CHAPITRE 2

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2nde version du chapitre avec quelques modifications et du coup, des chapitres décalés. Merci à tous pour vos suggestions. 

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   Quand Chance Divene arriva sur les lieux, tout n'était que confusion et cris. Il regarda brièvement les environs, nota quelques détails sur son carnet puis s'avança vers des policiers en uniforme. Il les sollicita pour boucler rapidement le périmètre et prendre les témoignages des gens qui avaient vu ou entendu quelque chose. Chance était un agent efficace, consciencieux et respectueux de la loi. Il aimait son travail plus que tout et aimait le faire parfaitement. De nature réservée, il avait eu du mal à se faire sa place dans le milieu de la police. Même s'il appréciait de commander, il préférait suivre les ordres. Bon enquêteur, il n'allait jamais nulle part sans son carnet où il notait tout et n'importe quoi. Toujours rasé de près, il partait tous les matins à la chasse aux poils. Il avait le teint hâlé d'un homme qui reste souvent au grand air, de hautes pommettes et quelques tâches de rousseur sur le nez. Sa chevelure châtains clair viraient sur le roux et il n'appréciait pas d'avoir les cheveux trop longs. Brillant d'intelligence, ses yeux noirs étaient rehaussés par un grain de beauté à côté de l'oeil gauche.

   S'avançant vers le lieu du parc où le coup de feu semblait être parti, Chance apprécia que la situation ait été si vite contrôlée. Il avait eu peur qu'il s'agisse d'un énième attentat en venant sur place. Un homme, blessé visiblement, tenait fermement un autre homme et le maintenait au sol. Le pistolet, un peu plus loin, interpella Chance qui alla de suite le mettre dans un sachet hermétique. Puis, il demanda à d'autres policiers de laisser passer les ambulanciers. De suite, Serge fut mis un peu en retrait pour soigner sa blessure. Chance décida tout de même de le laisser avec d'autres agents pour le surveiller. Puis, il alla vers le jeune homme aux mèches vertes pour lui passer les menottes.

- Vous m'autorisez à prendre vos papiers d'identité ?

- Oui, marmonna le jeune homme.

Chance fouilla les poches de son jean pour en sortir un portefeuille tellement usé qu'il s'étonna qu'il ne tombe pas en miettes au contact de l'air.

- Claude Lacroix ?

- Oui , répondit le dénommé Claude.

- J'ai besoin de que me disiez votre adresse pour vérification.

- 135 allée des rossignols, à Mont-Ferrande.

- Votre date de naissance aussi.

- 7 février 1993.

- Bien, répondit Chance en notant sur son éternel carnet de note les autres renseignements qu'il apprit sur l'interpellé, comme son âge et sa taille. Voulez-vous me dire ce qui s'est passé ? Il a tiré ou vous avez tiré ?

- J'ai tiré, mais il n'est que blessé... Je ne veux pas aller en prison...

- Bein voyons. Bien sûr, il n'est que blessé donc je vais vous relâcher sans problème !

Claude Lacroix le regarda avec plein d'espoir dans ses yeux. Chance secoua la tête et le fit asseoir sur un banc, entre d'autres policiers.

- Prenez sa déposition, rapidement, on la complètera au poste. Mais je veux savoir les premières lignes du pourquoi, comment et où avant de partir ! ordonna-t-il.

- Oui lieutenant.

Puis, il s'éloigna de Claude pour rejoindre le blessé qui gémissait. En position couchée, la plaie avait été bandée et une perfusion avait été installé dans le bras de Serge.

- Lieutenant Chance Divene ! se présenta-t-il au blessé. Veuillez décliner votre identité et me fournir des détails sur ce qu'il s'est passé.

- Serge Alis. Je ne comprends pas pourquoi il m'a tiré dessus...

Serge se mit à grimacer de douleur tandis que l'un des ambulanciers augmentait sa dose de perfalgan, pour réduire sa souffrance.

- La blessure est grave ? demanda Chance à un ambulancier.

- Par chance, la balle est ressortie, mais je pense qu'il y a eu quelques dommages tout de même. Nous devons l'emmener à l'hôpital au cas où cela soit plus grave qu'il n'y paraît.

- D'accord. Vous deux, en interpellant les deux policiers qui étaient restés aux côtés de Serge pendant qu'on le soignait, vous l'accompagnez à l'hôpital. Et gardez le à l'oeil !

Acquiesçant, les deux policiers s'installèrent aux côtés de Serge dans l'ambulance. Ce-dernier remarqua que ses mains tremblaient. Il n'était qu'un minable informaticien, qui aurait pu vouloir le tuer ? Il n'avait pas d'ennemis, ne faisait jamais de vague et passait souvent son temps seul. A moins... A moins que cette tentative de meurtre ne soit pas contre le Serge du présent mais contre celui du passé. Et il n'était pas fier de son passé. Même s'il était plutôt content de s'en être sorti sans avoir commis d'actes impardonnables.

    Gérard Hernandez, chef de la police depuis de nombreuses années, sortit de la voiture à toute allure. Agé de cinquante-quatre ans, il en faisait dix de moins. Sa peau, de couleur noire, était très peu ridée. Mesurant 1 mètre 88, il était de corpulence normale, même s'il avait tendance à l’embonpoint s'il ne faisait pas attention. Habillé simplement d'un pantalon en lin gris et d'une chemise de la même couleur, il portait des chaussures de randonnées qui détonaient à cause de leur couleur violette. Ses yeux noirs semblaient constamment en mouvement, virant de gauche à droite, étudiant la scène dans ses moindres détails. Ses cheveux, noirs et coupés courts, se parsemaient de plus en plus de blancs. Son arcade sourcilière droite conservait le souvenir d'une belle chute à vélo ; chute qui lui avait aussi cassé le bras à l'époque. A son oreille gauche, un diamant étincelait au soleil. Cadeau de sa femme Nina, Gérard s'était fait percer l'oreille alors qu'il était en pleine crise d'adolescence. La pensée de sa femme fit apparaître un sourire tendre sur ses lèvres épaisses. Elle était l'amour de sa vie, la seule qui comptait. Son alliance qu'il ne quittait jamais, était là pour le prouver. Ainsi que le fin tatouage qu'il s'était fait faire à leurs fiançailles, au creux de son poignet droit. Le simple nom « Nina » y était gravé. Son épouse avait d'ailleurs le même tatouage, mais avec le prénom de son mari. Un symbole de leur amour et de leur attachement. Ils n'avaient jamais eu d'enfant, n'en avaient jamais voulu. Ils se suffisaient à eux-mêmes. Excepté leur affection pour leur chien, un boxer, et leur lapin, nouveau venu dans la famille. D'origine espagnole, Gérard n'avait jamais connu sa famille biologique. Il avait tenté, plus jeune, de les retrouver. En vain. Mais il aimait passionnément ses parents adoptifs. Ils lui avaient tout donné, dès lors qu'ils l'avaient adopté, à l'âge de trois ans. Pourtant, il n'avait pas un caractère facile à l'époque. Il s'était assoupli en vieillissant, même s'il piquait encore quelquefois de grosses crises de colère. Quand c'était le cas, une seule chose pouvait l'apaiser : la course à pieds. Il adorait courir, sentir le vent sur son visage, sentir les muscles de ses jambes se contracter, sentir le sol sous ses pieds. En vieillissant, il s'énervait moins, il était toujours ferme dans ses opinions et ses choix, mais il était plus agréable de converser avec lui.

- Chance, des détails sur ce merdier ? demanda-t-il en s'approchant du lieutenant.

- Claude Lacroix, assis sur le banc, a tenté de tuer Serge Alis dans le parc. Il l'a blessé à l'épaule et il est actuellement en route vers l'hôpital avec deux agents.

Gérard s'avança vers Claude Lacroix. Ce-dernier avait la tête sur ses genoux, tremblant légèrement.

- Claude Lacroix ? l'interpella le chef de police. Vous a-t-on lu vos droits ?

- Je ne l'ai pas tué, je l'ai juste blessé, répondit-il sans même lever les yeux.

- Ce n'était pas ma question.

- Vous pouvez pas m'arrêter, je l'ai juste blessé ! répéta-t-il.

- Vous déteniez une arme, vous avez fait feu dans un espace où il y avait beaucoup de personnes. Ce n'est pas un stand de tir ici. Et Serge Alis, n'est certainement pas une putain de cible, s'énerva Gérard en prenant Claude par les épaules pour l'obliger à lui faire face.

Tout à coup Claude Lacroix s'anima et tenta de se lever. Les deux policiers, assis à ses côtés, l'immobilisèrent solidement.

- Je vais le retrouver et je vais le tuer. Et je vous tuerais aussi tous autant que vous êtes ! cria-t-il soudain enragé.

- Vous a-t-on lu vos droit ? répéta imperturbable Gérard. Car je vous arrête pour tentative de meurtre sur la personne de Serge Alis et pour menace de tentative de meurtre sur les membres des forces de la police !

- Vous n'avez pas le droit, gémit Claude. Vous n'avez pas le droit... Non....

Toujours les menottes aux poignets, Claude se laissa emmener vers le fourgon de la police. Les gens étaient toujours amassés, leur téléphone filmant la scène, comme si on tournait un nouvel épisode d'une série policière quelconque.

- Si les témoignages de ces personnes ont été pris, qu'ils se dispersent, ordonna Gérard à l'un des policiers, qui empêchait que les gens passe au delà du périmètre autorisé.

- Oui, chef ! répondit-il.

Gérard allait mettre le détenu dans le fourgon quand il entendit qu'on l'appelait. Il se retourna et vit le lieutenant Ron Murat courir vers lui.

- Chef, j'ai trouvé trois témoins direct de la scène au parc. Je les emmène au poste directement pour prendre leurs dépositions.

- Vous m'héler pour ça, Ron ? Vous n'êtes plus novice, faites ce que vous avez à faire.

- Non, ce n'était pas que pour ça, je voulais vous apprendre que...

Le bruit d'un coup de feu les interrompit soudainement. De nouveau la panique secoua toute la place. Les curieux en train de filmer, partirent aussi vite qu'ils étaient venus. Quand aux policiers, ils sécurisèrent les gens et cherchèrent d'où venait le coup de feu.

- Il est à terre.

Gérard se retourna sur l'agent qui venait de parler. Il allait lui demander de qui il parlait quand son regard fut attiré par la tâche de sang qui se formait sous le corps allongé de Claude Lacroix.

- Appelez une ambulance, sécurisez le périmètre encore une fois. Et trouvez-moi d'où le coup de feu est parti et surtout la personne qui a tiré, ordonna Gérard.

Il s'agenouilla au chevet de Claude Lacroix qui saignait abondamment de la poitrine. Il compressa le plus qu'il put la plaie mais le sang continuait de couler à flot.

- Pourquoi ? demanda la voix mourante de Claude.

- Je ne sais pas. Le savez-vous ? Qui a tiré ? Pourquoi avoir tiré sur Serge Alis ?

Les questions se bousculaient dans la tête de Gérard. Mais il savait que s'il en posait trop en même temps, il n'aurait de réponse pour aucune.

- Il m'a menti... chuchota Claude d'une voix faiblarde.

- Qui vous a menti ? demanda Gérard.

- Lui, il m'a menti... Il m'a dit qu'on ne m'arrêterait pas. Il m'a menti.

La voix de Claude s'affaiblissait de minutes en minutes.

- L'ambulance arrive bientôt ? cria Gérard aux alentours.

- Oui, répondit Ron.

- Qui a menti ? demanda de nouveau Gérard, en se retournant vers lui.

- Il m'a dit : « Ne t'inquiète pas... Claude, on t'arrêtera pas... Tu dois juste le blesser, pas le tuer. Surtout ne pas le tuer ! » Il m'a menti... Je voulais tant cet argent... Il m'a pourtant menti...

- Dites-moi qui vous a menti ?

- …

- Parlez putain !!!

- Serge... Il a tout plaqué... Retrouvé et poursuivi... Il m'a menti...

- Serge vous a menti ? demanda Gérard qui comprenait de moins en moins les explications tordues du jeune homme.

- Je crois qu'il divague chef, déclara Ron. Ce qu'il dit a de moins en moins de sens.

Même si Gérard était de son avis, il avait envie de comprendre. Il avait besoin que Claude dise ce qu'il savait.

- C'est... une victime de Ka... Kanu... Serge est une vict... victime... comme moi... Il m'a menti... Pourquoi ?... Il m'a men...

- Claude ! cira presque Gérard pour stopper le flot de parole de Claude. Qui vous a menti, que je lui fasse payer son mensonge ?

Claude accrocha son regard à celui de Gérard, silencieux tout d'abord, se demandant sans doute s'il allait parler.

- Claude ?

- Ka... Kanu... Kanu Lillard...

- Kanu Lillard ? Qui est-ce ? …

Dans un dernier soupir, la tête de Claude se reposa dans un bruit sec sur la route.

- Merde ! s'énerva Gérard. L'un de vous a intérêt à me dire qu'il a choppé celui qui a tiré.

Tous les agents se regardèrent entre eux. Aucun n'avait la bonne réponse.

- Je suis entouré de bons à rien !!!! Qu'on appelle le légiste pour son corps. Je rentre au poste de police et j'espère que le prochain qui me parlera aura des réponses à mes questions ! Ron, continua-t-il en se retournant vers le lieutenant, je veux une enquête complète sur Claude Lacroix.

- Bien Chef, répondit-il.

Puis Gérard rejoignit Chance qui aidait d'autres policiers à faire reculer les passants qui prenaient des photos du cadavre de Claude Lacroix.

- Je voudrais que vous fassiez une enquête complète sur un certain Kanu Lillard. Il se peut qu'il soit à l'origine de la tentative de meurtre de Serge Alis et de Claude Lacroix. Je pense que Kanu Lillard s'est servi de lui mais... Pour quelles raisons ? Il y a quelque chose qui cloche dans cette affaire et je veux que vous et Ron m'appreniez de quoi il s'agit.

- Vous croyez vraiment qu'il a dit la vérité ? demanda Ron en s'approchant d'eux, après avoir mis sa veste sur le visage de Claude.

- J'en sais rien ! s'énerva Gérard. Merde ! Dans une rue bouclée par des policiers, il n'y a personne pour éviter qu'on ne tue un suspect ? Comment c'est arrivé ? Comme ça a pu arriver ? Ron demande autour de toi si quelqu'un a vu quelque chose, quelqu'un, n'importe quoi... Chance, tu te focalise sur Kanu Lillard.

- D'accord chef..., répondit Chance en s'éloignant vers sa voiture.

- J'ai noté quelques caméras dans les rues qui pourraient peut-être nous aider à mettre la main sur l'individu. Je vais aller voir un opérateur de Télésurveillance pour m'aider à visionner les cassettes quand je les aurais récupéré.

- Récupérez aussi celles du parc !

- C'est déjà fait.

Gérard et Ron s'éloignèrent tous deux dans deux directions différentes.

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