Chapitre IV. Un "Instrument vivant"* - section 1/5
Comme à Braktenn, le rapatriement des soldats chargés de leur butin occupait Nérée et ses habitants en liesse, durant la fin de l'été 1605. Les portes massives de cette importante ville du nord-ouest monbrinien venaient de s'ouvrir pour les troupes.
Jérémie et Fabrice marchaient à la cadence mécanique du groupe servile. Les derniers jours de route s'étaient enchaînés en ne laissant au convoi que peu de pauses : les chefs militaires avaient souhaité arriver au plus vite. Épuisé, Monsieur Torrès semblait absent, hermétique au brouhaha qui le cernait. Il avançait mollement, visage ployé, yeux brouillés fixés au sol. L'homme ne percevait rien que ses courbatures et la puissante odeur des captifs transpirants.
À plusieurs longues coudées en avant, son fils approchait du malaise. Sa tête et ses paupières le brûlaient. Les trompettes et les réactions de la foule frappaient telles des enclumes à ses oreilles, tandis que des taches grossissaient, s'étiraient, se tordaient, dégoulinaient devant son regard voilé de fatigue. Il discernait seulement quelques vagues impressions et se tournait ici et là, pareil à un animal si étourdi par un coup violent qu'il ne lui restait plus même la force de la panique. Partout autour, ces centaines de faces oppressantes paraissaient former un seul et unique monstre énorme. De hautes bâtisses à quatre étages de bois et de pierre s'avançaient, comme prêtes à avaler de leur ombre ceux qui, jusqu'alors, ne connaissaient que des maisonnettes de village.
Au bout d'un moment interminable, durant lequel il avait fallu avancer en procession, puis rester debout pendant que des généraux se succédaient devant les spectateurs et déroulaient leurs discours, Jérémie put entendre à peu près clairement les ordres qu'un capitaine donnait tout près de lui :
– Soldats ! Dernière étape : direction le marché. En route !
Assis à son bureau, Monsieur Greeglocks guettait l'arrivée des nouvelles provisions qui d'ici peu renfloueraient les étals de son commerce. Autour de lui, ses employés se chargeaient des préparatifs de circonstance. Une noble clientèle défilerait ici : le mobilier élégant que les commis installaient était de mise. Il fallait placer toutes les chances de son côté pour que ces riches acheteurs recommandent sa maison.
Le marchand porta son attention au-dehors, où un collaborateur achevait de repeindre l'enseigne pour l'occasion. Fier, le patron y lut : Vente d'esclaves. Dernières prises disponibles. Il placarderait le panneau dans une semaine, lorsque les prisonniers seraient assez rétablis pour le début des affaires.
Un écho de bottes frappant le pavé s'éleva au loin. Les battements se firent de plus en plus proches et des grincements de chaînes ponctuaient le concert de pieds. Monsieur Greeglocks tourna la tête en direction de la route pour voir approcher un détachement de soldats et ses détenus. Il descendit l'escalier, suivi de l'aforageur, convoqué afin d'évaluer le prix des captifs. Le tenancier se campa devant les étals, affichant une expression satisfaite : certes, la politique actuelle imposait certaines lourdes contraintes, en termes de taxes et de surveillance notamment, mais elle lui permettait de refaire du profit régulièrement. Le précédent souverain, faible et peu enclin à la guerre, ne favorisait point la réussite du trafic servile monbrinien. D'un énergique claquement de botte, le patron et son assistant saluèrent les combattants.
– Voici pour vous, annonça un officier en guise de seule politesse.
– Parfait, je vais de ce pas aviser tout ça.
Le commerçant se retourna aussitôt en direction de sa boutique et cria :
– Oh ! Compagnons ! Par ici, y a du pain sur la planche !
D'un signe de tête, Greeglocks leur commanda de placer les esclaves côte à côte. Les employés usèrent leur énergie à maîtriser les quelques rares prisonniers que le voyage harassant n'avait pas complètement transformé en loques. Ils recommençaient à s'agiter et à pleurer à l'approche de l'examen. On eut à séparer ceux qui tentaient de s'enlacer, à étouffer hurlements, larmes et plaintes. Les sbires restaient hermétiques aux protestations désespérées, aussi fermes et muets que les hauts rochers qui avoisinaient ce marché juste à la sortie de Nérée, loin de sa plèbe. Ils ne répondaient que de leurs triques aux familles et amis qui voulaient être ensemble, ou à ceux qui refusaient de s'apaiser et broyaient encore la route terreuse qui menait céans.
Une fois le lot à peu près maté, ils entreprirent de dévêtir les infâmes, qui geignirent de plus belle. Sourds à leurs lamentations, les compagnons les battaient, les immobilisaient, puis arrachaient leurs habits sales avec la froideur de l'habitude. Les sanglots des esclaves impuissants ne devinrent bientôt plus que des gémissements tremblants. Ils se recroquevillaient, se mordaient jusqu'au sang les lèvres ou les joues et se comprimaient de honte, mais tentaient de garder un semblant de dignité, debout et yeux levés au ciel. On eut aussi à en ranimer une qui, folle de douleur, venait de perdre connaissance.
Le priseur les toisa de haut en bas, les tâta jusqu'aux plus infimes parties, soupesa poitrines, muscles et pénis, avant d'observer le faciès puis la dentition. Il n'omettait pas de demander leur âge aux sujets, vérifiant qu'ils ne souffraient ni de surdité ni de mutisme. Ceux qui, figés d'horreur, ne réagissaient pas recevaient la cravache cloutée qui faisait gicler leur sang et les obligeait à répondre. Trois commis déliaient les serviteurs puis les conduisaient à la chaîne aux entrepôts pour les laver. En cadence et avec professionnalisme. Le temps c'est de l'argent. Les collaborateurs traînaient ensuite à nouveau les infâmes au-dehors, toujours nus. En larmes, les traits crispés de peur, ils haletaient, reniflaient et tentaient vainement de protéger leur intimité. L'aforageur annonçait une somme, que Monsieur Greeglocks traçait sur les affichettes amenées par un assistant. Ces petites pancartes se voyaient aussitôt pendues au cou des prises, dont on entravait chevilles et poignets. Tout se déroulait au mieux.
Suite à un calcul, le commerçant se délecta des quatre cent mille rilchs qu'il empocherait pour l'ensemble du lot, si l'affaire marchait bien. Il en paya le quart aux militaires pour la livraison. Les guerriers, qui attendaient depuis un moment, s'en retournèrent réjouis. Soulagés, quelques-uns chantaient vigoureusement :
– Ô nos chères mères, Ô nos tendres femmes, revoilà vos héros !
Monsieur Greeglocks de son côté détacha presque aussitôt son regard des hommes d'armes qui s'éloignaient pour se retourner vers son négoce et héler :
– Compagnons ! La dernière formalité.
Les employés menèrent leur colonne d'esclaves aux entrepôts. Les visages qui se succédaient devant leurs yeux trahissaient crainte et incompréhension. Sous la surveillance du patron venu jusque dans la salle assurer l'opération, ça geignait, ça remuait, ça claquait des dents. Il repéra vite un gamin au regard noir et fauve qui s'agitait pour approcher celui qui devait être son père. Deux hommes furent nécessaires à retenir le têtu animal, qui n'eut plus le temps de réagir davantage : il fut mis à genoux et fermement maîtrisé. Un commis sortit du feu une tige de fer brûlant, au bout rougeoyant forgé en M entouré d'une chaîne. Armé de cet instrument, il en imprima le symbole sur l'épaule droite du détenu, qui hurla. D'autres cris jaillirent aussitôt derrière lui. Ceux-là : de dégoût, accompagnées de mains portées au visage. La marque mordante flambait, telle des braises incandescentes, sur sa chair à vif dont suintait une affreuse odeur de sang et de muscles grillés. Le gamin fut pris de nausées et de convulsions puis faillit s'évanouir. Les assistants remirent sur pieds le garçon éploré et crispé de douleur, lui renfilèrent ses vieux habits et allèrent l'attacher dans un coin au fond de la salle. On répéta le protocole du marquage sur toutes les épaules droites en lisse, au mépris des regards, des supplications et tremblements. Les râles de douleur se succédaient. Les prises s'entassaient dans le coin des entrepôts garnis de chaînes.
Enfin, le patron supervisa la répartition des esclaves dans la dizaine de cellules étroites à l'intérieur de son local. Les grincements des clés et des barreaux ouverts avec rudesse se mêlaient à ceux qu'émettaient les dents des infâmes. La chose aurait pu être activement menée : éreintés, les détenus devaient en toute logique se montrer plutôt dociles. Pourtant, l'individu un peu trapu et son fils, le grand brun ébouriffé, tentèrent encore de se rejoindre en une bousculade. Ils attisèrent par la même occasion les ultimes forces et onces de colère chez certains de leurs pairs qui, dans cette agitation larmoyante, cherchèrent à se jeter dans les bras l'un de l'autre. Les cris à moitié brouillés de pleurs s'ajoutaient à l'agaçant bruit des chaînes que les perturbateurs tiraient tandis que des gardes les battaient.
Le Sieur Greeglocks était pour le moins impatient d'en finir et de se reposer la tête autant que les oreilles. Cependant le gamin au large regard noir et une des filles avaient le mauvais goût de s'avérer particulièrement récalcitrants. Le supérieur las et bougon commanda l'intervention de cinq gardes supplémentaires armés de fouets, pour mater les stupides rebelles, mais surtout pour les jeter dans des geôles séparées. Le domptage dura une minute, sous les regards vides d'une dizaine de captifs qui contrairement aux agitateurs restaient étonnement calmes, presque amorphes. Tassés et immobiles, ils semblaient vidés, comme s'ils avaient saisi que tout était perdu d'avance. Après quelques dernières flagellations et lamentations, l'incident fut clos. Le patron souffla. Il faudrait garder, toute la semaine puis durant les ventes, un œil sévère sur les durs à cuire.
Neuf heures approchaient. Les prisonniers étaient disposés sur l'étal, parés en vue de ce deuxième jour de négoce. La valse des commis et de leurs triques opéraient l'habituel cérémonial de dressage avant l'entrée du tenancier. L'un d'eux aboyait :
– Redresse-toi ! Hé là, devant ! Laissez voir ce qui est intéressant. Toi, regarde en face… Allez, de ce côté, on arrête les câlins ! Ça vaut pour toi aussi le noiraud, lâche ton vieux. Vos gueules ! On chiale pas. Et celui qui bouge…
Monsieur Greeglocks parut et avança sur le devant de l'estrade. Il se montrait, tout autant que la veille, fier de sa toilette raffinée spécialement commandée pour séduire les clients de taille. Ses employés se turent. Il prit le relais et vanta ses produits aux passants qui foulaient régulièrement cette route, non sans complimenter les messieurs fortunés qui s'arrêtaient. Le chemin était bien plus fréquenté que d'ordinaire : le retour des militaires n'avait pas manqué de faire savoir aux intéressés que de la chair nouvelle se trouvait disponible. Auprès d'eux, le négociant insistait – heureux du reste qu'un bougre seulement ait succombé à l'infection de la marque. Un bon cru. Il se déplaçait de captif en captif, pointant leurs atouts musculaires ou sexuels du bout de sa canne.
Vers les douze heures, le marchand s'interrompit le temps d'une pause. Il s'installa à son bureau et consigna les recettes de la matinée dans son carnet de comptes. Elles le satisfaisaient : trois pouliches à dix mille rilchs pièce à un tenancier de maisons de plaisir, et un costaud pour neuf mille à un propriétaire rural. À chaque affaire, l'homme inscrivait soigneusement la date, le nom de l'acquéreur, le montant reçu, le signalement du captif, son âge et sa provenance. Il aimait établir des statistiques.
L'après-midi, un intendant – celui d'un puissant aristocrate, comme l'indiquaient sa luxueuse livrée et sa perruque à rouleaux – se présenta et se mit à inspecter la marchandise. Quand il l'aperçut, le patron bondit de son poste et l'aborda :
– Oh ! Bien le bonjour, Monsieur ! Bienvenue dans votre magasin. Alors dites-moi, que vous faut-il exactement ?
– Bonjour, je viens au nom de mon supérieur ; il a besoin d'une ou d'un domestique qui serait chargé de la souillarde(8) et des besognes en cuisine.
– Entendu. Suivez-moi, je vous prie, déclara le commerçant avec un sourire.
Il fit signe au visiteur de l'accompagner jusqu'à un brun d'une grosse trentaine d'années. Le marchand surprit un mouvement épouvanté de l'adolescent pas loin, qui venait de tourner brusquement son visage en direction du binôme et de joindre ses mains menottées comme pour prier. Le garçon secoua la tête. Le gérant ne s'en préoccupa guère plus longtemps – des commis assuraient la garde – et revint à la prise qui l'intéressait. Celle-ci se mordait la lèvre et dirigea également ses yeux vers le plus jeune et ne s'en détachait pas.
– Ce captif, commença Monsieur Greeglocks en s'emparant de l'esclave par le bras, vous conviendra à merveille. C'est un des moins chers, adapté toutefois aux corvées qu'on lui veut confier. Il est à vous pour sept mille huit cent rilchs.
Il montrait la petite pancarte en s'exprimant ainsi. Le commerçant trépignait à l'idée de pouvoir caser ce détenu, certes pas encore trop âgé mais peu charismatique.
– Hum… En effet ce n'est pas un athlète. Bon, aucune importance. Ça fera l'affaire. Et le prix est alléchant. Mon maître en sera content, je pense.
– Voudriez-vous bien me donner son nom, au juste ?
– Le duc Varney de Lantigny, répondit l'acheteur, tout en sortant une bourse.
– Ah ! C'est un plaisir de vous contenter.
Pendant que le duo réglait les formalités financières, des employés approchèrent et se saisirent de la marchandise, qui se débattait pitoyablement en vue de rejoindre son gamin. Ils l'emmenèrent jusqu'aux entrepôts, tandis que le tenancier et son client furent happés par une voix tremblante :
– Monsieur… C'est mon papa… S'il vous plaît, achetez-moi avec lui.
Le jeune était sorti du rang et avait clopiné, rapide quoique gêné par les entraves, jusqu'au visiteur. Mais déjà, les collaborateurs le traînaient vers sa place.
– Emmenez-moi, reprit-il de plus belle, je serai irréprochable ! Pitié…
– Suffit ! grogna un commis, secouant rudement l'esclave par les cheveux.
– Eh, lâchez-le ! intervint l'intendant, visiblement touché. Mon garçon… Je ne peux pas… Tu m'en vois navré, vraiment navré. Le duc a commandé un seul achat. Je ne saurai désobéir. Et il n'y a pas assez d'argent pour toi…
À ces mots, Greeglocks surprit une grimace sur le visage de l'infâme qui, semblait-il, retenait ses larmes. Pathétique. Malgré l'habitude forgée par ses dix années de métier, l'homme supportait difficilement ce type de désagréments qui faisaient néanmoins partie du travail. Il aimait qu'on le craigne et que les manœuvres se déroulent vite. Comme sonné, le prisonnier se laissa reconduire au milieu de ses semblables sans complication. On ramena le père, que les employés avaient rhabillé et débarrassé de son affichette. Il tenait son épaule droite encore endolorie. Passant près du gamin, ils essayèrent vainement de s'enlacer. On eut tôt fait de les retenir, de les éloigner puis de forcer le plus âgé à monter dans le véhicule de l'acheteur, où il fut confié à la vigilance du cocher et des laquais.
– Mon fils ! Je t'aime, courage, parvint-il à lancer avant de disparaître.
– Non… Non… Oh, Papa, bredouilla l'autre en guise de réponse.
Cette fois-ci, il tomba à genoux et se mit à pleurer. Exaspéré par ces larmes autant que par les regards lourds de passants qui s'étaient arrêtés pour observer la scène, le commerçant n'entendait pas se laisser ridiculiser. Il avança avec autorité, scruta de haut le perturbateur au sol puis annonça d'un air faussement compatissant :
– Oh… Il va falloir lui laisser un peu de temps tranquille pour s'en remettre.
Adoptant ensuite sa voix puissante, il ordonna aussitôt :
– Compagnons, allez, deux jours d'isolement sans boire ni manger ! Et vous, avis aux amateurs ! Le prochain qui se comporte comme celui-là aura droit au même traitement. Y a plus rien à voir, on se disperse, Mesdames et Messieurs.
Les témoins poursuivirent leur route ; le fauteur de trouble fut traîné aux entrepôts.
* * * *
Le surlendemain, les gardes vinrent tirer le détenu de la minuscule cage où il se tenait en boule, sous une fenêtre à travers laquelle le soleil le cuisait. Ils l'empoignèrent et le remirent debout. Le garçon chancela.
– À la prochaine incartade, t'es mort, grommela un commis.
Hagard, le prisonnier n'eut aucune réaction et se contenta de baisser ses yeux rougis. Le groupe sortit de l'arrière-boutique. Monsieur Greeglocks, un valet et un homme richement vêtu trônaient au cœur du magasin. Confortablement assis, le notable à perruque poudrée dévisagea le captif. Un sourire sur son visage rond et mou traduisit sa satisfaction. Encouragé par cette expression, le négociant annonça :
– Voici, Messire le Comte, un esclave qui devrait vous satisfaire, pour remplacer celui que vous venez de perdre. Jeune. Solide. Comme vous l'avez souhaité. Celui-ci ne claquera pas de sitôt, il vous sera utile bien longtemps.
Le client sirotait un rafraîchissement offert par la maison. Il ne répondit pas immédiatement au marchand, qu'il fixait d'un regard teinté de mépris. Cependant le commerçant ne se formalisait point. Tant que ces nobles lui rapportaient de l'argent… Sur ordre du comte, le valet s'approcha de la marchandise, lui tourna autour afin de l'inspecter puis se renseigna, d'un ton aussi élégant qu'altier qui voulait de toute évidence copier celui de son maître :
– Dites-moi mon brave, quel âge a-t-il exactement ?
– Bientôt quinze ans. Mais vous le voyez, il est déjà robuste.
– Oui, certes, certes, commenta l'homme en ouvrant la bouche du garçon qui, craignant d'être abattu au moindre geste, se laissait ainsi examiner.
– Et d'ici peu, vous pourrez en tirer beaucoup. Oui, ça fera un ouvrier fort et vous avez toute sa vie devant vous ! Vous convient-il, cher Comte ?
– Je dois avouer que l'affaire paraît intéressante et des plus honnêtes, intervint enfin le client. Dix mille cinq cent rilchs : le rapport me semble bon. Force est de constater en outre que ce jeune donne l'impression d'être bien dressé.
– Oh, vous me flattez, Messire !
– Armand, payez-le ! commanda l'homme à son laquais.
Le domestique en charge de la bourse dénoua le cordon et tira de l'aumônière un lot de lourdes pièces en or et de pierres précieuses. Il les tendit au patron.
– Vendu ! s'exclama ce dernier en saisissant la monnaie, avant de servir au noble une courbette soignée. C'est un vrai plaisir de faire affaire avec vous !
Hautain, le Sieur ignora la flatterie et se contenta de lever le menton. Monsieur Greeglocks compta les sous, puis retira l'affichette qui pendait au cou du prisonnier.
– Merci de votre visite, Monsieur de Monthoux ! Au revoir.
Le noble monta à l'intérieur de son luxueux coupé qui démarra, suivi par l'esclave encadré de laquais. Ils avancèrent à pied dans le sillage du véhicule dont le tranquille roulis les menait vers le domaine du comte.
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* "Un instrument vivant" > La formule est d'Aristote au sujet des esclaves, dans La Politique (Livre I, chapitre II)
(8) - Pièce souvent voisine de la cuisine, dans les maisons aisées, et réservée à l'eau ainsi qu'aux travaux domestiques qui lui étaient liés.
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