IV. Ecrire avec un stylo brisé
Ecrire avec un stylo brisé
Ecrire avec un stylo brisé
c’est comme brûler une œuvre envolée
voir les lettres d’encre alcoolisées
sur le papier déchiré
comme des ombres sans lumière
sans contraste abandonnées
penser aux musiques dérobées
d’un vieux poème de poussière
les chercher dans la boue dans la cendre
abandonner
c’est comme vivre dans un funiculaire
où l'on ne ferait que descendre
et remonter sans même le vouloir
et il faut revenir à ce mot funéraire
que l'on tente d'écrire dans le noir
qui nous enferme dans le non-pouvoir
Ecrire avec un stylo brisé
c’est comme tenter de résorber
tout l’univers
faire une ligne du chaos
mettre en bouteille l’éther
et enfin boire cul-sec l’entropie
se peinturlurer de tous les maux
pour enfin voir l’utopie
qu’on cherche du bout de son stylo
Finalement écrire avec un stylo brisé
ce n’est pas grand chose
c’est glaner le papier arrosé
afin d’en retirer quelques névroses
quelques lignes éphémères
qui ont poussé dans le blanc
entre les lignes
c’est mener au front
une ultime fois dans un ultime élan
le stylo et son chant du cygne
c’est laisser couler l'hémorragie bleue
et s’y laisser bercer, laisser filer
des syllabes défenestrées
et enfin du stylo faire un vœu.
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