de Auxane

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Elle avait 10ans, cette petite fille emmitouflée dans son manteau rose. C'était en hivers et comme d'habitude, elle attendait que le bus du village la ramène chez elle, dans cette grande maison pleine de vie qui lui manquait chaque fois qu'elle s'en éloignait...

Ce jour-là, elle attendait le bus, mais il n'était pas l'heure d'attendre le bus... Elle avait trainé avec ses copines, un nouveau magasin venait d'ouvrir juste à côté de l'école et ils y vendaient de délicieux bonbons... Elle n'avait pas pu résister ! Maman m'a dit de rentrer avant qu'il ne fasse nuit, mais en même temps, mes copines, elles peuvent tout le temps aller acheter des bonbons alors que moi jamais... Elle me pardonnera, ce n'est que pour cette fois, en plus, Alice va la prévenir...

Elle attendait patiemment, le bus était toujours en retard, mais il passait tout le temps. Après tout, il la connaissait le chauffeur, il savait qu’il ne pouvait pas la laisser mourir de froid sous cette première neige qui ne serait certainement pas la dernière.

L’heure tournait et le bus ne venait pas. Il était maintenant dix-sept heures et rien… Plusieurs personnes autour d’elle attendaient, tout aussi frigorifiés et pressés. Maintenant c’est sûr, je vais me faire gronder…

Finalement, elle osa demander son téléphone à une jeune femme enceinte assise sur un banc que la neige n'avait pas encore recouvert. Il fallait bien qu’elle prévienne ses parents, sinon ils finiraient par envoyer la police fouiller tout le pays !

Ça sonne…

Ça continue de sonner…

Ah, ça y est !

- Oui maman ? C’est normal que je ne sois pas encore à la maison, je…

- Rose ? C’est bien toi ? Oh mon Dieu Fabrice, Rose est ici, elle va bien…

- Je suis désolée maman, j’ai pris un peu de retard parce qu’avec Sarah et Molly, on est allé manger des bonbons… Alice te l'a dit mais maintenant, le bus ne vient pas...

- Oh ma chérie tu ne bouges pas d’accord ? On vient te chercher avec papa.

La mère de la fillette raccrocha et Rose attendit donc patiemment que ses parents arrivent… Ils en auraient pour longtemps et il commençait vraiment à faire très froid. Rose se sentait également de plus en plus seule, ceux qui attendaient le bus s’éclipsaient les uns après les autres et bientôt, le banc serait à nouveau imperceptible sous son gros manteau blanc…

Une voiture verte pomme éclaira finalement la grand route et la petite fille put apercevoir à l’intérieur ses deux parents et deux de ses sœurs à l’arrière…

- Un miracle… Fit son père en la faisant entrer. Elle commençait vraiment à trouver le comportement de ses parents étrange.

- Alice est restée à la maison… Je lui avais dit de vous dire que j’allais jouer avec mes copines mais elle a dû oublier…

Après cette phrase, des larmes jaillirent des yeux de ses parents… Ils s’arrêtèrent sur un côté de la route afin de se ressaisir, il faisait noir et il fallait rentrer… Alice n’est pas ici, le bus n’est pas venu, maman et papa pleurent… Qu’est-ce qu’il se passe ?

Elle leur posa plusieurs fois la questions mais ils ne pipèrent mot du trajet. Quand aux deux autres enfants, elles s’étaient endormies avant que Rose ne monte dans la voiture…

Arrivés à la maison, ils ôtèrent leurs manteaux et s’installèrent dans le salon, tandis que Jade et Lily se disputaient pour mettre leur manteau sur le porte-manteau en premier. D’habitude, les parents venaient toujours les séparer, les sermonner puis les mettaient dans les chaises hautes pour dessiner ou prendre le gouter.

Pourquoi étaient-ils si étranges aujourd’hui ?

Au fond d’elle, Rose savait. Elle refusait simplement, de laisser la vérité prendre le dessus, alors que l’ignorance pouvait pour le moment, continuer de la guider…

- Ducoup Alice est pas là ? Demanda-t-elle en s’asseyant sur le gros fauteuil rouge près de la cheminée. Je lui ai gardé des bonbons, je n’ai pas été très gentille avec elle tout à l’heure…

- Le bus n’est pas venu te chercher toi parce qu’il y a eu un accident… Commença sa mère, la voix se brisant sous le coup de l’émotion.

- Mais ça va hein ?

- Alice était dans ce bus, tout devant comme d’habitude… L’accident a emporté ta sœur ma chérie…

- Non… ça va aller n’est-ce pas ?

- Je suis désolée…

Les trois membres de la famille se mirent à pleurer, bientôt suivis de Jade et Lily qui du haut de leurs deux ans, ne comprenaient pas encore toute la situation…

Rose se réfugia dans sa chambre et pleura toute la nuit… Sa petite sœur était dans le bus à cause d’elle…

C’est elle qui avait voulu être avec ses copines sans Alice, c’est elle qui lui avait dit de rentrer pour pas inquiéter maman et papa… C’est elle qui lui avait dit de se trouver des amis parce qu’elle était trop petite pour trainer avec elles… Les grandes.

Et si elle avait simplement accepté de l’inclure dans le groupe pour une fois ? Et si elle était rentrée avec sa sœur plutôt que de rester avec ses copines…

A quel point ce futur aurait-il été différent ?

Ils avaient eu beau la rassurer, lui dire que ce n’était pas de sa faute, qu’elle était petite et qu’elle ne pouvait pas savoir, des années plus tard, elle continuait de s’en vouloir… Ils avaient raison, mais elle ne l'admettrait jamais.

Tout simplement parce qu’elle aurait pu empêcher ça… Sans le savoir certes, mais ça aurait pu être différent…

Et si…

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Table des matières

Et si...

En réponse au défi

Lancé par Jine

Quand j'étais petite, il y avait un portail au fond de la cour de récréation qui donnait sur la rue passante. Un homme venait souvent se présenter devant ce portail. Il observait des enfants jouer et il tentait régulièrement de nous faire approcher jusqu'à lui. Je me souviens de cet instant où nous l'avons rapporté à nos maitresses. Peu de temps après ça, le portail a été remplacé par une porte opaque, épaisse et très haute.

Quinze ans plus tard, un mercredi après-midi, j'ai séché les cours. Ce jour-là, un jeune adolescent a été agressé à l'arrêt de bus en face de la fac, un arrêt où je me présentais tous les jours pour rentrer des cours... Sauf ce jour-là. J'en ai perdu le sommeil pendant quatre nuits, à me demander ce qui aurait pu se passer si j'avais été là. Peut-être aurais-je pu protéger le petit garçon ? Peut-être que ce qui lui était arrivé à lui aurait pu m'arriver à moi ?...

La plupart du temps, on n'a pas conscience de ce qui aurait pu dégénérer jusqu'à ce qu'on se rende compte rétrospectivement qu'on a sans doute réussi, par chance ou coïncidence, à esquiver la balle, parfois au détriment de quelqu'un d'autre.

Racontez-nous ce moment où le drame aurait pu vous arriver. Il doit s'agir d'un récit factuel à la troisième personne entrecoupé d'assertions à première personne notées en italique qui correspondront à vos pensées en tant qu'examinateur objectif, conscient de ce à quoi vous avez échappé.

Exemple : L'homme qui se tenait devant le portail de la cour de récréation venait souvent se présenter avec un paquet de gâteau, qu'il nous tendait à bout de bras à travers les barreaux pour nous attirer. J'aurais pu être tentée par ces gâteaux, mais ma mère avait passé des années à me répéter de me méfier des inconnus qui offrent des sucreries aux enfants, et elle continuerait ses mises en garde encore bien des années après cet incident. L'homme finissait toujours par partir, et un jour, le portail a été remplacé par une lourde porte qui ne permettait plus à quiconque de nous observer depuis la rue. A peu près à la même époque, j'entendrais parler de cette rumeur disant que le gardien du parc pour enfant, près de la pinède jouxtant notre école, séquestrait des enfants dans la remise du parc. Une rumeur qui alimenterait mes cauchemars les plus sordides... Pendant des mois, nos parents allaient nous conseiller de ne pas nous approcher de cette remise.

Style autobiographique