La tirelire du bonheur (partie 2/3)

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 50€ puis 50€, le premier combat est lancé.

 La môme laisse ses bras tomber le long de son corps et dans une démarche chaloupée pousse des cris semblables à un phoque.

 – C’est pas fini cette plaisanterie !

 À peine mon compagnon lui décoche un premier jab, qu’elle l’allonge au sol, KO technique. Esquive, cross plongeant, uppercut au foie, crochet avec deux doigts enfoncés profondément dans les narines. Allongé par terre, je vois mon compagnon n°1 se vider sur le béton.

 Qu’ai-je à redire face à ce spectacle ? Qu’ai-je à redire lorsque l’autre jeune fille, celle fine comme un cure-dent les cheveux noirs et longs comme une figure de film d’horreur japonais au sourire malsain de petite fille, éclate de rire à chacun des coups de la môme ? Qu’ai-je à redire lorsque cette dernière lui cligne de l’œil en retour ? La jeune fille de derrière le grillage prend son pied à voir la violence s’étaler, nous partageant ses cris et autres exclamations à chaque technique délivrée. Nous ne descendons pas du singe, mais celle-là très certainement en remonte.

Boom ! Bam ! Pas mal ! Joli ! Ow ! Bien joué, Mila ! Owa ! Impeccable ! Umpf ! Pas mal ! Joli coup ! Ouais ! Défonce-le ! Euwa ! AH ! Feuh ! Euweuh ! Ahhhhh… UMM !

 Une thérapie jouissive en somme.

 Avec 500 € en jeu, mon compagnon n°2, plus instruit, s’approche prudemment mais toujours décidé à en découdre. Honorable adulte, noble vengeur, levant la main, prêt à abattre le glaive de la justice sur l’adolescente ; même la force de l’âge et les meilleurs sentiments ne sont pas toujours suffisants pour éviter de se retrouver tête la première dans une poubelle un canif, arme blanche sortie pour l’occasion, enfoncée profondément dans la cuisse gauche.

 J’observe circonspicilicieux le résultat. La demoiselle danse comme une chèvre avec ce gain. L’autre jeune fille, celle qui [Oh vous avez compris…], n’a pas cessé de commenter tout le combat. Vous comprendrez donc pour votre santé mentale ma décision de ne pas vous faire partager ses élans.

 Je suis à présent le seul debout, la mise totale s’élève à 2500€, et je comprends bien qu’elle n’est pas là pour rire, c’est une enfant sérieuse ! Et ça la fait gonfler d’orgueil. À raison bien sûr, le barman le savait, je viens de le constater, compagnons n°1 et n°2 aussi : quelle technique, quel savoir-faire, quelle vigueur, quelle créativité ! Le combat se promet difficile, éprouvant, douloureux. La voilà qu’elle se précipite, cri de guerre au cœur le cross levé.

 Je lève le bras. Et cette fois-ci c’est elle qui finit allongée par terre, le nez en sang.

 Il faut dire que pour ma défense, affronter en combat singulier un poids lourd au grade rouge niveau 4 lorsque l’on est un poids léger comme cette môme n’est très probablement pas la meilleure façon de récolter 2500€.

 – C’est la première fois que je perds.

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