XVI. Cauchemar éveillé
Cauchemar éveillé
Sombre création de l’urbanisme, nuit,
Nuit blanche, blanchie par une fade lumière,
Nuit des brillants malheurs, des maigres lampadaires,
Noctambules de fer, reluisants sous la pluie ;
Nuit des faibles démons qui demeurent en nous
Et profitent du soir pour envahir nos corps,
Attendant nos sommeils, et la fin des efforts,
Nous nous engourdissons, avons peur d’un grand loup,
Loup d’ombres, loup cendré, loup gueule, carnation,
Prédateur dévorant mon aorte exposé.
Si je semble avancer, tout ne m’est pas aisé ;
Je suis comme un névé qui craindrait sa fusion,
Tristes débris d’hermine, arpentant le sol vide
Et qu’achève la pluie, faucheuse climatique.
Tout d’un coup de moi-même esclave, je panique,
Mon vil esprit me peint de honteuses rides,
Il impose à mes yeux la cour du roi Hiver ;
Ses étalons du froid galopent tous en moi,
Naissent dans mon cerveau d’indicibles effrois
Et je m’endors bercé par ce multiple enfer...
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