Avant propos
Assise sur les genoux de mère... Chuuut, s'il vous plaît ne dîtes rien. "Trop grande pour ça !" Je sais ! Avec toute l'attention dont je suis capable, je tends l'oreille, alors qu'elle me parle du monde d'en bas. Celui des Hommes !
Durant sa si longue existence, mère en avait vu des choses !
Aussi excitée qu'une enfant devant un tout nouveau jouet à la mode. Elle parle et parle encore, sans jamais s'arrêter, pas même pour reprendre son souffle. Ses récits me transportant toujours plus loin ; mes pensées finissent par s'entremêler dans un tourbillon sans fin.
Toutes plus fascinantes les unes que les autres, chacune de ces aventures me remplissent d'admiration (...) Tout était grandiose quand elle le disait.
Étonnée... Je buvais ses mots, m'imprégnant de chaque image qu'ils m'inspiraient.
Autour de moi, tout semble alors se figer dans le temps. Tandis que doucement, je me perds. L'esprit errant incessamment toujours plus profond.
Je suis sur terre...
Assise sur un énorme rocher, perdue en plein milieu du légendaire Triangle des Bermudes. L'eau y est d'un bleu idyllique. À l'horizon, l'océan paraît se mêler au ciel. Sous ce soleil radieux, des sirènes jouent joyeusement à faire la course. Leurs écailles colorées étincellent telles des joyaux précieux. Une d'elles s'arrête soudain et me fixe. Ses cheveux roux et sa queue turquoise lui donnent un petit air d'Ariel. Elle m'adresse un sourire mystérieux et tend la main. Une invitation silencieuse.
Je ne sais pas nager. Pourtant je ne tarde pas à la saisir, plongeant tête la première à l'eau.
Le monde s'éteint un instant.
En un battement de cil, comme rejetée de l'océan, je me retrouve, au bord d'une plage paradisiaque au sable blanc...
À côté, il y a la mer (...)
Vibrante !
Des pélicans survolent les flots, s'abattant sur les bancs de poissons infortunés qui nagent prétentieusement à la surface. Aussi vifs que les flèches de Diana*.
La mer est calme. Seul le son des vagues s'entrechoquant sur les falaises vient troubler cette quiétude. (Je crois rêver. Pincez moi.)
Là, sur le sable, mes parents. Père , assis sur le sable fin avec un sourire rare mais sincère. Tout près, mère s'esclaffant sans aucune retenue, à je ne sais quelle plaisanterie, qu'il lui chuchotait tendrement a l'oreille. Elle riait aux éclats. Comme si il eut dit la chose la plus amusante qui puisse être. (Je peux pourtant vous assurez que mon père était un être dépourvu d'humour.)
Peut-être fut-ce alors des mots d'amour, qui la troublèrent autant.
Diana*, déesse romaine de la lune et de la chasse.
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