Chapitre XIV : La Flamme écarlate

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 Le soleil s’était couché depuis déjà quelques heures. Assis autour d’un feu de camp, Arion, Paflos et Fleur d'Épine mangeaient frugalement leur dîner. Assis dos à leur provenance et faisant face à un arbre solitaire, le plus jeune profitait de son repas en silence. A sa droite était assis l’homme d’armes, qui tournait le dos aux ténèbres de la forêt de Liosmór, plus bas dans la vallée. A sa gauche était installée la félidée. Derrière elle brillait les lueurs l’un des nombreux fortins adossé aux montagnes, et qui jalonnaient la route au Nord de Silverberg, formant comme autant d’yeux surveillant les agissements du royaume silvain. Arion en avait été particulièrement surpris, lui qui se souvenait encore de la déshérence dans laquelle les alentours du Pélargis étaient plongés.

 Le jeune sorcier fut tiré de ses rêveries par la félidée qui, une carte sur les genoux et son pain fourré au pâté dans la main gauche, s’était soudain éclairci la voix.

–Il nous reste une sacré trotte à faire avant d’arriver à Tursil Ansar. Si tout se passe bien, on devrait arriver au relais du Vieux Moulin vers midi. Ensuite on prendra a l’Est, le long du Sruthmòr, puis on remontera vers le nord une fois dans la plaine de Tarcaya.

–Ça nous emmène presque en Alfikänh, on va perdre un temps considérable. constata Paflos. On pourrait suivre la Voie Royale, par le Nord, au lieu de longer le fleuve. Ce serait bien plus court.

–Hors de question, ça nous rapprocherait trop près de Tursil Kranor. Si vous voulez crever amusez-vous mais ca sera sans moi. Je préfère encore rentrer sans un rond et subir la fureur de la maquasse que de risquer ma peau près de cet endroit de malheur.

–Nous risquons tout autant en longeant le Liosmór. D’autant que la route du fleuve est bien moins fréquentée, donc bien plus dangereuse que la Voie Royale.

–Paflos a raison. fit Arion. Aucune route n’est sur, autant prendre la route la plus courte.

–La plus courte pour crever oui ! Sérieux, vous êtes sûr d’avoir la moindre idée du danger que représentent les fanatiques du Tyran ? Croyez-moi, plus nous resterons loin de cette tour maudite, mieux ce sera.

–C’est dommage… soupira évasivement Arion.

 La félidé leva un sourcils, circonspecte, et après quelques secondes, osa demander :

–Qu’est ce qui est “dommage” ?

–Que vous soyez obligé de rentrer la queue entre les jambes chez votre patronne, sans un sous pour la rembourser.

–Quoi ? s’interrogea la femme.

–Eh bien Paflos et moi sommes d’avis de passer par la Voie Royale. C’est notre ami qui paye le voyage, ça nous laisse le droit de choisir la route. Si vous ne voulez pas nous suivre, alors rentrez chez vous.

–Mais il est gonflé le gamin. Vous croyez vraiment que la Patronne va laisser deux clampins se tirer sans lui régler ce qu’elle doit ? Pourquoi vous croyez que je fait la pute pour cette vieille peau ? Elle vous retrouvera avant que vous n’ayez le temps de comprendre votre douleur, et ce sera pas pour prendre le thé !

–Eh bien raison de plus pour prendre la Voie Royale. Comme ca si on tombe dans un traquenard, elle arrivera à nous retrouver rapidement.

–T’es vraiment un petit con, hein ? grogna Fleur d'Épine, avant de souffler. Je vous jure que s’il nous arrive quoi que ce soit, ce ne seront pas les fanatiques qui vous tueront les premiers, vu ?

–Tenue. confirma Arion.

–Et si vous voulez, au retour, vous pourrez prendre la route du Sruthmòr. ironisa Paflos, un sourire aux lèvres.

 La Félidée souffla du nez avec mépris, mais n’ajouta rien de plus. D’un geste rapide, elle replia sa carte et se leva. Sa silhouette, éclairée par les chaudes et dansantes lumières du feu de camp, s’éloigna de quelques pas. Elle s’accouda alors, dos au groupe, à l’arbre solitaire. Seul le bruit de mastication de son bout de pain permettait de deviner ce qu’elle faisait. Les deux hommes la regardèrent sans rien dire, finissant eux aussi leur collation. Finalement, la femme tourna la tête, leur montrant son profil plongé dans la pénombre, et dit :

–Je vous préviens je prends le dernier tour de garde.

–On vous doit bien ça, je suppose. répondit Paflos.

–Je ne suis pas fatigué, je prendrai le premier. ajouta le plus jeune.

–Alors je m’occuperai du deuxième. confirma l’homme d’armes.

 La félidée n’ajouta rien de plus. Après la fin de leur frugale repas, Paflos sortit leurs couchages des sacs et prépara le sien, avant de s’y glisser. Fleur d'Épine, elle, resta quelque temps contre son arbre, dans le silence et la pénombre. C’est finalement aux premiers ronflements de Paflos qu’elle gagna sa couche. Laissé seul, Arion s'emmitoufla de sa couverture, et contempla doucement le feu, dont le crépitement le berçait doucement. Autour du groupe, les ombres des deux masses endormies semblaient comme danser sur le sol. Seul le bruit de la nuit troubla la quiétude de sa garde.

 Au fil des heures, l’intensité du feu baissa, rapprochant l’obscurité du groupe. Au-dessus du jeune sorcier, le bal des étoiles se révéla, offrant un spectacle céleste qu’Arion savoura en silence. Il n’avait passé que deux nuits sous les voûtes de Silverberg, pourtant le ciel étoilé lui avait cruellement manqué. Chacun de ces éclats de lumières illuminait l'éther d’une lueur qui le rassurait. Parfois, il semblais y voir, comme si chacun de ses points se reliaient entre eux, un ensemble de signes dont il était incapable d’en saisir le sens. Peu à peu, chacun de ces points semblait plus clair, plus nombreux. Un souffle glacé traversa alors l’échine du jeune homme, qui sursauta. Mince, le feu !

 Aussitôt, il agrippa quelques branches posées à côté de lui, et en jeta une poignée sur les braises encore rougeoyantes. Mais le feu ne semblait pas vouloir repartir. Le jeune homme souffla alors sur les braises, pour les attiser, en vain. Il tenta alors d’invoquer une de ses petites flammes rouges. Après tout, peut-être qu’il était possible d’allumer un feu avec ses flammèches. Le jeune sorcier se concentra autant qu’il pu, invoqua la flamme la plus intense qu’il n’eut jamais fait apparaitre, et la fit virevolter jusqu’au foyer. Mais la flamme écarlate, si grosse soit-elle, ne semblait que caresser le bois, sans même l'abîmer. Autour de lui, les silhouettes baignées dans une mer d’or avaient laissé place à des ombres découpées dans un océan de sang brûlant. A cette vision, Arion sentit son coeur accélérer. Dans sa tête, les hurlements de douleur de ses visions resurgirent. Il secoua la tête, perdant pied avec son sort. Pendant un instant, il jurait avoir l’impression de consumer les corps de ses compagnons, comme se consumaient ceux de ses cauchemars. Pendant un instant, il crut voir ces flammèches prendre la forme d’un dragon, dévorant tout sur son passage. Il se cru ballotté par toute cette violence et cette haine qui le hantait. Ses mains tremblaient sur cette flamme, dont il eut l’impression qu’elle les lui consumait. Une douleur aiguë le pris, mais il était incapable d’éteindre sa flamme. C’est alors que quelque chose se posa sur son épaule, et qu’un appel le tira de son effroi.

–Arion ?

 Le jeune sorcier redressa la tête vers cette voix. Paflos, accroupis, avait sa main posée sur son épaule. Arion le regarda, les yeux presque violacés. Entre ses mains, sa flamme s’était éteinte. Aussitôt, il jeta un œil à ces dernières. Elles étaient intactes, du moins en apparence. Il soupira alors doucement, et parvint a bafouiller :

–J'essayais de raviver le feu, il a dû s’éteindre dans un moment d'inattention…

–Ne t’en fais pas, je vais m’en occuper. fit doucement Paflos. Va dormir, c’est a mon tour de veiller.

 Sans dire un mot de plus, Arion acquiesça et s’allongea au sol, dos au foyer. Alors que derrière lui, il entendait Paflos battre le briquet, le jeune sorcier regarda ses mains tremblantes. Ces flammes, il aurait juré qu’elle était en train de le dévorer... Sans doute était-ce qu’une hallucination. Après tout, il eut bien l’impression de voir son ami et cette félidée consumée eux aussi. Pourtant ils semblaient, comme ses mains, n’avoir aucune brûlure. Arion soupira doucement, et s'emmitoufla dans sa couverture alors que, derrière lui, le feu repartait.

*****

 Paflos consumé par les flammes. Toute la nuit durant, Arion ne faisait que voir cela. Comme si ses visions habituelles s’étaient concertées pour laisser place à bien pire. Son ami hurlait, mais le jeune sorcier était incapable de l’aider. Pire encore, il semblait attiser les flammes. Comme clandestin dans son propre corps, Arion était incapable d’empécher ce brasier écarlate de dévorer son ami. Et il s’entendait rire, se délecter des souffrances de son ami.

 Arion se réveilla en sursaut, couvert de sueur malgré la fraîcheur du temps. Ses joues étaient humides et ses mains tremblaient. Qu’était-ce que cette vision ? Un simple cauchemar ? Une vue déformé de son passé ? Ou une fenêtre vers l’avenir ? Non, jamais il ne pourrait faire souffrir Paflos, jamais ! C’est alors qu’il entendit derrière lui une voix :

–Déjà réveillé, môme ?

 Le jeune sorcier se tourna vers cette voix. Sur un rocher, faisant face au Liosmór, était assise Fleur d'Épine. Cette dernière perdait son regard sur l'horizon, au bout duquel émergeait timidement les premiers rayons de l’aurore. Arion la regarda quelques instants avant de se tourner vers Paflos. Ce dernier dormait comme un beau loir. Surtout, il paraissait indemne. Dans un soupir, le jeune sorcier se leva et, toujours emmitouflé dans sa couverture, se rendit vers la félidée. Cette dernière, le voyant ainsi arrivé, lui lança un sourire en coin, avant de lui dire, la voix piquante :

–Tu parles en dormant. Ca t’arrives souvent ou c’est la nuit à la belle étoile qui t’inspire ?

–Désolé, je… J’ai passé une mauvaise nuit…

–On a tous passé une mauvaise nuit, si ça peut te rassurer.

 Arion ne répondit rien, se contentant de soupirer lassement. Il n’était pas d’humeur à se confronter aux remarques de la félidée. Cette dernière, voyant bien l'état du jeune homme, perdit doucement son sourire moqueur.

–T’as la tronche d’un type qui a cauchemardé sec, je me trompe ?

–Non… répondit laconiquement Arion

–Tu veux en parler ?

–C’était rien d’important…

–Assez pour te faire gémir le nom de ton mec toute la nuit. Et crois moi, j’en connais un rayon, ça n'avait pas l’air de gémissements de plaisirs.

–Ce… Ce n’est pas mon petit ami.

 La félidée fut soudain prise d’un air surpris et haussa un sourcils, avant de continuer :

–Sérieusement ? Tu sais, tu parles à une pute, je peux difficilement vous juger pour des affaires de mœurs.

–Y’a pas grand chose à juger, on est pas ensemble. Pourquoi tout le monde voudrait nous mettre ensemble ?

–Te fache pas, môme. Vous êtes juste bien assorti. Ce serait criminel que vous ne soyez pas en couple.

 La félidée porta alors à ses lèvres une bouteille, à première vue en pierre, gravée de runes dégageant une faible lueur bleuté. Après une rasade, elle la tendit à Arion, en contrebas.

–T’en veux ?

–Non merci, je ne boit pas. Pas aussi tôt, en tout cas…

–Calmos, c’est du lait. Je suis désespéré mais pas au point de m’en coller une au levé du jour…

 Après quelques secondes d’hésitations, Arion se saisit de la bouteille et vint en tirer une gorgée. La bouteille était glacée, comme si elle avait été tout juste tirée d’un tas de neige. Le lait, lui, était délicieusement frais. En rendant sa bouteille à Fleur d'Épine, cette dernière se décale légèrement, offrant une place sur son rocher qu’elle vint tapoter doucement. Hésitant, Arion finit par venir la rejoindre. Emmitouflé dans sa couverture, le jeune homme perdit son regard sur les premiers rayons du soleil, qui venaient faire briller de mille feux la toison de feuille du Liosmór.

–Vous vous connaissez d'où, avec l’ours qui ronfle derrière ?

–Oh, longue histoire…

–Mh, je vois… Dit moi, t’es toujours aussi loquace ou c’est juste ma gueule qui te revient pas‌ ?

–Non ! Enfin, c’est pas contre vous, mais…

–Mais tu peux pas me saquer.

–Non, je…

 Arion soupira doucement, avant de continuer :

–On se connaît depuis à peu près un an. C’est lui qui m'a recueilli lorsque j’ai… perdu la mémoire.

–Laisse moi deviner, depuis vous arpentez tous les deux les routes des sept royaume pour raviver tes souvenirs, c’est ca ?

–Pour simplifier…

–Et tu va me faire croire que ton ours n’as pas de pensée derrière la tête ?

–Vous allez arrêter avec ?!

 S’énerva Arion en fusillant du regard la jeune femme. Ses yeux, jusque là amarante, avaient soudain cramoisi. La félidée le regarda sans un mot, se reculant même un peu. Voyant la crainte de son interlocutrice, Arion se calma immédiatement, alors qu’il se recroquevillait sur lui-même.

–Excusez-moi… Je… j’ai du mal à me contrôler, des fois…

–Je suppose que tant que tu ne me brises pas en deux avec ta magie, ce n’est pas grave.

–Des fois, je perds le contrôle… Je… j’ai déjà blessé Paflos. Plusieurs fois…

 Arion cacha alors sa tête dans ses genoux, étant soudain pris de sanglots.

–J’ai peur… Peur de ce que je pourrai faire à Paflos… Je ne sais pas qui je suis, mais quand je vois de quoi je suis capable, que je ressens ce que mon corps a vécu… Je devrai juste me jeter au fond d’un puits, ou laisser les fanatiques du Tyran faire ce qu’ils veulent de moi.

 Sans rien dire, la félidée le regarda quelque instant, avant de doucement poser sa main sur l’épaule du jeune homme.

–Et tu laisserais ton ami tout seul ?

–Au moins, il sera en sécurité…

–C’est sûr qu’un mort, ça tue personne. Mais ça protège personne non plus.

 Arion releva doucement la tête et fixa avec circonspection la félidée. Son visage était baigné de larmes.

–Qu’est ce que vous voulez dire ?

–Que par les temps qui courent, avoir un sorcier qui sait ce qu’il fait, c’est plus un bienfait qu’un danger.

–Mais je ne sais pas ce que je fais…

–Tu l'aimes, ton ours, ou pas ?

–C’est mon ami…

–Je te parle pas d’amitié, je te parle d’amour, môme. Tu l'aimes, oui ou non ?

 Arion essaya de répondre, mais aucun son ne parvint à sortir de sa mâchoire, qui resta scellée. Il aurait cru être sous l’enchantement de ce sorcier de boutique lui avait à nouveau cousu les lèvres, à Silverberg.


–Bon. Maintenant, môme, arrête un peu de te plaindre et écoute moi. Je ne sais pas d'où vous venez, ni ce que t’as caché derrière ta gueule d’ange. Mais je connais assez bien les gens pour savoir ce qu’ils pensent quand ils ne parlent pas. Appel ça comme tu veux mais tu tiens trop à ton pote pour vouloir lui faire du mal. Et sérieusement, t’as vu cette bête ? Je pense pas que tu puisses le blesser sérieusement par accident.

–Arion… Arion ne lui fera aucun mal… Mais… Mais je ne sais pas ce que fera celui que j’ai oublié…

–Celui que t’as oublié pourrait être le Tyran Rouge, ça change rien. On s’en tape royal de ce que t’as été. Ce qui compte, gamin, c’est ce que t’es aujourd’hui. Ce que tu ressens aujourd’hui.

 Le jeune sorcier ne sut quoi ajouter, se contentant de regarder le soleil se lever à l'horizon. Ce qu’il était aujourd’hui… Fleur d'Épine avait peut-être raison. Même s’il retrouvait un jour la mémoire, cette année dans la peau d’Arion l’avait changée à jamais. Il n’y avait aucune raison que son vrai lui occulte tout ce qu’il avait vécu depuis un an…

 A côté de lui, la félidée but une nouvelle rasade de lait, tout en fixant l'horizon. Puis, sur un ton moins bien moins sarcastique a ses habitudes, elle murmura :

–Tu sais, môme, j’ai croisé des amoureux. Des timides, des transits, des du dimanche. Je suis une pute, j’en croise des pleines cagettes tous les soirs. Mais entre vous deux, y’a quelque chose qui pourrait déplacer les montagnes et assécher les océans. Jamais les dieux vous laisseront vous en prendre l’un à l'autre. Jamais…

–On est pas amoureux… murmura Arion, sans grande conviction.

–Appel ca comme tu veux je m’en fout, mais te voile juste pas la face…

 A ses mots, elle tendit sa bouteille à Arion, qui sans trop hésiter la saisit et bu une gorgée. Puis la félidée se leva et s’étira, semblant regarder les montagnes derrière eux. Le jeune sorcier, lui, resta enfoncé dans sa couverture, la bouteille fraîche entre les mains. L’un comme l’autre restèrent quelques minutes en silence, alors que le soleil s’extirpait totalement de l'horizon. C’est alors que la félidée ajouta :

–Tu ferais mieux d’aller réveiller ton ours, môme. Ne traînons pas.

Surpris, Arion se tourna vers elle, l’air circonspect, et lui demanda :

–Quelque chose ne va pas ?

–On est pas les seuls à s’attarder dans le coin, j’en ai peur…


 Aussitôt, Arion se tourna en arrière. Sur les hauteurs, plusieurs figures noires se détachant de l'anthracite de la roche et semblaient se frayer un chemin sur l’une des corniches sillonnant la montagne. A cette vue, le jeune sorcier frissonna. Puis d’un geste vif, il descendit de son piédestal, allant réveiller Paflos.

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