Réception

4 minutes de lecture

 « J’ai souvent voulu tout laisser tomber. Oui, dans cette quête pseudo philosophique d’accepter qu’aucun bien n’arrive sans malheur et inversement, il y avait ce bon côté où, lorsque j’étais face à une situation de grand malheur, j’avais en moi quelques pensées positives. Je pouvais ainsi réconforter les miens, leurs dire « à la fin, tout ira bien, vous verrez », et souvent j’avais raison. Mais quel malédiction lorsqu’un bel événement arrivait autour de moi ! J’étais le seul à broyer du noir, le seul qui avait peur du bonheur et de la joie, puisque j’étais le seul à attendre que la balance revienne à son point de départ. Aussi, je ne profitais jamais de ce bien, de ce bonheur sur ma vie et la vie des miens. Je n’en ai jamais profité pleinement, le prenant comme s’il n’y avait aucun lendemain. Comment aurais-je pu faire ? il y a toujours un lendemain.


 Ce qui m’a remis sur le bon chemin ? C’est assez simple et très orgueilleux, comme vous allez le voir. Dans mon cheminement d’esprit traversant les ombres, une pensée a toujours conclus ces divagations : c’est mon fardeau, c’est le prix à payer pour qu’en cas de grand malheur, quand tout semble perdu et que même l’espoir semble avoir totalement déserté, moi, moi seul, je sais que je garderai toujours une petite graine de verdure, une once et un zeste de positif. Chaque épreuve que nous rencontrons, chaque obstacle que nous dépassons, a toujours quelque chose de positif. C’est mon fardeau et mon cadeau, et le prix à payer est bien de ne jamais être pleinement heureux parce que craignant et comptant l’heure où cette joie va disparaître. »

Armand



 Ce jour-là, le lac était animé. Lui qui, se trouvant à une distance raisonnable de la grande ville et écarté de quelques kilomètres des grandes routes du Nord et de l’Ouest, est si paisible habituellement en cette saison. Il se trouvait en partie sur la propriété terrienne de la famille royale de l’Empire mais qui n’était jamais vraiment habité. Le domaine de la famille était, il faut le dire, en grande partie laissé à l’abandon. Le contexte politico-social n’était pas de mise pour une fin de semaine au lac ou une semaine loin des soucis quotidiens, c’était la guerre, et pire qu’elle, la guerre civile. En temps normal, en cette actualité, les membres de la famille royale étaient sous bonne garde et surveillance dans le palais au centre de la capitale.

Aujourd’hui pourtant, c’était jour de fête et de relâchement. Le lac domaine de repos et de tranquillité pour les animaux saisonniers, était envahit d’êtres humains courant, braillant, discutant, riant à gorges déployés. C’était jour de mariage il faut dire. Et quel mariage. Armand, membre de la famille royale, Caporal du quatrième détachement de la Troisième Armée, vingt-huitième héritier de l’Empire, épousait Eléonor de Dann, sixième fille de la Reine Pétra. Ce mariage serait passé inaperçu en un autre contexte. S’il n’y avait pas eu un tel engouement pour les deux mariés et une telle passion en ses deux âmes, le mariage se serait passé tout autrement.


 Mais il ne pouvait plus se passer autrement. Des cors se firent entendre tout à coup, incitant tous les invités du mariage arrivés à faire silence et à pointer leur attention vers l’entrée, tout là-bas au bout de l’allée de galets. Une trentaine de cavaliers arrivaient à vivre allure. En tête, un superbe cheval blanc neige et revêtu élégamment d’un drapé à la couleur du Royaume de Dann, portait fièrement la Reine Pétra. A ses côtés, les cinq filles qu’elle a eu de plusieurs mariages, chevauchaient d’une façon identique. Peu de chose à l’extérieur pouvait les distinguer, mais au-delà de leur stature et leurs vêtements, la première fille avait un teint bronzé, la deuxième avait les mêmes cheveux que sa mère, d’un rouge éclatant, la troisième était la plus grande d’une tête, la quatrième gardait un air sévère avec les sourcils en avant, la cinquième enfin cachait sous ses parures et sa robe une sacoche qu’elle ne quittait jamais et les livres d’Histoire qu’il contenait. La sixième fille de Pétra que personne ne pouvait voir encore observait par la plus haute fenêtre du château de campagne sa famille arriver.

Une fois que les cavaliers, la Reine, ses filles, et leur suite, furent arrivé et descendu de leurs montures, les discussions reprirent, les rires également. Personne n’était ni impressionné ni intimidé par l’arrivée. Ce jour avait été garanti sans violence, sans conflits, sans aucune colère, Armand avait promis d’y mettre toute son énergie au respect de ce jour qu’il voulait merveilleux dans un monde qui n’a plus connu l’absence de combat depuis des années qui ne se compte plus.


 Puis le Roi de l’Empire des Hommes est arrivé. Aucune cérémonie à son arrivée, aucun silence, non. Le Roi n’était pas là à un moment puis il est apparu au centre de l’assemblée l’instant suivant. Comme s’il était là depuis le début. Non, aucun artifice à cela. Le Roi, préférant jouer l’extrême opposé de son opposante, est arrivé au château par l’autre chemin, celui discret passant par la forêt aménagée à l’arrière. Le Roi pouvait être joueur dans ses bons moments et il s’est prêté au jeu de surprendre tout le monde.

Il allait se venger de Armand pour la déconfiture qu’il lui a infligé plus tôt dans la journée et par la proposition qui lui à faite d’arriver de cette manière et pas dans le respect dû à son rang. Mais pas aujourd’hui, le Roi allait se venger plus tard. Aujourd’hui est jour de mariage entre deux familles. Et pour le bien du peuple, se convainc-il, il ne ferait aucun conflit.


 Les deux mariés se faisaient à présent désirés. Puisque, si tant est que la mariée n’est apparue encore à personne ce jour puisqu’en préparation dans sa chambre privée avec ses servantes les plus proches, le marié, Armand, était rentré au château le plus vite possible après la scène à la clairière de la paix et il s’était enfermé seul dans le bureau du château. Personne ne savait ce qu’il y faisait. Tout le monde, cependant, attendait maintenant l’apparition officiel de celui-ci.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Fr Anastacio ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0