Premier baiser.
-Sébastian, tu peux prendre ta pause si tu veux. Il n'y a pas grand monde, je peux gérer, me dit ma patronne.
-Ok, merci ! Je vais prendre l'air cinq minutes !
En poussant la porte du salon, je soupirai. Les week-ends étaient les pires et il y avait vraiment beaucoup de monde aujourd'hui. Durant la période des fêtes, le salon marchait bien car il était bien situé dans le centre-ville. Il se trouvait en plein milieu du Marché de Noël et à côté de plusieurs magasins aux marques connues. Cette période était donc toujours assez fatigante mais bonne pour les affaires.
Alors que j'étais dans mes pensées, quelqu'un m'interpella :
-Excusez-moi, je cherche Monsieur Sébastian Hailey.
-C'est moi, dis-je en me retournant vers lui.
-Ha, très bien ! Tenez et signez-là s'il vous plaît.
Il me fourgua alors dans les bras, un énorme bouquet de fleurs et l'appareil pour signer, ce que je fis.
-Merci. Bonne soirée ! fit le livreur en partant.
Un peu sous le coup de l'étonnement, je regardais le bouquet en question. Il s'agissait de mes fleurs préférées, des tulipes roses, et elles étaient magnifiques. Je ne pus m'empêcher de sentir leur délicieux parfum en souriant avant de remarquer une carte. Intrigué, je la pris et pus lire seulement quelques mots dans une jolie écriture manuscrite qui se trouvait à l'intérieur, ce qui était étonnant et montrait que l'envoyeur l'avait écrite lui-même et pas seulement dictée au téléphone comme beaucoup le faisaient :
Mes pensées te sont acquises ainsi que mon cœur, mon amour.
Tout à toi,
Pour toujours.
Eric
Eric ? Je ne connaissais personne portant ce prénom. Est-ce que... Non... Mais... Est-ce que ces fleurs pourraient venir de cet homme ? N'était-ce pas un rêve ? Je ne savais plus, je me sentais désorienté sur ce qui s’était ou non passé dans ce parc. Au bout d'un moment à me triturer l’esprit, réalisant de manière pragmatique qu'il faisait froid et que les fleurs avaient besoin d'être protégées et mises dans de l'eau, je me dépêchai de rentrer dans le salon de thé. J'y réfléchirai plus tard, je devais encore travailler trois heures ! me dis-je en soupirant.
**
Il était enfin vingt-deux heures et les derniers clients venaient de partir. Je fermai ainsi avec soulagement la porte et tournai la pancarte pour la placer du côté « Fermé ». Une fois fait, je partis nettoyer le salon avec ma patronne.
-Allez, courage, me dit-elle en souriant. Demain, c'est congé !
-Oui, c'est vrai, répondis-je en mettant plus de cœur à l'ouvrage.
-Alors, petit cachotier ! J'ai vu que tu avais reçu un énorme bouquet de fleurs, tout à l'heure ! Je ne savais pas que tu voyais quelqu'un !
-Ho ! Non, non ! Je ne sors avec personne et mon dernier rencart remonte à tellement longtemps que je ne me rappelle même plus quand est-ce que c'était, répondis-je vivement. Je ne comprends pas. Sur la carte qui se trouvait dans le bouquet, il y avait marqué qu'il venait d'un certain Eric mais je n'en connais pas. Pourtant le livreur a bien donné mon nom lorsqu'il est arrivé. Je suis bien le destinataire de ce bouquet...
-Alors, il s'agirait d'un amoureux secret ?! me dit-elle toute excitée. Ca devient croustillant !
Je ne pus m'empêcher de rire en la regardant, complètement intéressée par cette histoire. Puis nous terminâmes nos corvées pendant lesquelles je pus avoir le droit à des « Maintenant, je ferai attention pendant ton service, je regarderai bien si un homme te fixe particulièrement. » et aussi « Tu imagines ? Et s'il ressemblait à cet acteur sexy ! Heu... Je ne sais plus le nom… Le beau brun ténébreux là... » ou encore « C'est peut-être l'homme de ta vie ! »... J'avoue que lorsque j'avais enfin pu m'en aller, je me sentais un peu soulagé.
Cette histoire était certes, intrigante mais toutes les hypothèses de ma patronne me semblaient un peu farfelues. Je préférais attendre de voir. Cela pouvait tout simplement être une blague de mes amis, certains essayaient de me caser depuis un bon moment déjà, m'encourageant à m'inscrire sur des sites de rencontres mais franchement, les mecs bizarres sur ces sites, la réputation de plans cul faciles et tout simplement le manque de romantisme entourant cette façon de faire ne me disaient rien du tout. Le célibat ne me pesait pas tant que cela même si je me sentais parfois seul surtout en certaines occasions comme lorsque je voyais des couples enlacés dans la rue mais ça allait, je préférais être seul que mal accompagné comme on dit et des mecs cons, il y en avait malheureusement un paquet !
Tout à mes pensées, je n'avais pas remarqué que j'étais déjà arrivé au parc que je devais traverser afin de rentrer chez moi et c'est ainsi que soudainement, je me mis à ressentir une chaleur me pénétrer de manière insidieuse. Je compris que quelque chose d'anormal se passait lorsque je me stoppai sans l'avoir décidé, puis que je me dirigeai vers l'allée remplie d'arbres qui n'était pas beaucoup éclairée. Au bout de quelques pas, je m'arrêtai, encore sous l'emprise d'une autre volonté que la mienne.
Des bruits de pas et de feuillages ne furent pas longs à se faire entendre, et sous l'emprise de cette douce chaleur, je n'arrivais toujours pas à paniquer. Comme la veille, les pas se stoppèrent derrière moi, à quelques centimètres de mon dos.
-Sébastian... murmura une voix rauque, la même voix qu'hier.
L'homme passa ensuite son bras autour de moi et me pressa contre son corps. Je sentis une bouche chaude se poser sur mon cou et me mordiller. Il semblait me goûter et même me déguster, pensai-je alors que j’étais totalement sous l’emprise de cet homme, encore enivré par sa présence. Je gémis et il resserra son bras afin de me presser encore plus contre lui. J'en hoquetai de surprise en sentant mon corps être serré encore plus contre le sien.
-Sébastian… dit-il en stoppant son baiser dans mon cou. Tu as aimé les fleurs que je t'ai envoyées ?
Les tulipes... Je les avais laissées sur mon lieu de travail. Elles venaient donc de lui ? C'était la seule chose de cohérente à laquelle je pus penser avant de me laisser submergé par les sensations lorsqu'il passa l'une de ses mains sous mon pull. Je ne pus répondre à sa question que par un gémissement, sa main sur ma peau me procurait tellement de frissons. Elle passa sur mon ventre puis effleura comme la veille, mes boutons de chair avant de descendre tout doucement vers mon nombril. Elle ne s'arrêta pas là et continua son chemin sur mon pantalon jusqu'à mon sexe sur lequel il commença de lents va-et-vient. C'était si agréable que j'en renversai la tête sur son épaule. Je sentis alors quelque chose de dur se presser doucement contre mes fesses, l'inconnu se frottait légèrement contre moi en continuant de me caresser.
-Combien de temps, Sébastian ? dit-il d'une voix rauque à mon oreille. Combien de temps vais-je tenir avant de te faire mien ?
Je ne comprenais rien et je m'en foutais. Tout ce qui comptait pour l'instant, c'était son corps contre le mien, sa chaleur, ses mains sur moi, le mouvement de ses longs doigts contre mon érection et la sienne que je sentais contre mes fesses. Rien d'autre n'avait d'importance à ce moment précis dans ce parc, cette nuit. Ses dents recommencèrent à me mordiller la peau du cou et je penchai ma tête afin de lui donner encore plus d'accès. Puis tout d'un coup, je repensai à hier soir et au moment où il m'avait quitté, et je posai sans réfléchir ma main sur la sienne qui reposait sur ma hanche pendant que l'autre continuait de me caresser.
-Ne me laissez pas, ne pus-je m'empêcher de murmurer.
Mes paroles semblèrent le faire réagir puisqu'il stoppa ses caresses et ses baisers, se redressa et me fit doucement tourner vers lui. Quand mes yeux se posèrent sur cet homme, malgré le brouillard dans lequel j'étais toujours pris, je ne pus que fixer son beau visage, les yeux écarquillés devant cet inconnu que je voyais pour la première fois et il était magnifique, d'une beauté sombre et mystérieuse. Ses cheveux étaient noirs et assez longs, ses yeux étaient sombres et dorés à la fois, ce qui lui donnait une aura mystérieuse, je n'avais jamais vu un regard pareil. Il était très grand et large d'épaules et portait un long manteau foncé et élégant mais ce qui me frappa particulièrement fut la tendresse avec laquelle il me regardait.
Il leva sa main et ses doigts effleurèrent ma joue. Nos yeux ne se quittaient plus et sans que je m'y attende, il se pencha lentement vers moi et m'embrassa. Ce fut électrisant. Il se mit à mouvoir ses lèvres sur les miennes, les caressant lentement, il semblait savourer ce moment. Je sentis ensuite sa langue lécher ma lèvre supérieure puis l'autre avant de demander l'accès à ma bouche. J'entrouvris immédiatement mes lèvres et sa langue douce et chaude vint caresser lentement la mienne.
Ce baiser voluptueux me fit gémir. Jamais personne ne m'avait embrassé de cette manière si agréable et savoureuse, jamais je n'avais ressentis ce plaisir et ce désir prendre possession de mon corps. Je lui répondais de la même manière et ce baiser sembla s'éterniser pour mon plus grand bonheur mais soudainement, il détacha sa bouche de la mienne. J'en gémis de frustration jusqu'à ce qu'il me soulève et que j'enroule mes jambes autour de sa taille. Il nous mena ensuite jusqu'à un arbre sur lequel il m'appuya doucement et reprit notre baiser. Mon érection se pressait ainsi contre la sienne et c'était tout bonnement délicieux.
Sa bouche finit par repartir dans mon cou et je l'entendis grogner pendant qu'il pressait plus fortement son sexe contre le mien. Il commença alors à se frotter contre moi si vite et si fort que je me mis à gémir rapidement. Mon dos poussait contre l'écorce de l'arbre derrière moi mais je m'en foutais complètement. Mes mains serraient sa nuque afin de le presser le plus possible contre mon corps. La jouissance finit par m'envahir et je poussai un cri. Peu après, j'entendis ce qui ressemblait à un grognement et il ne bougea plus, je compris qu'il venait lui aussi de jouir. Nous restâmes ainsi pendant quelques instants sans bouger dans un état un peu léthargique, à essayer de reprendre notre souffle. Jamais, au grand jamais, je n'avais ressenti un tel orgasme! Que se passait-il avec lui ? Etait-ce de la magie ? Je ne pus y réfléchir bien longtemps car tout d'un coup, il se redressa et me regarda intensément durant un petit moment avant de poser brièvement ses lèvres sur les miennes et de prendre la parole :
-Sébastian, n'aie pas peur, jamais je ne te laisserai, me dit-il en caressant ma joue. Tu fais partie de ma vie, tu m'es destiné. Bientôt je te ferai mien et tu seras pour toujours à mes côtés.
Ses paroles me semblaient si douces à entendre, si son intention était de me réconforter, cela marchait. Sur ces quelques mots, il me reposa sur le sol sur lequel mes jambes fléchirent sur le moment car je n'avais plus de force dans ses bras. Il me soutint alors, puis il commença à se détacher de moi. Il reculait lentement en ne détachant pas son regard du mien et je ne pouvais pas bouger, je le regardais s'éloigner, le cœur serré, jusqu'à ce qu'il disparaisse soudainement dans l'obscurité, me laissant seul.
C'est alors que je retrouvai le contrôle de mon corps et réalisai peu à peu ce qu'il venait de se passer. Mais qu'est-ce qu'il venait de se passer exactement ?! Ho, pas grand-chose, t'as juste failli t'envoyer en l'air avec un inconnu magnifique et étrange dans ce parc ! Rien de bizarre, en effet... Est-ce que j'avais rêvé lorsqu'il avait disparu en un instant devant mes yeux ? Je pris ma tête entre mes mains et gémis plaintivement puis, réalisant que j'étais seul en pleine nuit dans un parc sombre, je me décidai enfin à reprendre le chemin menant à mon appartement.
Je devenais sans doute fou, pensai-je en soupirant. Complètement barge... Ou alors, peut-être que je me sentais tellement seul que j'avais maintenant des hallucinations ? Des hallucinations qui paraissaient fortement réelles... Souviens-toi de sa bouche, de ses baisers, de ses mains, de sa chaleur, me rappela ma conscience.
Alors, qu'est-ce tout cela voulait dire et surtout, qu'est-ce cela présageait par la suite dans ma vie ?...
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