Journal d'Emmanuel, Gouverneur de l'Olympe.

Ce matin là, Adelphos s'était installé dans l'antichambre du ministère de la communication et attendait après mon bon vouloir pour le recevoir.

Il avait considérablement maigri depuis la dernière fois que je l'avais vu, six mois plus tôt. Le banc sur lequel il était assis était réservé à ceux qui demandaient expressément à me parler. C'est donc de guerre lasse que je l'appelai et le fis entrer dans mon bureau.

Une fois face à face, je le vis sortir un double rouleau de son himation[1]. Il me le tendit en me disant ces mots que je n'oublirai jamais :

— J'ai écri ces mémoires à votre intention, Gouverneur.

Je parcourus à peine les premières lignes que je sentis le poids d'une telle révélation.

— Mais pourquoi ? lui demandais je. Voilà bien une nouveauté !

— Parce que, grâce à vous, j'ai pu apprendre à lire et à écrire. Il est normal que je me livre à vous. J'espère que la lecture vous éclairera.

Puis il sortit, sans me demander d'avantage que d'être le dépositaire de cette œuvre, et par là-même, son lecteur.

Je ne commençai à le lire qu'une fois rentré chez moi auprès de mon épouse,et ce que je découvris d'Adelphos dépassait de loin tout ce dont je me souvenais de lui.
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[1] Vêtement : manteau découpé dans un vaste rectangle de laine épaisse. Il est porté sur le chiton diversement drapé autour du corps et se maintient sans attache.