Il ne faisait pas assez beau pour arroser les plantes, le jour où elle est morte.
Il ne pleuvait pas, sinon la question ne se serait même pas posée. Mais le soleil boudait, le gris grondait, le froid pleurait, et moi j’avais la flemme.
J’étais lové dans le plaid, assis sur l’automne. Qu’il est confortable, l’automne, quand il ne fait pas beau. J’avais la télé pour compagne, la console pour chasser le temps. On le chasse, mais ne le passe pas, et ne dépasse jamais. C’est le jeu du temps.
Quoiqu’il en soit, je ne suis pas sorti le jour où elle est morte. Elle attendait ma visite, depuis longtemps déjà. Mais je repousse toujours tout : mes tâches, mes devoirs, mes ennuis, ma vie. Je procrastine comme on dit, même si le mot est moche et sonne creux.
Ce jour-là encore je l’ai fait, et tant pis pour elle. Je me suis dit qu’elle comprendrait, ou à défaut, me pardonnerait. Mais elle n’a pas eu le temps de le faire. Elle était toute desséchée, ma fleur. La soif l’a emportée dans son terreau.
Il y avait pourtant de l’engrais, mais quand on ne fait rien pour l’aimer correctement, c’est la nature des choses (la nature tout court), elle meurt. Je l’avais appelée Amour, mais elle est morte, et l’amour avec.