Avec un air satisfait, il lui donna une tape sur l’épaule, attrapa son sac puis quitta la cafétéria sans même avoir terminé son repas. Une fois rentré,Type se posta devant l’armoire de Tharn et l’ouvrit, un sourire diabolique sur les lèvres. Il balança ses habits par terre, puis se dirigea vers son bureau et lança les livres qui s’y trouvaient . Il déchira ensuite des feuilles par ci par là sans vraiment savoir ce que c’était, trouva un paquet de chips, l’ouvrit et en renversa le contenu sur son lit. D’ailleurs juste au dessus de son lit se trouvaient pleins de posters de ses groupes de musique favoris. Il les mit en pièces pour certains et pour d’autres écrit dessus « CASSE TOI D’ICI PEDALE». Satisfait, il admira son travail. Il se sentait fier de ce qu’il venait de faire. Après quoi il retourna tranquillement en cours.

Son esprit était apaisé, il était certain que ça allait marcher. Après avoir terminé les cours il en profita pour passer du temps avec ses amis. C’était une belle journée. Ils étaient partis au centre commercial pour grignoter. Le soir approcha, c’était l’heure pour tout le monde de regagner leur dortoir. Type marcha dans le couloir du deuxième étage, confiant. Il était joyeux. Sa main se posa sur la poignée de porte. Il poussa cette dernière, mit un pied dans sa chambre et fut surpris de voir des feuilles volantes.

Quoi ? Il n’a toujours pas ramassé ses feuilles ce boloss ? Mais… Attends. On dirait mon livre là ? pensa ce  dernier.

Ses yeux se baladaient un peu partout et remarquèrent que le sol était jonché de ses stylos, ses livres et feuilles mais aussi de ses propres vêtements. Il ne comprenait pas ce qui se passait. Ce n’était pas ce qu’il avait prévu ! Sa tête commença à bouillonner, il leva les yeux vers Tharn, assis sur son lit avec ses écouteurs et ses baguettes de batterie dans les mains. Celui-ci avait un sourire bien trop enjoué. Type se dirigea vers lui, ses sourcils froncés et le visage colérique. Il marcha sur un tube d’où jaillit un liquide translucide étrange qui attira son attention. Il leva son pied avec dégoût.

– Eurk… C’est quoi ce merdier ?

Tharn s’approcha, toujours un sourire moqueur sur le visage. Quand il vit l’objet sur lequel son compagnon de chambre venait de marcher il ne put s’empêcher de rire. Il se baissa pour le ramasser et se releva lentement. Il vit le visage de ce dernier s’approcher à seulement quelques centimètres de son corps. Il pouvait même sentir sa respiration contre son bassin et son torse. Tharn avait presque frôlé sa peau, lui provoquant des frissons. Quand il se redressa totalement, Type cru qu’il allait vaciller d’un moment à l’autre. Tharn sourit de plus belle.

– Oh, je le cherchais partout..
– Mais c’est un lubrifiant couillon.
– Personne n’a dit que c’était du liquide vaisselle, se moqua davantage Tharn.
– Va te faire foutre !

Tharn rigola doucement.

– Il est presque vide… pas grave, j’te le laisse. De toute façon j’en ai d’autres. Prends ça comme cadeau de bienvenu.
– J’en veux pas, rétorqua Type en jetant le tube de lubrifiant à l’autre bout de la pièce.
– Les cadeaux ça ne se refuse pas, et ça c’est un bonus.

Tharn prit la main de son colocataire et déposa quelque chose dans son creux. Quand Type baissa les yeux, il découvrit un préservatif sur lequel un mot était scotché “Je ne partirai pas, blaireau”. Type broya l’objet avant de le plaquer sur le torse de Tharn. Furieux, il saisit son t-shirt et l’attira vers lui avec rage. 

– Ne me cherche pas.
– C’est toi qui a commencé je te signale. Tes parents ne t’ont jamais appris à ne pas toucher aux affaires des autres ?

En disant ces mots, Tharn avait plongé son regard moqueur dans celui de Type, tout en glissant un doigt sous son menton. Après un instant de trouble, Type le dégagea violemment.

– C’est pour ça que tu as fouillé dans mes affaires en retour ?
– Si tu le peux, je le peux aussi.

Les deux jeunes hommes se firent face, se défiant du regard. Type n’avait jamais vu cette lueur de détermination chez son colocataire, mais il ne comptait pas se laisser faire. Il quitta la pièce, il avait besoin de prendre l’air.

Il faisait encore jour. Type errait autour du pâté de maison. Il était dérouté. Qui était aussi fou que lui pour répliquer de cette manière ? Il n’en revenait pas. Mais Type était entêté, et quand il voulait quelque chose, il faisait tout pour l’avoir, quelle qu’en soit la manière. Il se rappela alors que Techno lui avait donné de nombreuses idées et ouvrit l’application note de son téléphone. Ce n’était pas le moment de s’arrêter. L’autre allait forcément craquer un moment ou l’autre.

Le soir même, Type et Techno se dirigeaient vers sa chambre. Ils étaient passés dans un supermarché pour acheter de quoi grignoter. En avançant dans le couloir, ils remarquèrent que deux autres personnes les attendaient.

– P’Team ! P’Klui ! Vous êtes déjà là, parfait, salua Type.
– Dit, est-ce que je peux incruster Seo ?
– C’est ton coloc coréen ? demanda Techno, curieux.
– Il est pas coréen, mais oui c’est lui.
– Vas-y, pas de soucis.

Klui toqua à la porte de sa propre chambre et invita son ami à venir passer la soirée avec lui. Ainsi ils entrèrent tous avec l’idée de passer un agréable moment, surtout Type qui comptait bien se mettre à l’aise. Une fois à l’intérieur, tout le monde s’installa par terre près du lit et du bureau de Tharn pendant que Type préparait les lumières et ajustait au maximum le niveau de la musique. Il sortait bières et chips de son sac quand la porte s’ouvrit sur un Tharn fatigué. Ce dernier resta calme face à son colocataire qui organisait une soirée sans lui demander la permission.

– Oh, tu dois être le coloc ? Moi c’est Klui, je suis de la chambre d’à côté et lui c’est mon coloc... Seo, dit-il avec un sourire.

Techno, qui savait que son ami n’avait pas prévenu, se sentit gêné. Il ne voulait pas prendre part à leur querelle inutile.

– On devrait peut-être partir, tu dois être fatigué Tharn non… ?
– Non, restez... Plus on est de fous plus on rit n’est-ce pas ? répliqua celui-ci avec un sourire.

Tharn déposa son sac sur son lit et se fit une place dans le groupe. Il attrapa une canette de sprite et but la moitié d’une traite puis chacun se présenta à son tour. Type sentait que la situation lui échappait. Ce Tharn était vraiment coriace. En plus de tout ça il s’entendait vraiment bien avec ses amis. Type broya sa canette de colère et se leva.

– La commande est arrivé, je vais la chercher, dit-il avant de quitter la chambre.
– Je l’accompagne, expliqua Tharn avant de le suivre.

Type marchait vite, les poings serrés. Une fois sorti du bâtiment on l’interpella.

– Type ! Attends moi.

Il ne connaissait que trop bien cette voix. Qu’est-ce qu’il voulait de plus ? Ce n’était pas pour autant qu’il s’arrêta. Cependant on lui attrapa le bras l’obligeant à se retourner.

– Quoi ? Qu’est-ce que tu veux ?
– Tu pensais vraiment que ce genre de ruses allaient me faire partir ? demanda sincèrement Tharn.
– Bah j’ai espéré.
– Ça ne marchera pas avec moi, c’est inutile. Je t’ai dit que je ne partirai pas.
– Tu feras moins le malin si je dis à mes potes que t’es gay ! D’ailleurs je meurs d’envie de voir leurs réactions, rétorqua-t-il, menaçant.
– Bah fais-toi plaisir, j’ai hâte de savoir ce qu’ils penseront quand tu leurs diras que ça fait un mois que tu vis avec un gay dans les parages !
– Mais je suis pas comme toi ! Je ne suis pas gay et je ne le serais JA-MAIS !

Blasé Tharn posa la main sur son épaule.

– Qui sait, peut-être que tu as été touché par le « gay virus » ?

Type recula, dégageant brusquement sa main de son corps.

– Recommence et je te défonce.
– Ah... On dirait bien que tu présentes des symptômes là, répliqua le batteur, avec un sourire coquin.

Type ne répondit pas à la provocation et récupéra sa commande puis remonta dans la chambre, seul. Tous ses amis étaient rassemblés autour de son ordinateur, posés sur le bureau de Tharn. Il déposa la nourriture et rejoignit le groupe. Ils étaient maintenant tous réunis derrière l’écran.

– Hey Type c’est quoi ce dossier là ? l’interrogea Techno.

Type releva la tête et quand il comprit de quoi il s’agissait, il paniqua.

– Nooon ! N’ouvre pas !!

Type eut à peine le temps de réagir que le dossier s’ouvra sur plusieurs vidéos X.

Tous les esprits se concentrèrent alors sur l’écran, attirés par ce Graal inespéré.

Un halo de lumières éclairait leur visages ravis. Techno, ne pouvant lutter contre son envie irrépressible, cliqua sur la première vidéo. Aussitôt les quatre autres jeunes hommes s’agglutinèrent derrière lui.

– Hey Type, toi t’es un vrai toi ! s’exclama Team en le tapotant du coude.
– Ha ! C’est vraiment ce que tu aimes,Type ! Les personnes grandes, soignées, avec des grands yeux et un beau sourire... répondit Techno, la voix remplie de sous-entendus que seul lui comprit, ou peut-être quelqu’un d’autre. Qui sait ?
– Pour une fois que tu dis quelque chose de sensé No, je suis choqué, dit Type.
– Hé ! Pousse-toi, Seo j’vois pas ! Ca devient intéressant ! s’écria P’Klui.

Seo n’était pas du même avis.

– Vas-y c’est éclaté ton truc.

La porte s’ouvrit sur un Tharn des plus blasés. Team l’invita à les rejoindre quand Type le coupa.

– Tu perds ton temps, ça ne l’intéresse pas tout ça.
– Qui a dit que ça m’intéressait pas ?
– Parce que tu es…
– Je suis quoi ? répondit Tharn en levant les sourcils, défieur.
– T’as pas quelque chose de plus hardcore ? questionna Techno.
– Ouais c’est ça qu’on veut ! répondirent Team et Klui en coeur.
– Ne vous en faites pas, j’ai tout ce qu’il vous faut, intervint Tharn.
– Haa non ! fit Type avec un mine de dégoût.
– Quoi, mais si ! On est intéressé, contredit Klui.
– Nan les gars, rien que d’y penser ça me donne la chair de poule...
– Hein ? Pourquoi tu dis ça ? demanda Seo.

Tharn riat puis Team, qui se trouvait devant l’écran, s’écarta pour lui laisser de la place. Il tapa quelques mots sur le moteur de recherche. Une vidéo se lança et un « oh ! » exalté émana de la bande. Type tira son colocataire vers lui pour lui parler discrètement.

– Mais t’es bi ?

– Non, répondit Tharn en souriant.

– Tu pièges les gens en leur faisant croire que tu aimes les filles ?!

– Bah disons que je m’en fiche des meufs… Par contre les personnes qui les regardent... Son visage prit une mimique amusé.

– Putain, tu racontes quoi encore ?!

– Ma patience a des limites alors fais attention à ce que tu dis.

Tharn semblait vraiment fatigué, mais rejoignit le groupe et ses activités farfelues. Finalement Type était tout aussi épuisé. Sa journée avait été longue et ce nouvel échec cuisant avait fini de le vider de son énergie.

À presque 23h, le couvre feu des dortoirs obligea les garçons à se séparer. Team aida Seo a porter Klui jusqu’à leur chambre tandis que Techno plaça une couverture sur son ami Type, déjà somnolent.

Après un rapide salut celui-ci s’en alla, laissant les deux occupants de la chambre de nouveau seuls. Entre ses paupières quasi-fermées, Type put distinguer Tharn s’accroupir devant lui. Il devina l’expression sur son visage, tiraillée entre l’incompréhension, la fatigue mais aussi, curieusement, la douceur.