L'Homme Coquille
L'homme-coquille... Il s'enferme si fermement sur lui-même que l'effleurer pourrait parfois nous blesser. Il s'est constitué au fil des années une solide coquille ; faite de ses sourires polis, de ses regards d'acier, de ses bras croisés et d'ignorance engagée, elle est efficace. Il a réussi à enfouir au plus profond de lui-même, là où lui seul peut observer, tout ce que d'ordinaire les autres pouvaient regarder. Dorénavant, on ne voit plus qu'un masque un peu nacré, une coquille un peu coupante, une barrière qui nous dissuade, qui nous donne l'impression que le moindre mot, le moindre geste est un faux-pas fatal. Il en a mis du temps, il en a mis des larmes, un peu de sang, de la sueur dans la construction de son système d'autodéfense social. Nul ne peut dire ce qu'il cache vraiment à l'intérieur, ni même ce qui l'a poussé à devenir un être à carapace. En revanche, parfois, on peut apercevoir quelques cicatrices, anciennes, récentes, qu'elles soient physiques ou morales, sur sa peau, dans ses yeux, sur ses traits... Il les cache, mais elles sont là, et mettent en relief son caractère glacial. Il ne regarde pas dans les yeux quand il sourit poliment, en revanche, quand il croise les bras, c'est toujours accompagné de ses yeux blindés. Il a l'air terriblement solide, tout en étant subtilement fragile. Cet homme-coquille, il peut blesser sans le savoir, coupé du monde qu'il est par sa carapace nacrée. Mais il ne cherche que l'isolement, la tranquillité, et le réconfort de son propre corps qui se recroqueville. Si un jour vous voulez approcher un homme-coquille, respectez cette distance dont il a besoin, il a besoin de sa carapace jusqu'à ce qu'il en décide autrement.
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