La tirelire du bonheur (partie 1/3)
Parfois, il arrive que l’on fasse de mauvaises rencontres. De préférence en groupe, au pire seul. Vous me connaissez déjà, vous savez que je ne suis peut-être pas parfait, d’ailleurs qui peut le revendiquer ? Mais j’ai toujours su maîtriser mes humeurs, je ne suis pas du genre à user de la violence pour rien, je suis très aimable, et je ne juge jamais sur les apparences…
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Accoudés au bar, deux amis et moi étions occupés à résoudre une affaire d’État : qui entre Karim Benzema et Kylian Mbappé était le goat, j’étais en train de retoucher mes pansements sur mes digitales, lorsqu’une demoiselle nous a accostés. La tête en arrière, un sourire malsain de petite fille accroché à ses lèvres gercées.
Vous savez que je ne juge pas sur l’apparence, alors qu’ai-je à redire face à l’allure d’une môme anorexique, aux cheveux couleur vert vomi de chat, et coupés si courts qu’on croirait un garçon, des piercings qui donnent l’impression d’être à la devanture d’un manège à bijoux ou encore son nez plat ou plutôt aplati comme si elle s’était accouplée avec un mur ? Qu’ai-je à redire lorsque cette enfant nous demande si nous serions intéressés à nous faire de l’argent à la condition que nous parvenions à la dérouiller en combat singulier à l’arrière du bar ? Qu’ai-je à redire lorsque se forme dans ma tête l’image de 3 trentenaires passant à tabac une môme ?
Enfin, qu’aurais-je à redire à la demoiselle au sourire malsain de petite fille aux cheveux coupés si courts couleur vert vomi de chat et au nez aplati comme si elle s’était accouplée avec un mur lorsque ne supportant pas nos refus a décidé de cracher dans une de nos choppes encore remplis, avant de nous désigner à haute voix sous le terme de « poules mouillés » le tout sous les exclamations hystériques de la clientèle ?
Dans ce genre de situation, vous vous en doutez, matures comme nous sommes, nous ne négocions pas avec les terroristes.
– Amène-toi le clown !
Le temps de franchir la porte, le barman m’attrape par le coude.
– Elle sait ce qu’elle fait.
– Tant mieux, moi aussi.
Cette réponse tout à fait honnête de ma part ne reflète peut-être pas toute la vérité.
A l’arrière du bar, entre la poubelle, la bicyclette cassée, le cendrier en bois, deux couvertures de sans-abris, et une insulte écrite à la peinture « Jésus t’aime », je distingue au travers du grillage, celui donnant sur la rue, une autre jeune fille, bien plus grande que la môme clown, fine comme un cure-dent les cheveux noirs et longs comme une figure de film d’horreur japonais et au sourire malsain de petite fille accroché à des lèvres non gercées.
La demoiselle, celle au sourire malsain de petite fille aux cheveux coupés si courts couleur vert vomi de chat et au nez aplati comme si elle s’était accouplée avec un mur, nous explique les règles :
1) Il faut miser une valeur équivalente à celle contenue dans le pot, c’est-à-dire le cendrier.
2) La mise au départ commence à 50€.
3) Si elle gagne elle peut décider de continuer les affrontements, donc poursuivre la mise ou dans le cas contraire se retirer avec les gains.
4) Si elle décide de poursuivre les matchs, alors il faut que chacun mise le double de la valeur actuellement présente dans le cendrier.
5) Si l’un d’entre nous gagne il récupère tout le contenu du cendrier.
50€ puis 50€, le premier combat est lancé.
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