— Krjü.
 — Oui ?

Les pieds sur le tableau de bord, Krjü s’avalait un petit encas.

 — T’es sûr de toi ? Je veux dire, le chemin qu’on a pris, là, ça craint pas, hein ? ça craint pas ?
 — Attends, Gulkus ! ça fait une éternité que tu me tannes avec ça.

Krjü se redressa rapidement.

 — Bon, écoute, mon Gulkus. Imagines, t’es sur la route, comme ça normal. Tu vois un raccourci tip-top qui te ferait gagner pas mal de temps surtout avec un vieux rafiot comme le nôtre. Tu fais quoi ?
 — Heu, bah….
 — Gulkus, voyons ! Tu le prends ! T’enquilles, tu fais pleurer les cylindres et baaam !
 — Oui mais là, on a lâché le groupe. On a beaucoup trop dévié. T’es sûr qu’on va dans la bonne direction ? Je le sens pas moi, ce raccourci.
 — Détends-toi Gugu. T’as l’élastique trop serré ou quoi ? Il vire un peu à droite notre bahut, c’est vrai, mais bon, je gère. Rappelle-toi, y a pas longtemps, je t’ai sorti tout le monde de la panade grâce à mes raccourcis, hein ? Tu t’en rappelles, hein ?
 — Mouais. On cherche toujours une partie des gars, quand même.
 — Attends, ils sont pas morts, on va les retrouver, t’inquiète pas comme ça. Moi je le sens bien ce raccourci.

Il tapote sur le tableau de bord fièrement pour réactiver des diodes qui s'étaient éteintes.

 — La Titine va nous faire arriver avant tout le monde, ça va être classe ! tu verras.