elle à bout de souffle.

— Je croyais que…

— La gent féminine est compliquée, vous savez !

— Certainement mais…

— Bien souvent, quand une femme vous dit non, c’est qu’elle meurt d’envie de vous dire oui ! Enfin, non… Je veux dire, généralement non, mais là si.

— C’est ce que vous a dit Angie ?

— Pas exactement dans ces termes mais… En substance, c’était à peu près ça.

— Je ne vous crois pas…

— S’il vous plaît, raccompagnez-moi à la boutique, sinon elle va me tuer !

— Vraiment ? fais-je, amusé.

— C’est une image bien sûr, Choupette n’est pas violente pour deux sous !

— C’est ce que j’avais perçu…

— Et puis si jamais ça ne fonctionnait pas entre vous, dites-vous que moi, je suis libre…

— Pardon ?

Mathilde rougit. Je peux parfaitement lire dans ses yeux que je suis son genre. Et en d’autres circonstances, elle aussi aurait pu me plaire. Seulement, je suis… Amoureux ?

— Je plaisantais ! C’était une boutade évidemment ! Pour qui me prenez-vous ? se défend-elle.

— Pour une femme qui dit non quand elle meurt d’envie de dire oui, réponds-je sur un ton badin.

Je vois très bien qu’elle ne sait pas vraiment comment prendre cette réplique, qu’elle a du mal à savoir comment se positionner par rapport à moi. Je lui fais de l’effet, c’est indéniable. Mais je suis le mec potentiel de son amie, sa meilleure amie…

[6] : Paroles extraites du titre « Je te suivrai » de Francis Cabrel.

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