Une nouvelle vie

5 minutes de lecture

Je n'aurais jamais pensé quitter le domicile de Mr Old, imaginant mon existence se terminer là-bas. Je ne comprenais toujours pas pourquoi il m'avait fait accompagner chez cet homme. Avait-il prévu tout cela ?

— Je vais te montrer ta chambre.

Ma chambre ?

Restant statique devant l'entrée, je tentais d'assimiler ce que Mr Killian venait de me dire.

— Darren ?

Secouant la tête, je m'excusai d’un geste de la main avant de le rejoindre dans les escaliers et de le suivre jusqu’à la dite "chambre". Lorsqu’il poussa la porte, je me rendis compte qu’elle était bien réelle. Grande, colorée, des rideaux se trouvaient aux fenêtres et… mon dieu... des fenêtres !

— Ça te plaît ? demanda le jeune homme en se plaçant à mes côtés.

Si ça me plaît… ?

C'était même plus que ça, je n'avais pas les mots. Lentement, je m'approchai de la fenêtre en posant les yeux sur l'extérieur.

— Tu auras le droit d'aller dehors, si tu ne quittes pas la propriété.

Oui, c'était évident… Je changeais simplement de bourreau mais ma vie restait la même. J'hochai doucement la tête, n’étant pas du genre à me plaindre, je prenais ce que j’avais et là, c'était déjà bien trop.

— Il y a une salle de bain en face de la chambre. Je vais te faire apporter des vêtements. Prends le temps qu'il te faudra et rejoins-moi en bas quand tu auras terminé.

Sur ces paroles, Killian quitta les lieux. Une salle de bain… des vêtements propres… Je n'arrivais pas à réaliser.

Quelques instants plus tard, j'avais rejoint la salle de bain, l'eau chaude qui parcourait mon corps me donna des frissons… mon dieu… j'en avais tellement besoin. J'en profitai pour coiffer mes cheveux et lorsque je croisai mon reflet dans le miroir, je ne me reconnaissais pas. J'étais méconnaissable. Si Mr Old me voyait… Un sourire se dessina dans le miroir.

Je me retrouvais en bas une fois prêt et… bon sang, cette maison était si grande. Je marchais, regardant autour de moi, les tableaux, les meubles, tout devait coûter une fortune… Cet homme était-il si riche ? Je remarquai des similitudes entre l'habitation de Mr. Old et celle de Mr. Killian.

On voyait tout de suite que les deux hommes avaient de l'argent. Ces grands meubles en bois semblaient plus solides que n'importe quoi dans cette maison. Tous les cadres étaient ornés d'or et ils étaient tous plus grands les uns des autres. Comment pouvait-il vivre dans un endroit pareil ? Seul, jamais je ne le pourrais... ça serait trop triste. Occupé à contempler les merveilles de cette demeure, je ne vis pas le tapis et encore une fois… trébucha contre, rencontrant de nouveau le sol.

— Je crois que mon tapis ne t’aime pas.

La voix de Killian me parvint aux oreilles alors que je pensais être seul. Très vite, je me relevai en m'excusant silencieusement.

— Je vais le faire retirer, tu vas vraiment finir par te blesser.

Mon regard se releva vers lui tandis qu'il me dévisageait en souriant. Cet homme… il ne faisait que de me sourire, pourquoi ? Je n’avais vraiment pas l’habitude de tant de gentillesse. Était-il sérieux pour ce tapis… ?

— Tu sais cuisiner ? demanda-t-il après quelques secondes de silence en me tournant le dos.

Je savais absolument tout faire. Oui, après tout, il fallait que je sois multitâche, n’est-ce pas ? Je hochai vivement la tête en guise de réponse et le suivis de près alors qu'il marchait en direction des cuisines qui, elles aussi, étaient immenses. Il y avait absolument tout dans cette pièce, tout ce qu'il fallait pour faire de délicieux repas. Ma main glissa sur le plan de travail qui brillait plus que n'importe quoi.

— Dis-moi… est-ce que tu as envie d'être ici ? demanda soudainement Killian dont je sentais le corps effleurer mon dos.

Est-ce que… j’ai envie d'être ici… ? Comment le saurais-je ?

Lentement, je me tournai afin de lui faire face. Si j’avais la capacité de parler, je lui répondrais qu'ici semblait être mieux que là où je me trouvais avant et que lui avait l’air meilleur que Mr Old, mais… je n'étais pas capable de dire tout cela. Je finis simplement par hausser les épaules en levant les yeux vers lui.

— Je vois… Tu sais, je pense que nous pourrions nous aider mutuellement.

Que voulait-il dire par là ? Je penchai la tête sur le côté en essayant de comprendre où il voulait en venir, ce qui le fit sourire.

— Ta présence me fera du bien.

Je pouvais lire dans ses yeux une certaine tristesse que je ne parvenais pas à comprendre. Comment un homme tel que lui pouvait-il ressentir ce sentiment ? Qu’est-ce que ma présence pourrait-elle lui apporter exactement alors que nous ne pouvions même pas échanger ensemble ? Lentement, j’entrouvris les lèvres mais… rien ne sortit de ma bouche. Non pas par manque d'envie mais véritablement par incapacité. J’en baissai les yeux, peiné de ne pas parvenir à communiquer avec lui.

— Ne t'en fais pas, nous travaillerons là-dessus, se recula-t-il finalement en souriant.

Avant de quitter la cuisine, il m’avait annoncé que j’avais quartier libre pour le repas de ce soir. Il m'avait fallu quelques minutes avant de me mettre derrière les fourneaux car… les battements de mon cœur ne voulaient pas se calmer. Son regard, ce sourire… Il avait fait chauffer tout mon être pour la simple et bonne raison que personne n'avait jamais été aussi bon envers moi. Dans un soupir lourd de sens et après un rapide coup d'œil dans la cuisine, je décidai de me mettre au travail afin d'occuper mon esprit à autre chose.

Lorsque la soirée pointa le bout de son nez, j'avais terminé le repas avec facilité. Je me rendais bien compte que si je restais ici, je ne manquerais de rien. Mais… quel serait le prix à payer ? Rien n'était gratuit dans cette vie et je ne le savais que trop bien.

Durant le dîner que j'avais passé en compagnie de Mr Killian, il ne m'avait presque pas adressé la parole. Je m'estimais heureux d'avoir mangé un vrai repas et à table qui plus est, malgré le malaise qui avait envahi la salle. Mon incapacité à parler n'avait sûrement rien arrangé. Monsieur avait à peine touché à son assiette et avait fini par quitter la pièce sans un mot. Était-ce de ma faute ? Ce n'était pas à son goût ? Je ne souhaitais pas le contrarier mais plutôt le satisfaire avec ce plat, raté visiblement.

Un soupir s’échappa de mes lèvres alors que je me laissai tomber dans ce lit moelleux. Quel bonheur de se sentir propre et de dormir dans un vrai lit. D'aussi loin que je me souvienne, je n'avais jamais connu cela. Mon regard se tourna vers la fenêtre en essayant de comprendre pourquoi ce soir, le regard de Killian semblait si vide. Ma réflexion fut de courte durée lorsque j'entendis frapper à la porte. Je me redressai en regardant cette dernière s'ouvrir et Killian faire son apparition en fermant derrière lui.

Qu'est-ce que... ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Oswine ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0