Le ministre Raphael

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Daphnée, sur le chemin qui nous conduisait au ministère de la santé me montrait de loin le ministère de la vie métathanatique[1], le ministère de la communication, le ministère des sciences, celui de la protection civile, le ministère de l'urbanisme, dont dépendait le centre des transports, avec ces immenses magnéto-cabines qui continuaient leur ballet pendant toute la journée.

Enfin, je vis le bâtiment en triple hélice caractéristique du ministère de la santé.

— Le centre de régénération c'est cette aile là… me dit Daphnée en me désignant une branche de la triple hélice de 5 étages. Mais on va d'abord se rendre au bureau du ministre Raphael.

Je la suivis et entrai dans une autre aile. Nous nous dirigeâmes vers une antichambre où deux personnes attendaient leur tour. La porte du bureau s'ouvrit et une femme à la peau sombre en sortit, suivie d'un homme de même couleur, aux cheveux crépus.

— À toute à l'heure, frère Akhenaton, dit la femme.

— À toute à l'heure, sœur Aminata, répondit l'homme d'une voix de basse profonde qui me remua les entrailles.

Il sorti après que nous ayons échangé une salutation silencieux. Il y avait dans ses yeux sombres une courtoisie et une douceur un peu mélancolique qui me fit le regarder s'éloigner. Je me demandais vaguement qui il pouvait bien être. D'un coup de coude, Daphné me ramena à la réalité.

— C'est un frère de la colonie de Gizeh ! me chuchota t-elle. Leur peau est sombre en Égypte !

— Ah ? fis je, incapable d'articuler une phrase complète tant la stupéfaction m'en empêchait.

La sœur "Aminata" nous interrogeait du regard et ce fut Daphné qui dut intervenir.

— Frère Eugénios nous envoie. Pardonne à notre frère Adelphos, il vient d'arriver en ville. Nous avons un message pour le ministre Raphael.

— Asseyez vous, je vais voir si il peut vous recevoir, répondit la sœur avec un accent chantant et un sourire éclatant de blancheur.

Nous n'eûmes pas longtemps à attendre. Mais sur le peu de temps que nous attendîmes, Daphnée eut le temps de me supplier de rester concentré.

— Je sais que c'est difficile pour toi, me dit-elle, moi aussi, la première fois que je suis venue, je ne savais pas où poser mes yeux.

— Tu n'es pas de la ville ?

— Je suis du 'Petit Émeraude', me répondit elle avant d'être interrompue par le retour de la sœur Aminata qui nous annonçait que le ministre allait nous recevoir sur le champs.

Heureusement que Daphnée m'avait dit de rester concentré : la couleur d'Akhénaton et d'Aminata n'était rien face aux couleurs des yeux du ministre Raphael. Son œil droit était bleu myosotis et son œil gauche était marron doré. Il me serra chaleureusement le poignet alors que je me demandais intérieurement lequel de ses yeux me regardait. Il avait les cheveux châtains clairs qui blanchissaient aux tempes et un sourire bienveillant. Il nous désigna une partie de son bureau où se trouvaient des fauteuils confortables et une petite table où un récipient, avec un bec verseur qui fleurait bon les herbes.

"J'ai une infusion de thym et d'origan, gracieusement apporté par notre cher frère Akhenaton, que vous avez dû croiser, sans doute, dit-il, vous plairait il d'en savourer une tasse ?"

Alors que j'acceptais d'un signe de tête, Daphnée ne se tenait plus d'enthousiasme :

— C'est tellement charmant de la part d'Akhenaton ! dit-elle en s'asseyant, parfaitement à l'aise dans cet environnement alors que je marchais sur des œufs, ne sachant comment remercier le ministre.

Il remplissait des tasses donc la facture était d'une extrême finesse par rapport à nos jattes de terre cuites.

— Le ministre Eugénios m'a remis un message à votre intention, balbutiais je, reprenant la formule que Daphnée avait utilisée auparavant, et lui tendant le message scellé.

— Voyons cela ! répondit Raphael en prenant le rouleau d'une main et me tendant la tasse de l'autre.

L'infusion me calma les nerfs. La saveur de l'origan d'Égypte, se mariait admirablement avec le thym de nos contrées. Après la lecture du message, Raphael se tourna vers Daphnée.

— Tu n'as pas de message pour moi, sœur Daphnée ?

— Seulement orale, monsieur le ministre, Eugénios m'a suggéré d'embellir les chambres du centre de régénération avec des compositions florales. Quand commencerais-je ?

— Rien ne presse, ma sœur. Tu commenceras demain, ainsi que notre frère Adelphos. Je vais demander à Aminata de vous monter vos chambres respectives.

— Pas de cocon ? demanda Daphnée, surprise.

— vous avez besoin l'un comme l'autre de vous isoler pour prendre vos marques. La salle des cocons étant collective, vous ne pourriez pas vous reposer aussi facilement que dans une chambre individuelle. Rassurez vous, nous en avons suffisamment pour loger une armée.

Il saisit une clochette qu'il actionna d'un mouvement de poignet. Aminata entra et s'inclina.

— Ma chère fleur du désert, l'appela Raphael d'une voix douce, Je te remets ces adolescents. Tu les installeras dans les chambres individuels du premier étage.

—Oui, monsieur le ministre.

— Tu veilleras à ce que leur uniforme soit prêt. Un uniforme d'office pour notre frère Adelphos et un autre de volontaire pour notre sœur Daphnée.

— Très bien, dit Aminata en nous adressant un sourire.

Nous prîmes congé du ministre de la santé et suivîmes la femme d'Afrique qui nous mena à l'étage supérieur de la même aile.

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[1] mot d'origine grecque, littéralement "après la mort", en latin, "post-motem"

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