Un rêve fou

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«Si tes propres rêves ne te font pas peur parfois. C'est qu'ils ne sont pas assez grands»

Très loin de toutes les restrictions de la royauté et surtout débarrassés du poids que représente la couronne. C'est un instant parfait, hors du temps.

Le bonheur me berce, doux et irréel. Je pourrais rester ici à jamais...

Y penser même un tant soit peu est perçu comme criminel. Pourtant, je voudrais tant pouvoir, un jour prochain découvrir le vaste univers.

Ce serait un rêve !

(Mon rêve... À jamais irréel.
Pour toujours mon secret.
Plus si secret que ça... Maintenant, vous savez. Shuuut ! Gardez le secret.)

Tout près... Il me semble qu'une voix parle. Que dit-elle? Je ne veux pas savoir...
Néanmoins, la voix se fait plus pressante (...)
Insistante.
Extrêmement dérangeante. Malgré tout, je demeure perdue. Ne parvenant plus à remonter de mes délires.
Ce rêve est si doux...

Mes deux parents sont présents. Nous sommes heureux. Libre d'être rien de plus qu'une famille, qui s'aime énormément.
Au lieu seulement du roi, la reine et la princesse...

Cette voix (...)
Si proche, en même temps si loin, me revient en un perpétuel écho sans fond. Perturbant, le paysage idyllique où, tout d'un coup, j'avais obtenu tout ce que mon cœur longtemps avait désiré. Par contre, je ne saisis toujours pas le sens de ses paroles.

_Mon enfant, m'entends-tu ?

La voix se clarifie.

_Que t'arrive-t-il? Estrella?

C'est celle de...

Mère... Le rêve se dissipe brutalement, la voix de mère me percute comme un coup de tonnerre. Mon cœur s'emballe comme un cheval en fuite.

_ESTRELLAAAAAA ! Hurla-t-elle, l'écho vibrant encore dans mon esprit égaré.

La terreur rampe dans mes veines. La voix de ma conscience surgit, acerbe :
Ah bravo, tu l'as fait hurler. Félicitations, ma petite. Chapeau bas. Pourquoi ne pas demander à descendre sur Terre maintenant ? C'est le moment parfait !

Je déglutis avec difficulté.

_ALLÔ, L'ESPACE ? ICI LE CIEL ! ESTRELLA EST DEMANDÉE DANS LA RÉALITÉ. VOUS ME RECEVEZ ? tonne-t-elle, visiblement à bout de patience.

Okay, okay, du calme... Joue-la cool.
Un silence pesant s'installe.

_ESTRELLAAAAAA !

Mon cœur rate un battement, toute en émois, je finis brutalement par émerger.
Combien de temps avais-je rêvassé de la sorte ?
Survivrais-je aux courroux de la Reine des dieux?
Autant d'interrogations, qui finiraient d'achever un condamné à mort.

_J'y répondrai certainement. Dit ma conscience en se raclant la gorge ; Ça a duré environ 5 minutes.

À ces mots, mon rythme cardiaque se stabilise. Peut-être avais-je encore une petite chance de m'en tirer à bon compte.

_Une seconde gamine, ne te réjouis pas si vite... Je ne parlais pas de minutes terrestres. Poursuivit-elle un air moqueur accroché au visage.

_Génial. Je suis condamnée. Peut-être que si je me fonds dans le décor, elle m'oubliera... Non, mauvaise idée. Je brille comme une étoile. Littéralement.

_...

_Oui, cela fait bien, 5 bonnes minutes CÉLESTES que tu divagues...

_...

_Tu ne parles plus? Tu as perdu ta langue au cours de ton voyage sur terre?

_...

_Enfin, je te conseillerai de croiser les doigts, très fort. Je suis certaine que si tu y mets vraiment du cœur, la chance pourrait bien basculer de ton côté. Tu vas mourir, c'est sûr. Dit ma conscience. Mais n'oublie pas de sourire à ta propre exécution, princesse.

Dans la réalité en dehors de l'esprit d'Estrella :

Je lève les yeux, le souffle court.

Mère... Tu sais... Je, euh...
Les mots s'étranglent dans ma gorge.

_Je ? relance-t-elle pour m'inciter à continuer, un sourcil arqué, dangereusement calme.

Vite, dis quelque chose, n'importe quoi ! Mais pourquoi ma langue me trahit-elle toujours ?!

Son regard se durcit. Ma conscience pouffe. Je t'avais dit de parler, pas de buguer comme un crabe astral.

_Vas-y dis-moi. J'attends. Insiste-t-elle d'une voix glaciale.

Je sens la sueur perler sur mon front. Mon cœur bat si fort que j'en ai mal à la poitrine. Mon regard croise celui de mère, plus perçant que la plus tranchante des lames.

_Mère... Tu sais... Je, euh... Enfin, je... Balbutiai-je.

_Tu es une princesse, Estrella, devrais-je encore avoir à te rappeler, que ceci n'est décemment pas un comportement approprié à une future SOUVERAINE ? Dit mère.

_Tu sais... Je... Enfin, je...

Je m'étais encore égarée dans mes rêveries. Princesse étourdie, je suis !
Cette fois encore, je n'arrivais plus à articuler réponse convenable. La timidité... L'ennemie de tout vrai monarque. Je vous ferai dire.

Le Ciel aura-t-il réellement un avenir avec moi à sa tête ? Telle est la question !
Elle devait être si désespérée, la déesse Lune, d'avoir une héritière de ma qualité. Rêveuse...

Devant cette réflexion, je me mis à pouffer d'un rire, que je voudrais discret. Mais rien n'y fait, quand je ris... Eh bah, je ris.

_Pourrais-tu manifester l'extrême obligeance de me faire part de ce qui t'amuse autant ? Dit formellement mère.

_...

_Ton comportement est inadmissible. J'en toucherai un mot à ton père.

De là le silence se fit plus pesant, nous étouffant au passage.
Jusqu'à ce que mère se décide à le rompre à nouveau :
_De plus, j'attends encore que tu m'expliques où ton esprit a jugé bon de s'évaporer alors que je te transmettais de la sagesse ? Chose qui te manque cruellement. Rajouta mère l'air indigné.

Confuse devant son regard réprobateur, je n'ose toujours pas prononcer un mot. Ses grands yeux me transperçant de part en part. Ma gorge se retrouve nouer, mes mots confinés. Condamnés à pourrir au fond de ma gorge.

J'avais soudain la chair de poule...
Comme si je me retrouvais uniquement devant la déesse Lune, et non ma mère.
Les deux semblent être deux personnes diamétralement opposées quand elle se met dans cette état.

_DIS LE MOI ! Hurla-t-elle plus fort que la première fois, devant mon mutisme complet.

Le cri de ma mère fracasse mes dernières pensées vagabondes. Mon cœur s'emballe. Je sens la sueur perler sur mon front malgré la fraîcheur céleste. Pourquoi ne puis-je simplement parler ? Aller, un mot... Juste un mot...

Je lève les yeux, les mots coincés au fond de ma gorge, écrasés par le poids de ses prunelles glaciales.

Qui dit qu'en me criant dessus les mots sortiront? N'existait-il pas un mode d'emploi qui explique la parentalité?

_Parle-moi. Je suis inquiète... Sa voix se radoucit.

Alors, seulement, la mienne me revint :
_Je suis désolée... Vraiment désolée mère. Finis-je par articuler, enfin en confiance devant son regard maternel qui désormais me couvait de tout son amour. J'étais sur la lune. Souris-je à mon propre jeu de mots.

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