Au delà des apparences
Mon regard, rempli d'interrogation, se posa sur l'homme qui venait de pénétrer dans ma chambre, éclairée d’une faible lumière sur la table de chevet. Lors du dîner, il m'avait presque ignoré et maintenant, il se trouvait là…
— Darren, je peux ?
Lentement, je hochai la tête tout en m'asseyant dans le lit. Le jeune homme s'approcha alors de moi, s'installant à mes côtés.
— Tiens, je me suis dit que... ça serait plus facile.
Mon regard se posa sur ce qui se trouvait dans ses mains et j'en fronçai légèrement les sourcils.
C'est... un cahier ?
Un petit cahier bleu, muni d'un stylo sur le côté. C'était… pour moi ? Est-ce que c'était pour que l'on communique plus facilement, lui et moi ?
— Ça t'aidera, pour le moment. me tendit-il le carnet gentiment.
Cette attention m'allait droit au cœur et lentement, je m'en emparai. Je pris le temps de le contempler… c'était le premier cadeau que l’on me faisait. Je finis par l'ouvrir et poser la mine contre une feuille en commençant à écrire quelques mots avant de le tourner en sa direction.
"Merci, monsieur..."
Un sourire se dessina sur les lèvres du châtain en face de moi qui secouait doucement la tête.
— Pas de monsieur avec moi. Appelle-moi Killian, d'accord ?
J'avais tellement de questions et grâce à ce cadeau, je pouvais enfin les poser. J'hésitai cependant quelques secondes, ne sachant pas si j'étais en droit de le faire. Je fermai les yeux un court instant dans une expiration avant de me lancer. Seul le bruit du stylo sur le papier se faisait entendre avant que je ne lui montre.
"Pourquoi êtes-vous aussi gentil avec moi… ?"
Je n'avais passé que quelques heures ici, mais il avait déjà tant fait… Un sourire bienveillant se dessina sur son visage.
— Parce que je n'ai aucune raison de ne pas l'être.
Aucune raison…?
Nous étions très différents et, de par son statut, il avait toutes les raisons du monde d'être odieux, comme Mr. Old ! Je gardai le silence en refermant le cahier alors que nous échangeâmes un regard qui fit rougir mes joues. Je repris mes esprits lorsque le lit bougea, quand il s'y leva.
— Repose-toi, une grosse journée nous attend demain. Je reçois des personnes importantes.
Importantes... ?
Je hochai la tête en le regardant s’éloigner, jusqu'à ce qu’il quitte la chambre. J'étais curieux de savoir d'où il venait, qui il était vraiment. Ce fut avec ces pensées que mes yeux se fermèrent. Je me laissai emporter par le sommeil grâce à ce confort dont j'avais enfin le droit.
Les rayons du soleil traversant les rideaux de la chambre vinrent me sortir de mon sommeil. J'avais incroyablement bien dormi. Trop bien dormi. Trop… Dormi. En me rendant compte qu'il faisait jour, je paniquai. Je sautai du lit en m'habillant rapidement avant de sortir de ma chambre pour rejoindre le rez-de-chaussée.
Mais qu'est-ce qui m'a pris de dormir autant ?
En déboulant dans le salon, j'en défonçai presque la porte, tombant sur… Killian qui buvait un café, à table.
— Tu n'es pas très matinal, dit-il en levant les yeux vers moi.
Alors que je m'apprêtais à lui répondre, je me rendis compte que j’avais oublié mon cahier à l'étage et qu’il m'était donc impossible de m’expliquer sur mon retard.
— Tu veux un café ?
Vraiment ? C'en est trop. Il n'y a pas à être aussi aimable, aussi gentil, aussi compréhensif ! Je n'ai pas été habitué à cela… !
Secouant la tête, je restai à une distance raisonnable tandis qu'il haussait les épaules, reposant le café sur la table.
— Bien.
Et… c'est tout ?
— Je veux que tu te mettes en cuisine. Mes invités arrivent dans deux heures. Ça ira ?
Était-il réellement sûr que c'était ce qu'il désirait ? Parce qu'au vu du repas de la veille, de ce silence à table, je n'étais peut-être pas la meilleure personne pour préparer un repas digne de ce nom.
— Un problème ?
Rapidement, je secouai la tête en quittant la salle précipitamment afin de me mettre au travail.
Et c'est vrai que ce fut un sacré travail. J'étais parvenu à terminer dans les temps, très peu sûr de moi. J'avais goûté mon plat, il était réussi, mais serait-il bon à leurs yeux ? J'allais très vite le savoir, car des voix se faisaient entendre depuis l'entrée. Ça me laissa juste le temps qu’il fallait pour peaufiner les plats.
— Darren, viens donc une seconde.
La voix de Killian résonna dans les cuisines à peine dix minutes après l'arrivée des invités. Vêtu de mon tablier, je rejoignis le salon où trois personnes, dont le jeune homme, se trouvaient.
— Je te présente monsieur et madame Scofild.
Je jetai un regard en direction de ces personnes vêtues exactement dans le même genre vestimentaire que Killian. Lorsque je les saluai en me penchant en avant, ils me regardèrent alors avec de grands yeux.
— Qui est-ce, Killian ? demanda Mr. Scofild.
Je suis... hm…
— Ne savez-vous pas qu'il est impoli de ne pas dire bonjour ?
La voix aiguë de la femme résonna dans la pièce. Je venais de dire bonjour, était-elle aveugle ?
— Excusez-le. Darren… ne parle pas.
Je baissai la tête en sentant les regards sur toute ma personne, ce qui avait le don de me mettre affreusement mal à l'aise.
— Je vois, répondit Mme Scofild, perplexe.
Un regard en direction de Killian fut suffisant pour me faire comprendre qu’il valait mieux que je retourne en cuisine, ce que je fis immédiatement. Le repas s'annonçait long, très long. Durant ce dernier, je fis de mon mieux pour servir les invités comme il le fallait et le dîner sembla même leur plaire puisque les assiettes se retrouvèrent vides. J'étais plutôt content de moi.
Le repas touchait à sa fin au moment où j'apportais les desserts. Ce fut à ce moment que ma maladresse refit surface. Une des assiettes contenant un gâteau rempli de crème m'échappa des mains et tomba directement sur la robe de Mme Scofild.
— Non ! Ma robe ! Vous ne pouvez pas faire attention ?! Vous savez combien ça coûte !? s’énerva-t-elle, à juste titre.
J'étais confus, vraiment. Je tentai de rattraper mon erreur en essayant de récupérer un maximum de gâteaux sur sa robe afin d'éviter une tâche trop énorme, mais… c'était pire.
— Non mais arrêtez ! Stop ! s'écria Mme Scofild en me repoussant.
Mon dieu, c’est une catastrophe…
— Bordel, Darren ! Qu'est-ce que tu fous ?! Dégage d'ici !
La voix forte et froide de Killian passa au-dessus de celle de cette femme, brisant absolument tout sur son passage.
C’est… c'est à moi qu'il s'adresse comme ça… ?
Lui qui me souriait sans cesse, même lorsque je faisais une erreur… J'étais choqué par un tel haussement de ton que je ne parvins pas à bouger de ma place. En plus de cela, j'étais conscient que je venais de gâcher un repas parmi les plus importants.
— Merde, tu es devenu sourd, en plus d'être muet ?! Je t'ai dit de dégager de là !
Les mots employés à cet instant me firent tellement mal au cœur que mes pieds décollèrent enfin du sol. Après quelques pas en arrière, je quittai la salle en claquant la porte dans un excès d'émotions négatives.
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