Premier contact.
Moi, Sébastian, j'étais l'incarnation d'une personne lambda emprisonnée dans une vie banale. Après des études universitaires et aucune idée de ce que j'allais devenir une fois celles-ci terminées parce que je n'avais toujours pas compris quel métier était fait pour moi, j'avais obtenu un boulot n'ayant aucun rapport avec mes études. Je n'allais pas me plaindre, j'aimais mon job de serveur dans un salon de thé familial, j'aimais cette petite ville dans laquelle je vivais et j'avais des amis géniaux. En bref, une vie tranquille et même parfois un peu trop.
A vingt-six ans, pas de petit-ami, un célibat qui se prolongeait et des rapports familiaux tendus dont la cause principale en était mon homosexualité. Il m'arrivait ainsi de rêver parfois qu'un homme vienne bousculer cette vie un peu routinière, mon esprit romantique sans doute qui ne s'était toujours pas éteint malgré les années.
-Sébastian, arrête de rêver et dépêche-toi un peu de finir de nettoyer, j'aimerais rentrer ! me dit ma patronne d'un ton un peu dur mais en me faisant un clin d'œil afin d'atténuer ses paroles.
Je m'excusai et me repris afin de terminer rapidement mon travail. Il était vrai qu'il se faisait tard et je ne voulais pas causer de problème.
-J'AI FINI ! BONNE SOIRÉE ET À DEMAIN ! criai- je à ma patronne.
-À DEMAIN !
Je m'engageais donc dans la rue et ce début de nuit puisqu'il était tout de même un peu plus de vingt-deux heures. Je croisais encore pas mal de monde et je savourais ce moment après la chaleur du salon qui devenait souvent étouffante, le soir. Surtout après avoir vu défiler les habitués et d'autres personnes de passage, et aujourd'hui avait été une grosse journée !
La nuit était fraîche, pouvoir me promener le soir en respirant cet air frais sans me faire tremper par la pluie et en étant emmitouflé dans mon manteau et mon écharpe épaisse, était une des particularités que j'aimais l'hiver. Ca, les décorations de Noël qui emplissaient la ville et l'illuminaient, et les chocolats chauds.
Après avoir traversé le centre-ville, je passais dans un parc assez bien illuminé mais où il n'y avait personne à cette heure-ci, ce qui n'était pas très rassurant. Généralement, je faisais en sorte de ne pas traîner lorsque je devais le traverser. Je marchais donc à vive allure lorsque petit-à-petit, je me mis à ressentir une douce chaleur qui s'emparait de moi et ma cadence se ralentit d'elle-même. Plus cette chaleur m'envahissait et plus je perdais le contrôle de mon corps. Je me sentais irrésistiblement attiré vers un coin sombre du parc. Je me mis alors à marcher plus doucement dans cette direction. Je sortis du chemin pour avancer dans l'herbe, je continuai d'avancer entre les arbres et je me rendis compte qu'étrangement, la peur ne s'emparait pas de moi, je me sentais bien.
Soudainement, je me stoppai mais pas par ma volonté, ce n'était pas moi qui avait la maîtrise de mon corps, c'était un peu comme si quelque chose ou quelqu'un décidait à ma place. Après un court moment durant lequel je ne bougeais plus, ne comprenant rien à ce qui se passait, j'entendis des bruits de feuillages et de pas derrière moi mais je n'arrivais pas à paniquer malgré la situation pourtant préoccupante. Quelqu'un s'arrêta juste à quelques centimètres de mon dos, je sentais sa présence. Puis au bout d'un moment qui me parut long, une main se posa sur ma taille. Elle continua doucement son chemin sur mon ventre jusqu'à ce qu'un bras m'encercle entièrement et me presse fermement contre un corps dur. Sur le moment, je hoquetai de surprise et je sentis rapidement un souffle chaud contre mon oreille, ma tête se mit à tourner légèrement, j'étais pris dans un brouillard agréable.
Des lèvres se posèrent sur mon oreille et descendirent jusqu'au lobe sur lequel une langue qui me sembla bouillante se posa. Je sentis ensuite des dents me mordiller et j'en poussai un gémissement avant de pencher ma tête sur le côté pour donner plus d'accès à sa bouche. J'entendis alors un grognement mais je n'avais pas peur, j'étais comme étourdi, je me sentais si bien dans ses bras et contre lui. Lui ? Oui car il s'agissait forcément d'un homme, je sentais son torse contre mon dos mais aussi qu'il était bien plus grand et imposant que je ne l’étais. Et puis, au fond de moi, comme si je le connaissais, j'en avais l'intime conviction, il n'y avait pas de doute, je le savais, c'était tout.
-Sébastian, murmura une voix grave qui confirma mes pensées et me provoqua des frissons.
Je ne pus répondre que par un gémissement, je me sentais si bien.
-Ca fait tellement longtemps que j'attends ce moment, reprit-il.
Je n'arrivais pas vraiment à réaliser ce qu'il me disait, je n'arrivais même pas à être étonné qu'il connaisse mon prénom. Je me sentais pris dans une bulle de bien-être et je voulais seulement que ce moment dure toujours, que cet homme mystérieux reste contre moi. Je me sentais comme si j'avais trop bu et je ne pouvais pas bouger. C'est alors que je sentis une main chaude passer sous mes vêtements et me caresser le torse. Elle passa doucement sur mon ventre avant de remonter vers mes boutons de chair qu'il effleura du bout des doigts. Bizarrement, alors que les températures étaient très basses la nuit, sa main n'était pas glacée mais plutôt bouillante comme sa langue. Sous les sensations agréables que ses caresses me procuraient, je frissonnai et penchai encore plus ma tête contre son épaule.
-Je désire tellement te prendre… Ca fait si longtemps que j'attends, dit-il en pressant son bassin contre mes fesses.
Je ne pus encore répondre que par un piteux gémissement. J'étais pris dans nombres de sensations, je n'étais plus capable de rien, je ne pouvais plus penser clairement. Tout ce que je savais, c'était que pour la première fois de ma vie, je ne me sentais plus seul mais enfin complet. Je ne ressentais plus ce vide qui m'habitait depuis toujours sans que je ne sache véritablement pourquoi et comment le combler. Malgré mon manteau, il me sembla sentir quelque chose de dur se presser contre moi...
-Sébastian… murmura-t-il en faisant glisser sa bouche dans mon cou frémissant.
Je sentis sa langue me lécher la peau mais également ses dents me mordiller comme s'il me marquait. J'étais complètement parti, ailleurs, dans un autre monde fait uniquement de sensations et de bien-être. J'étais comme agréablement ivre. Ses paroles me semblaient incohérentes mais je ne m'affolais toujours pas, pris dans ce plaisant brouillard. Puis soudainement, tout s'arrêta. Je m'aperçus tout d'un coup que l'homme n'était plus là, le brouillard se dispersait et je retrouvais le contrôle de mon corps.
Je me retournai vivement pour voir si je l'apercevais mais il n'y avait personne. J'étais seul... Je ressentis alors un grand vide sans lui, il me fallut plusieurs minutes pour me reprendre et enfin me remettre à marcher lentement cette fois, jusqu'à mon appartement.
Sur le chemin, je retrouvais peu à peu mes esprits. Qu'est-ce qui venait de se passer ? Est-ce que j'avais rêvé ? Je dois être trop fatigué en ce moment... Peut-être que j'avais eu une sorte de somnolence sur le chemin, en étant envahi par mes pensées et le sommeil... Ouais, j'essayais de me rassurer mais je ne voyais pas d'autre explication, celle-ci me semblait la plus plausible, décidai-je. Sur cette nouvelle conviction choisie, je partis me coucher sans tarder et m'endormis rapidement, sans doute sous le coup de l'émotion que cette soirée avait laissée…
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