Max-1 (version 0.6)
Sur terre, il y a peu d’environnements qui arrivent à mettre un homme aussi beau que moi en valeur. Prenons la piscine par exemple. Oui, je suis effeuillé et oui, mes muscles travaillent à longueur d’allers-retours, mais suis-je réellement mis en valeur lorsque je nage sous la surface de l’eau ? Que voit-on, à part une masse mouvante et difforme à peine reconnaissable au loin ? Entre le chlore en surabondance qui rend ma peau trop sèche et le sol glissant, les bassins d’eau sont une torture pour qui vise la perfection corporelle.
Alors que la salle de sport ! Ça, c’est un endroit où se croisent beauté, intelligence et réflexion. Le bodybuilding, il n’y a que cela de vrai. Moi, mes muscles, et mon reflet dans le miroir qui montre la souffrance lorsque mes bras portent des poids notés « 50 », mais je ne bronche pas car certains me regardent et devant tant d’admiration, l’exemplarité est de mise.
Une salle de sport, c’est comme au cinéma, on y trouve des gens très divers tels que les dragueurs qui passent de fille en fille comme des puces sautant de chien en chien. Il y a aussi les gros et grosses qui veulent perdre du poids mais pédalent avec un paquet de biscuits en main. Ou encore les marathoniens et marathoniennes qui ne sont présents que les jours de mauvais temps.
Il est 20 heures, ma montre sonne. Si d’habitude je continue mon entrainement tard dans la nuit, ce soir, Lalye organise une soirée chez elle, à laquelle j’ai promis de passer.
Je n’aime pas les soirées car l’alcool nuit au sport, mais comme toute la « team » s’y est donné rendez-vous, en tant que capitaine, je me dois d’aller vérifier qu’il n’y aura aucun débordement de mes gars… Et puis j’ai promis à ma copine Mathilde.
Après ma douche, j’enfile mon jeans et un t-shirt propre moulant dont les bords des manches ne sauraient laisser passer aucun doigt. C’est comme si c’était une deuxième peau.
Enfin dernière touche, j’attrape ma wax et vais devant le miroir me sourire. Tout est parfait, de face comme de trois quarts (ne jamais oublier le trois quarts). Elle en a de la chance, Mathilde, d’avoir été choisie comme copine.
Je dis au revoir à Podji, le gérant de la salle, et prends le bus jusqu’à l’arrêt le plus proche qui se situe à quelques encablures de l’adresse indiquée sur mon GSM.
Il n’y a ici que des maisons de riches (quatre façades et piscine pour toutes), ce qui est déjà un gap avec mon quartier, mais celle de Lalye est d’un niveau supérieur. La résidence est un manoir et les vitres sont de taille « cathédrale ». Il y a même une passerelle sur la droite qui relie le haut du garage à la maison principale.
Le premier groupe de jeunes que je croise se situe justement aux alentours de ce second bâtiment, mais ce ne sont pas des gens bien au vu de la fumée blanche qu’ils rejettent, sans parler de leur musculature de crevettes. Je parierai qu’ils viennent de l’école située près de la gare et je parierai qu’ils fument de la drogue, or c’est une chose très mauvaise pour la compétition.
Un jour, j’ai surpris un de mes gars avec un joint au bec ; Camil qu’il s’appelait. Je n’ai pas eu d’autre choix que de mettre fin à notre relation. Le sport n’était clairement pas pour lui car c’est la seule limite que je ne tolère pas qu’on dépasse. Autant boire à outrance (comme probablement ce soir pour certains) se récupère en quelques jours d’exercice intensif, autant les effets de la drogue n’ont jamais pu être réparés.
En enjambant les deux marches du portique séparées par des bosquets, je regarde l’intérieur de la maison à travers les vitraux et la porte grande ouverte. Lalye, qui passait par là, vient m’accueillir. Elle a encore changé de style vestimentaire par rapport à ce matin et porte maintenant une robe bleue en tissu grossier ainsi que des chaussures vernies brillantes. Dans sa main, un accessoire de GSM ressemblant à une baguette magique faisant d’elle (encore plus que d’habitude), un personnage tout droit sorti d’un dessin animé.
« Maaaax ! Je suis contente que tu sois venu, me dit-elle en me saluant. ».
Je la salue aussi.
« Je suis le premier, demandé-je ?
— Mmmmm, oui et non. De la classe, il n’y a pas encore grand monde, mais je pense que certains de tes amis du sport sont au billard. Va voir, me dit-elle en me montrant une direction.
— OK, dis-je en m’avançant. »
Je passe à côté d’un grand escalier en marbre et traverse la cuisine, qui l’est tout aussi, pour rejoindre une petite véranda ouverte où se situe le billard.
« Ouaw ! » Je suis rarement impressionné mais là, faut dire que cela en jette. Entre un ilot central et une vue sur le jardin et la piscine, nous n’avons pas les mêmes valeurs. Je pourrais habiter ici, rien que dans la cuisine.
« Aaaaahhhh, voilà le plus beau !
— Évidemment que c’est le plus beau ! », réponds-je en attrapant Brian par le cou.
Brian, c’est le poussin du groupe de natation. 65 kilos pour 1 mètre 80. Son record à l’épaulé-jeté est à peine de 72 kilos, et encore, j’ai dû l’aider.
En salle, il ne tient qu’une demi-heure aux CrossFits sans parler des 30 kilos sur le Curl. Son seul point fort (si je peux appeler cela un point fort) est le cardio, normal pour un nageur.
Point de vue vêtements, il s’habille comme moi, de manière chic, avec pour unique différence un détail capillaire : il refuse la frange. Je pense qu’il m’admire, mais il n’est pas à la hauteur… pour l’instant.
Je salue ensuite Seb en serrant mes biceps.
Seb est mon challenger : 85 kilos de muscles pour 1 mètre 90. Son record à l’épaulé-jeté est de 94 kilos, à peine quatre kilos en dessous de moi. Et cela est pareil pour tout le reste : 50 kilos au Curl (j’en suis à 54), trois triceps-séries de moins que moi, etc. Bref, deuxième de l’équipe, mais pas premier.
De plus et contrairement à moi, c’est un sanguin, voire un mauvais joueur de temps en temps ; mais si parfois ses remarques sont un peu sèches, il n’en reste pas moins un gars formidable, essentiel à la cohésion de la team. C’est aussi le préféré de Mathilde après moi.
Pour le choix de ses vêtements, ils sont à l’opposé des miens : pantalon moulant et chemise blanche dont les boutons s’écartent à chaque fois qu’il contracte ses pectoraux.
Je tourne autour du billard pour dire bonjour à tous les autres et attrape une bière au bar, la première.
« Tu reviens de la salle ? me demande Seb.
— Oui, dis-je en dévissant la capsule. Et je ne t’y ai pas vu. Ça y est, tu t’es enfin décidé à te mettre au tricot ?
— Très drôle. J’étais juste avec ma copine car elle ne pouvait pas venir ce soir. D’ailleurs, où est Mathilde ?
— Elle m’a dit qu’elle arriverait plus tard. Bon, on joue ou pas ? Brian, laisse-moi te montrer. »
Tout en entamant ma bouteille, j’arrache de ses mains la canne et, aussi aisément que de soulever des haltères, je mets la boule rouge dans le coin gauche.
« Ouaw, le maitre est dans la place », disent-ils… C’est vrai.
On cogne nos bouteilles et nous buvons de joie.
À ma montre, il est maintenant 22 heures.
Je jette un coup d’œil dehors, la maison est pleine à craquer : des tables mises dans le jardin jusqu’à la piscine, sans oublier un endroit où je compte ne jamais mettre les pieds : l’aquarium.
Nous, nous n’avons toujours pas bougé de la salle de billard mais par contre, les biceps ont remplacé les boules, provoquant un attroupement d’étudiants pour admirer les compétiteurs d’un concours de bras de fer bon enfant. Je suis évidemment de la partie.
Les règles sont simples : nous nous tenons de chaque côté du bar et, au top donné par le public, il faut d’abord boire une bière le plus vite possible, et puis battre l’adversaire.
Évidemment, il ne m’a suffi que de quelques rounds pour que la foule scande mon nom. L’effet Max est bien là.
« ALORS, QUI VEUT ME DÉFIER ? », crié-je.
Je m’attendais à ce qu’un visage inconnu s’approche, mais c’est Brian qui se présente face à moi. Cela m’étonne, cependant, en observant derrière lui, je vois qu’une jolie fille l’encourage énergiquement.
« Ah je vois, tu veux séduire !
— Je t’en prie, laisse-moi gagner, me chuchote-t-il.
— Jamais ! » réponds-je tout sourire en attendant le décompte.
5… 4… 3… 2… 1…
J’engloutis ma bière d’une traite et me concentre sur l’objectif. Je serre mon bras tout en fixant Brian dans les yeux. Il a plus dur que moi, cela se voit, et même pour une bonne cause, je ne peux le laisser gagner.
Plus son poignet descend, plus son regard me supplie d’être magnanime. Mais je ne peux pas : question d’honneur.
« ET TOUCH DOWN ». Je lève les mains au ciel et rugis de puissance, tel un Lasah Talakhadze au dernier J.O.
« QUI VEUT ESSAYER ? HEIN… QUI EST LE PROCHAIN PERDANT ? »
La foule est en délire et scande « BOSS, BOSS, BOSS ».
Je sens alors une tape dans mon dos.
« Mathilde ! Tu m’as vu gagner ? »
Je l’embrasse pendant qu’elle me caresse les abdos pour me féliciter. Elle a toujours été très attirée par les muscles.
Elle me demande :
« Tu veux pas venir t’occuper un peu de moi ? J’ai envie de toi.
— Quoi, maintenant ?
— Ouiiii » me fait-elle en se mordant la lèvre.
Pfff ! On se voit demain, on s’est vu à midi, pourquoi maintenant ?
« Mais là, je suis occupé. PAS VRAI LES GARS ?… YEEAAAAHHHH !
— YEEEAAAAHHH. BOSS ! BOSS ! BOSS ! »
Seb s’approche et me défie du regard. « À nous deux maintenant », sous-entend-il.
Sous les cris de la foule, il remonte sa manche droite, laissant entrevoir une petite ancre bleue, mais loin de me défiler, je fais pareil.
« Va t’amuser avec tes copines, dis-je à Mathilde sans quitter Seb des yeux. Nous avons tout le temps de nous voir après. »
Le combat est dur mais à vaincre sans péril, le triomphe se fait sans Max. Il m’aura fallu une dizaine de combats pour l’emporter, mais le dernier poigné est écrasé. Je monte sur le bar, prends les poses et fais des dashes sous les acclamations.
C’est alors que Brian lance un mouvement. « PISCINE, PISCINE, PISCINE. ».
Il m’attrape la main et sans que je m’en aperçoive, la foule porte son héros vers l’extérieur. J’ai juste le temps de donner mon GSM à Seb ainsi que d’enlever mes chaussures, que je suis jeté à l’eau sous les applaudissements et rires amicaux. C’est toujours ce qui arrive aux vainqueurs, mais honnêtement, on s’y fait.
« Sans rancune, me sourit Brian en m’aidant à sortir de l’eau.
— Sans rancune », lui réponds-je.
Lalye me rejoint toute souriante avec une serviette pour que je puisse m’éponger.
« Il y a un séchoir dans le jacuzzi. Viens, je t’y emmène. »
Je laisse mes potes boire et s’amuser et je talonne la maitresse de maison vers l’intérieur. Nous passons une salle de fitness contenant quelques appareils. J’observe mais ne suis pas impressionné. À peine quelques poids et une seule machine de cardio, je m’y embêterais, c’est sûr.
« Tu t’entraines souvent ?, demandé-je à Lalye.
— Quoi ? Non, ce sont mes parents. » J’aurais dû m’en douter en voyant sa musculature. Lalye ne pourrait même pas soulever un pot de cornichon.
La pièce suivante est une grande salle de bains qui donne sur un jacuzzi extérieur rempli de filles en bikini, ainsi que de deux-trois mecs se tenant sur le bord avec une coupe de champagne à la main. À leur carrure, je peux dire qu’aucun des trois ne soulève de la fonte ou ne porte quoi que ce soit, mis à part leur Rolex. Probablement misent-ils plus sur leur fric que sur leurs biceps pour attirer ces pauvres filles dénudées dans leurs bras (ou leurs lits) sans eux-mêmes se mouiller.
Tous nous suivent du regard, enfin… me suivent du regard.
« Voilà le séchoir. Je vais voir si je ne peux pas te trouver d’autres vêtements, me dit Lalye.
— Pas la peine », réponds-je en ayant une petite idée en tête.
Curieusement, elle ne me demande pas pourquoi. Elle quitte simplement la pièce me laissant seul devant un public… averti. De mon côté, je ne ferme pas les rideaux car je pense que ces garçons autour du jacuzzi auraient besoin d’une bonne leçon.
Comme si une musique d’atmosphère langoureuse était diffusée dans la pièce, je me déshabille sous les yeux de ces dames.
D’abord j’enlève mes chaussettes, puis mon t-shirt. Torse nu, je contracte mes rhomboïdes ainsi que le grand dorsal. Enfin le pantalon suit le tout dans la machine, il ne me reste plus que mon caleçon moulant mais cela est chasse gardée pour Mathilde. J’appuie sur le bouton « start » et un décompte de trente minutes se met en marche.
Je me retourne et observe l’effet « Max » sur leur visage, toutes les filles se mordent la lèvre tandis que les p’tits riches comprennent qu’ils ne pourront gagner.
« Y a-t-il une place pour moi pendant que mes vêtements sèchent ? » demandé-je, connaissant parfaitement la réponse.
Elles acquiescent, salive au coin de la bouche, et me laissent rentrer dans le bassin à bulles où je prends bien soin d’éclabousser au passage les trois freluquets présomptueux.
« Marie », me dit l’une d’elles, suivie d’une « Sophie » et d’une « Fabienne ».
Je reconnais la fille que Brian essayait d’impressionner là tantôt et je lui fais un large sourire.
« Enchanté ! Moi, c’est Max.
— Oui on sait, tu es le capitaine de l’équipe de sport. »
Ah ! Réputation, quand tu nous tiens…
J’entends derrière moi les garçons donner leur nom mais je n’écoute pas. Je ne les regarde même pas, tout comme les filles qui les ont maintenant oubliés. D’ailleurs, après quelques instants et devant ma candeur, ils décident d’abandonner et vont vers l’aquarium. Aucun doute, c’est bien des junkies.
« Les filles, vous voulez voir d’autres muscles ?
— Ouiiiiii ! »
Je me retourne vers Brian, Seb et les autres au loin. « EH LES AMIS, ENVIE DE VOUS MOUILLER ? »
Après quelques minutes, je suis rejoint par toute la bande. Bon, je sais qu’elles m’auraient voulu personnellement, mais je ne peux pas faire cela à Mathilde. Qu’est-ce que moi je dirais si c’était l’inverse ?
Nous nous amusons professionnellement pendant que mes habits sèchent. Beaucoup d’entre elles nous demandent des explications sur notre entrainement, et c’est avec joie que nous remédions à leur manque de culture.
Quand j’aperçois au loin du vert.
« Qu’est-ce qu’il fait là, celui-là ? », me dis-je en voyant la chevelure verte d’Edwin, ou Edmond je sais plus.
C’est un type de la classe qui ne fréquente la salle que quand il y a une obligation (par exemple certains cours de sport), mais n’a aucune envie de s’y investir. La dernière fois, son record d’épaulé-jeté était de moins de 10 kilos (c’est à peine la barre à vide) et il a abandonné le CrossFit après trois minutes. J’espère qu’un jour, il se reprendra en main.
Je remarque son bras gauche, il est dans le plâtre.
« Edwin, tu t’es cassé le bras ?
— C’est Edward. Rien ne t’échappe, me répond-il.
— Tu t’es fait cela comment ? Pas en faisant du sport je suppose, crevette comme t’es. »
Mes amis rigolent à ma bonne blague.
« D’ailleurs, pourquoi tu viens pas t’entrainer avec nous ? Je pourrai faire de toi un homme.
— Je suis déjà un mec.
— Non, mais un vrai, musclé et beau ! Me dis pas que tu veux rester comme cela toute ta vie. Enfin je dis cela pour toi, tu fais ce que tu veux.
— Mouais… T’aurais pas vu Sean ?
— Qui ?
— Sean, le mec de Haha. Il est dans notre classe.
— Haha a un mec ? Il soulève combien à la salle ?
— Depuis quelques mois ; et il ne fait pas de sport car il a un certificat.
— C’est pas un mec, alors.
— C’est celui avec des pics dans les cheveux. Il s’est battu avec Fred au début de la semaine et t’as dû les séparer.
— Cela ne me dit rien. »
C’est vrai que j’ai dû séparer Fred et un autre type, mais c’était surtout parce que Mathilde m’avait demandé d’agir. Je ne savais pas que l’autre était aussi dans notre classe.
« T’exagères. Si tu te souviens de moi, tu peux te souvenir de lui.
— Mais toi, c’est différent. Ça fait cosmopolite de t’avoir avec nous.
— Mouais ! Je vais prendre cela comme un compliment… Bon, je vous laisse. »
« Tu veux pas nous rejoindre ? demanda une des filles.
— Non merci. »
À sa tête, elle est déçue de la réponse.
« Ce n’est pas toi, dis-je pour la rassurer. Il n’est intéressé que par les jolis garçons comme moi. ».
Elle mit du temps à comprendre avant de rougir de honte.
« Mais nous, on est là. PAS VRAI, LES GARS ? ».
Nous nous levons tous et dashons nos muscles. Brian faillit en perdre son caleçon et les filles s’en amusent.
En parlant de Haha, elle passe par le jacuzzi quelques minutes plus tard.
Haha, c’est « la » garçon manqué de la classe.
Ce soir, elle porte les mêmes vêtements que ce matin : un jeans, un t-shirt trop large avec par-dessus une veste de baseballeur et enfin sur sa tête une casquette qui laisse passer sa queue de cheval. Autour de son cou, son appareil photo qu’elle trimballe de soirée en soirée, faisant d’elle la photographe officielle de toutes nos sorties extrascolaires.
« Vas-y, prends-en encore une, lui lançai-je après avoir attrapé une fille dans mes bras. »
Elle s’exécuta.
« Tu me l’enverras.
— Je les mettrai sur Facebook, comme d’hab.
— Tu veux qu’on en fasse une à deux ? Cela te mettrait en valeur.
— Ça ira, merci. Puis, je veux pas rendre Mathilde jalouse.
— Mathilde ? T’en fais pas, notre couple est basé sur la confiance mutuelle.
— Mouais. Mais quand même, je passe mon tour. Salut ! » me dit-elle.
À 23 heures 30, la soirée continue entre mecs. Après que mes vêtements ont fini de sécher, nous retournons au billard où trois jeunes riches pensaient garder la table. Nous leur faisons comprendre qu’ils n’étaient pas les bienvenus.
Brian s’est mis en couple avec Marie, la fille du jacuzzi, et ils ont disparu tous les deux au bout d’une heure. De notre côté, les bières passent et les boules trépassent dans la joie et l’allégresse.
C’est alors qu’Aline vient interrompre l’ambiance pendant quelques minutes.
Cette fille n’a aucune prestance. Ses vêtements un peu troués et ses chaussures usées sont dissuasifs. D’ailleurs, je suis sûr que beaucoup se demandent, en me voyant lui parler, comment je peux la connaitre. Ce n’est pas de ma faute si on est dans la même classe !
« Max, me dit-elle. J’aimerais sav… enfin… je…. Tu… t’as pas… ».
J’entends dans mon dos mes amis qui rigolent de la situation, mais je garde mon sérieux pour ne pas la vexer. Sur le moment, je la crois même droguée et je cherche une échappatoire.
Je vois alors au loin Mathilde discuter avec un autre type de la classe. Elle me fait un coucou de la main que je lui rends. Saisissant une opportunité, je dis alors à Aline.
« Pourquoi t’irais pas demander à Mathilde, elle a plus l’habitude de te comprendre que moi. Tu sais, entre filles… »
Je ne laisse pas le temps de répondre et pousse Aline dans la direction de ma copine, puis je me tourne vers mes amis en faisant de grands yeux.
« Elle est gentille mais pénible », marmonné-je.
Le reste de la soirée se passe sans accroc. Je rentre chez moi à une heure raisonnable sans oublier de dire un mot encourageant à chacun des gars de l’équipe.
Samedi soir.
Je dors chez Mathilde et nous parlons entre autres de la soirée. Je lui demande si elle aussi s’est bien amusée, elle acquiesce de la tête puis me demande :
« T’en as pas trouvé certains bizarres ?
— Qui ?
— Je sais pas. Comme ça. »
Mais la conversation n’ira pas plus loin car je ne suis pas venu pour discuter.
Le lundi, la classe est peu nombreuse, Lalye est absente ainsi qu’un autre mec, à ce que j’ai compris. Probablement un type qui a trouvé une excuse pour ne pas pratiquer de sport. Comme beaucoup, je passe toute la journée à contempler sur mon GSM les photos de l’événement de vendredi ; les meilleures étant bien évidemment celles sur lesquelles je suis.
Mardi, mon endroit préféré m’attendait de pied ferme dès 9 heures du mat. Je commence par l’échauffement, une course sur tapis durant dix minutes, puis à moi la fonte. Brian, le seul gars de l’équipe présent, ne parle que de sa nouvelle copine, un peu trop d’ailleurs ; mais il faut bien que jeunesse se passe.
Mon téléphone nous interrompt, un message de Mathilde.
« Sean est mort. »
Silence.
Je me retourne et demande : « Quelqu’un connait un Sean ? »
Annotations
Versions