Chapitre XI : La traque
–Tu as une miette sur la joue.
D’un geste, Arion passa alors sa main sur sa pommette, avant de remercier son ami. Les deux hommes avaient pris chacun une collation, composée d’un petit pain coupé en deux enserrant du jambon recouvert de confiture d’oignon. Leur repas en main, ils s'étaient installés sur un banc en pierre, faisant face à la balustrade d’une vaste terrasse. Paflos ne pouvait s'empêcher de regarder son ami. La vue s’offrant à eux plongeait sur l’ensemble du quartier. Au centre de la caverne se dressait une grande et large tour carré, s’enlaçant au sein d’une colonne stalagmitique. Sur chacune des faces du dernier étage de la tour se dressait un mécanisme circulaire, composé de quatre cadrans concentriques d’une complexité qu’Arion peinait à saisir. Voyant la miné étonné de son ami, Paflos pointa du doigt la tour, avant de dire :
–Le cadran le plus large représente une année. Il est divisé en douze quartiers représentant les phases lunaires. La plus longue des aiguilles marque ainsi le mois qu’il est. Le deuxième cadran représente un mois, et son aiguille marque le jour qu’il est. Le cadran suivant représente une journée, et son aiguille nous indique les heures. Enfin le plus petit représente une heure, et son aiguille la minute qu’il est.
–Je vois. C’est un peu un mélange entre un cadran solaire amélioré et un almanach, en quelque sorte.
–En effet, oui. Tu te doute bien que les Nains ne voient que rarement la lueur du soleil.
–Je ne pourrai pas vivre sous terre toute ma vie… soupira doucement Arion en croquant dans son sandwich, songeur.
–A cause du soleil ?
–Entre autres, oui. Et puis, vivre avec autant de terre et de roche au-dessus de la tête, c’est angoissant, je trouve. J’ai besoin de grands espaces, je préfère vivre sur que sous les montagnes.
Paflos sourit aux mots de son ami. Il ignorait si l’amour de ce dernier pour les montagnes lui venait de son année passée à Alpénas ou était une réminiscence de sa vie d’avant. Au fond, peu importait à l'homme d’armes. Tout ce qu’il espérait, c’était de voir Arion rester à Alpénas après le retour de sa mémoire. Du coin de l'œil, il regarda le jeune homme manger son sandwich avec un doux sourire.
–Avec quoi marche cette tour ? demanda Arion.
–Je ne sais pas très bien. avoua Paflos en détournant le regard de son ami pour le fixer sur la structure. C’est un mécanisme nain, donc c’est sûrement compliqué, remplis d’engrenage et de contrepoids. Je suppose qu’elle est alimentée par un moulin à aube, ou quelque chose de cet acabit. De toute manière, il n'y a pas trente-six sources d’énergie, sous les montagnes. En tout cas une chose est sûre, elle n’est sûrement pas alimentée par une force magique. Les nains sont un peuple aussi hermétique à la magie que fier de savoir s’en passé. Ils ne l’utilisent qu’en de rares occasions, et jamais ils ne laisseraient leur machinerie être alimentée par quelque chose du genre.
Arion acquiesça alors, pensif, avant de replonger dans son sandwich. Ses yeux, perdus sur son petit pain, brillaient d’une douce lueur violette. Paflos, en voyant ça, fit la moue et posa sa main sur l’épaule du plus jeune. Cette journée n'avait pas été aussi instructive que les deux hommes l’auraient voulu.
–Ne t’en fait pas, d’accord ? fit doucement l’homme d’armes. La journée n’est pas finie, nous avons tout le temps de trouver un magicien moins obtu.
–Et il nous dira quoi ? Que ce symbole est lié à Xatarsès ?
–Arrête de dire ce nom. grogna Paflos.
–De toute manière, ça ne change rien. Ce magicien est peut être fou, mais il a raison. Ils nous cherchent…
–Ils peuvent bien essayer de nous mettre leur griffe d’acier dessus. Tant que nous sommes à Silverberg, nous sommes protégés.
–On ne pourra pas rester éternellement…
–Je peux m’arranger pour trouver de l’argent afin de rester quelque jours, le temps de contacter mon sergent. Il n’aura que peu de peine à me placer dans la garnison humaine de la cité. Je pourrai peut-être même me faire muter à Tursil Ansar, si tu n’aime pas les grottes de Silverberg.
–Et si… Si ça ne servait à rien de les fuir ?
–Quoi ?
–Ils savent qui j’étais… Peut être que ma seule chance de percer ce fichu voile, c’est de me laisser prendre…
–Arrête de dire n’importe quoi. le corrigea alors Paflos.
Avec douceur, l’homme d’armes tira son ami contre lui, l'entourant de ses bras, comme il savait si bien le faire. Arion s’y blottit, sans dire mot pendant quelques minutes. L’homme d’armes posa alors son menton sur la tête de son ami, égarant son regard sur les façades derrière eux, avant de froncer les sourcils. Il jurerait avoir vu bouger quelque chose sur le toit d’une des maisons de la terrasse…
–Ces hommes sont des fanatiques qui ne pensent qu’au travers leur cruauté. fini par ajouter Paflos en se décollant de son ami, ramenant son regard sur la tour. Tu l’as vu comme moi. S’ils nous attrapent, ils nous tuerons.
–Ils ont dit qu’ils voulaient me ramener a Xat–... Leur maître. Et ce magicien fou a l’air de confirmer cela.
–Parce que tu crois qu’une fois qu’ils m'auront étripé et t’auront amené à Tursil Kranor, ou à toute autre endroit où se cache le chef de ces fanatiques, ils t'expliqueront bien gentiment ce que tu veux savoir ? demanda sèchement l’homme d’armes, avant de continuer. Ils te tueront, ou quelque chose du genre. S’ils te veulent, c’est pour assouvir une autre pulsion malsaine du Tyran.
Arion recula. La lueur pourpre de ses yeux avait laissé place à une teinte si incandescente qu’elle aurait pu enflammer Paflos. ce dernier répondit alors, sèchement :
–Je crois que je préfère mourir que de continuer à vivre sans savoir pourquoi je fais ces putains de cauchemars. Tous les jours, Paflos ! Tous les jours je me demande ce que j’ai fait au dieux pour avoir toujours cette même vision, l’avoir lui, ses crimes, sa saloperie de symbole en toile de fond de mon esprit !
–Calme toi !
–Me calmer ?! Est ce que tu comprends seulement ce qui brûle en moi ?! Je ne supporte plus ces cauchemars !
–Nous trouverons une solution !
Les yeux d’Arion brûlaient toujours de rage. Pourtant, ils se chargèrent à nouveau de pourpre et de larmes. Le jeune homme regarda intensément son ami, avant de baisser la tête, laissant une larme tomber sur le banc.
–Il n’y a aucune solution… Paflos je n’en peux plus…
–Tu as besoin d’une bonne nuit de sommeil. Tu peux dormir contre moi, pour calmer ces visions, tu sais ?
–Tu ne comprends vraiment rien… gémit le jeune homme en redressant la tête, les yeux chargés de tristesse. Ce n’est pas de dormir dont j’ai besoin, c’est de me réveiller…
–Ce n’est pas à leur contact que tu te réveilleras. Ils te tueront. Ils nous tueront tous les deux. De la manière la plus sophistiquée et cruelle possible.
–Tu pourrais rentrer à Alpénas. Juste… Me laisser partir…
–Tu veux plaisanter ? Jamais je ne t’abandonnerais. Depuis que tu es arrivé a Alpnénas, Je t’ai protégé, hébergé, nous sommes devenu ami, et je ne peux pas abandonner comme ça un ami.
Paflos se tourna alors vers le jeune sorcier et prit doucement ses mains entre les siennes. Mais son regard était attiré par autre chose. Cette fois ci il en était sûr, quelque chose avait bougé sur le toit en face, et il y en avait plusieurs. Ce devait probablement être des oiseaux… Arion, lui, souffla du nez aux mots de son ami et, d'un sourire mêlant ironie et gentille moquerie, demanda :
–Un ami… Es-tu sûr que c’est seulement l’ami qui parle ?
Mais Paflos ne l’écoutait pas, fixant le toit derrière eux. Il n’y avait pas d’oiseau a Silverberg. Il tira son ami contre lui dans une étreinte forte, qui fit d’autant plus sourir Arion, totalement inconscient de la situation.
–C’est bien ce que je me disais. plaisanta le jeune homme, dont les larmes s'étaient tus face à l'agréable tactilité de son ami.
–Ils sont là… murmura le plus vieux à l'oreille de son ami.
–Je te demande pardon ?
–Tu me fais confiance ?
–Euh… Oui, pourquoi ?
–Alors comporte toi normalement, fait comme si tu voulais finir de manger contre la rambarde…
Doucement, l’homme d’armes tira son ami sur le côté et s’approcha de la balustrade, avant de s'installer contre celle-ci, faisant mine de regarder le paysage. Etonné, Arion le suivit, s’installant aussi, avant de croquer à nouveau dans son sandwich. Sentant son inquiétude montée, le jeune homme regarda autour de lui, avant d'être rappelé à l'ordre par Paflos.
–Je t’ai demandé de te comporter normalement. Regarde la tour et reste calme…
Le jeune homme se raidit à ces mots, mais obtempéra, regardant droit devant lui. De son côté, Paflos jeta un œil indiscret en contrebas. Il y avait juste a quelque mètres en contrebas une grande place, avec une belle fontaine accolée à la parois. Elle avait l’air profonde… L’homme d’armes prit une grande inspiration, se pencha légèrement et posa sa main contre le dos de son ami. Doucement, il le tapota, sans doute pour s’excuser de ce qu’il allait lui faire. Il guettait le moindre son suspect provenant de la terrasse. Ces droles d’ombres avaient sans doute due deviner ses intentions, si elles n’étaient pas stupide. Elles allaient sans doute intervenir… Dommage, il aurait aimé laissé le temps a son ami de finir sa collation.
Alors qu’Arion finissait d’avaler une bouché de son sandwich, Paflos le saisit par le col d’une main et la hanche de l’autre, et se jeta avec lui par-dessus la rambarde. L’adrénaline anesthésiait autant sa peur que ses sens, mais il cru entendre un cri derrière lui. Il ne savait pas bien s’il s’agissait d’un passant ou d’une des ombres. La chute s’éternisa sur moins d’une seconde, avant que deux hommes ne tombent bruyamment dans la fontaine. Les dieux en étaient loués, les estimations de profondeur de Paflos étaient bonnes.
–Paflos, tu es devenu dingue ?! s’égosilla Arion à peine la tête hors de l’eau.
–Tais toi et coure, on se disputera plus tard ! répliqua Paflos en sortant de la vasque.
A peine eut-il posé pied sur la terre ferme qu’un sort frôla ses oreilles. Il jeta un regard vers la terrasse. Encapé, son bras de fer broyant presque la balustrade, la Main le toisait de toute sa haine, et cria quelques ordres aux autres ombres. Aussitôt, Paflos se précipita en arrière pour aider Arion à sortir de la vasque, alors que deux autres masses tombaient à leur tour dedans. Les deux hommes eurent tout juste le temps de partir en trombe. Derrière eux, les deux masses étaient sorties de l’eau, et s’étaient mises à leur poursuite, bien vite rejoints par d’autres ombres.
Paflos tira son ami dans une grande artère, espérant y perdre leur poursuivant. Mais les deux hommes dépassaient d’une tête presque toutes les personnes traversant les rues. Impossible de s’y dissimuler. Ils devaient rejoindre un quartier communautaire. Le quartier elfique, c’était le plus proche. Du moins, dans ses souvenirs. L’homme d’armes entraina alors son cadet dans une contre allée, et jetta lors du virage un regard derrière lui. Par tous les dieux, ils étaient au moins deux fois plus que sur la route de Windskeep… Un nouveau sort le frolla, au niveau des jambes. Paflos jura. Il aurait dû prendre son arbalète avant de quitter Alpénas…
Épuisés, les deux hommes débouchèrent sur une nouvelle avenue. Ce n’était pas le quartier Elfique. Bon sang, il était sûr de le trouver là ! Il n’avait pas le temps de plus réfléchir, et repartit tout aussi vite. Leurs poursuivants, bien que certains avaient été semés, les talonnaient toujours. Les deux hommes soufflaient de plus en plus. Ces ombres semblaient infatigables. Un nouveau sort voltigea dans l’air, frôlant cette fois-ci le bras d’Arion. Derrière eux, la Main hurla :
–Pas lui, ils nous le faut vivant ! J’arrache la tête du premier qui touchera le gamin !
Paflos profita des vociférations de leurs poursuivants pour tirer Arion dans une nouvelle rue. Dans le virage, il eut tout juste le temps de croiser un regard. Non pas celui d’une des ombres, mais celui d’un Nain d'âge et de stature noble. L’homme d’armes n’eut pas le temps de bien le voir, mais eut l’impression de reconnaître un visage familier. Il chassa cette idée de son esprit, et se reconcentra sur la route. Soudain, un sort lui percuta le mollet. Dans un hurlement de douleur, il s’écrasa au sol. Arion tenta de l’aider à se relever, mais reçu en guise de réponse un sec :
–Coure ! Ils ne doivent pas t’attrapper !
–Je ne te laisserai pas. répondit, dans un souffle court, Arion
Le jeune sorcier était épuisé, mais ses yeux brillaient d’une dangereuse lueur. Instinctivement, il se plaça devant son ami, prêt à le défendre. Son aura écarlate crépitait autour de lui. Un sourire narquois au visage, la Main fit teinter les doigts de son bras métallique les uns contre les autres.
–Voyons, môme. Tu n’aspires tout de même pas a une revanche pour la dernière fois ?
–Emmenez-moi si vous voulez, mais laissez Paflos tranquille.
–Comme c’est adorable. Rassure toi, gamin. J'accèderai à la moitié de ta requête. sourit la Main, un air carnassier au visage.
Arion frémit mais, déterminé, leva son bras en direction de leur agresseur. Nullement effrayé, la Main s’approcha, inexorablement d’un pas décidé. Ses crocs d’aciers crissaient les uns contre les autres, comme des lames s'affutent sur un fuseau, n’attendant qu'à être suffisamment aiguisés pour dépecer la carcasse d’un porc. D’un œil, Paflos pouvait voir son ami tremblé d’effrois, mais rester digne, déterminé à le protéger corps et âme. Il ne l’avait jamais vu énervé sous cet angle…
Soudain, un trait de magie se concentra dans la paume d’Arion, et se projeta sur la Main. La lumière était aveuglante, comme un éclair de feu. Tout juste l’homme d’armes cru voir le Manchot se protéger le visage de son bras mécanique. Mais quand la lumière retomba, que l’aura d’Arion se fut dissipé, les deux hommes ne purent qu’hoqueter d’effrois. Le Manchot était toujours debout. Doucement, il baissa sa garde. Son masque noir, brulé aux extrémités par le sort, se détacha de lui même pour s’écraser au sol, laissant voir ses yeux brûlant d’un rouge écarlate. D’un geste sec, il jeta sa main de fer sur Arion, qui lui agrippa le bras. Le jeune sorcier tenta de se débattre, mais ne fit que resserrer la prise de cette déchiqueteuse infernale. Dans le cliquetis d’une chaîne, l’ex-Manchot se rapprocha de sa proie. Puis, sans le lâcher, il raccrocha sa main à son bras, et le tira d’un coup sec à lui.
–Décidément tu as un potentiel impressionnant, mais sans technique, un potentiel reste une sale toquade. grogna avec satisfaction le Manchot. Tu n’as pas idée d'à quel point je remercie tous les dieux que personne ne t’ai dispenser d’enseignement magique. Tu aurais été un disciple incroyable pour le Maître. Mais il a d'autres plans pour toi.
–Qui es-tu… ? parvint à demander Arion en réponse.
–Tu n’as pas à le savoir. répliqua sèchement le Manchot. Je ne suis que celui qui te ramènera au maître.
–Alors pourquoi tu me ressemble ?
Le Manchot fusilla Arion du regard et resserra son bras autour de sa proie. Paflos était estomaqué. Le portrait à l'entrée de Silverberg était à mille lieues de rendre à ce point compte de la ressemblance du Manchot avec son ami. On aurait pu les confondre avec des jumeaux, si leur agresseur n’avait pas l’air de cinq ans l'aîné d’Arion. Le regard incandescent que le Manchot perdait sur le visage du jeune sorcier brillait d’une intense lueur rouge, cependant traversé de stries magenta. Comme si sa colère cachait une profonde crainte, une incapacité à comprendre ou à pouvoir répondre à ce qu’on lui demandait. Paflos avait si souvent vu cette lueur dans le regard de son ami. A croire que la ressemblance de ce dernier avec le Manchot lui jouait des tours. Car un monstre sanguinaire ne pouvait ressentir ce genre d’état d'âme.
Soudain, une autre tache rouge attira l'œil de Paflos, qui chercha à se relever immédiatement. Arion saignait du poignet. L’homme d’armes n’eut qu'à peine le temps de se redresser avant d'être plaqué à nouveau au sol par une des ombres. Au même moment, une autre d’entre elles s’exclama. A entendre sa voix, il s’agissait vraisemblablement d’une femme :
–Lâche-le ! Le maître ne te le pardonnera pas de l’avoir abîmé.
Docilement, le Manchot desserra son emprise sur Arion, sans pour autant le lâcher. Le jeune sorcier tentait de garder sa prestance malgré la douleur, et d’un regard mouillant, il demanda à nouveau :
–Qui es-tu, toi qui me ressemble ?
L’homme n’eut pas le temps d’ajouter quoi que ce soit. Un coup de sifflet, suivit d’un hurlement tonitruant, émana de derrière les ombres.
–I kongens navn !
–Merde, la garde ! s’exclama la femme.
–Ça va pas recommencer ! hurla en réponse le Manchot.
Aussitôt, plusieurs hallebardiers nains fondirent dans le dos des ombres. A leur tête se trouvait celui que Paflos avait cru connaître lors de leur course. Il était armé d’une longue et magnifique épée et hurlait ses ordres en langue naine. Bien vite les ombres jetèrent leur premier sort, et le combat éclata. Dans la cohue, le Manchot avait assez desserré ses griffes pour permettre à Arion de lui échapper. Lorsqu’il s’en rendit compte, sa proie s’était déjà libérée. Dans un hurlement de rage, il tenta de fondre sur le jeune sorcier, mais fut arrêté dans sa course par la lame d’une hallebarde. Arion en profita pour se jeter au sol, vers son ami. L’ombre l’ayant retenu au sol étant elle aussi occupée, ce dernier put se relever, aidé par le plus jeune. Autour d’eux, les sorts et les coups de hallebardes pleuvaient. Essayant de les éviter, les deux hommes, accroupis, rampèrent presque le long d’un mur, avant de disparaître au croisement avec une autre ruelle. Ils s’y engouffrèrent précipitamment, avant de se trouver face à un mur bouchant l’autre bout de l’allée.
–Une impasse ! s’écria Arion.
–Par les dieux, j’avais oublié à quel point cette ville était un labyrinthe…
Les deux hommes scrutèrent les façades, cherchant un passage. Derrière eux, les combats faisaient rage, et les cris du Manchot laissaient supposer qu’il s’était rendu compte de la disparition de sa proie. Ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’on ne leur retombe dessus. D’un geste, Paflos dégaina son épée. Cette fois-ci, à défaut de pouvoir fuir, autant être prêt au combat. C’est alors qu’une petite voix les apostropha :
–Hey, vous deux !
Arion et Paflos se jetèrent un regard étonné, et cherchèrent le point d'origine de la voix. Dans l’une des façades, une porte entrouverte laissait voir une félidée d’une vingtaine d’année. Cette dernière leur fit signe.
–Venez, Vite !
Les deux hommes, cois, regardèrent quelque instant cette intruse. Sans doute auraient-ils eut moins l’air pantois devant une rose en hiver.
–Grouillez-vous, bon sang ! Vous préférez vous faire égorger ?
Hésitant, Paflos passa le premier, serrant toujours son épée contre le torse. Arion le suivit de près, et s’engouffra à son tour dans la bâtisse. S’assurant avec précaution que personne ne les avait vu, la jeune femme referma la porte a double tour.
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