Chapitre 27J: février 1779
Il y avait aussi l'histoire de Bob la mouche, qui avait fait se tordre de rire Malou autant que Léon– Paul : Nous prenions notre repas du matin lorsque Émile voulu s'asseoir sur sa chaise, je ne comprenais pas pourquoi Malou riait aussi fort en regardant son cousin, tout aussi mort de rire.
—''Mais que se passe-t-il les enfants ? Pourquoi riez–vous ?
—''C'est Émile…
Nous nous regardions avec mon p'tit bout de chou qui ne comprenait pas non plus son frère et sa cousine.
—''Dites ce qui se passe à la fin, Émile et moi ne comprenons pas !
Malou, dans son fou rire, parvenait à me répondre.
—''C'est Émile, il allait s'asseoir sur la mouche.
—''C'est pour ça que vous êtes dans cet état ? Pour une simple mouche ?
Léon – Paul rajoutait le sourire aux lèvres.
—''Mais maman, ce n'est pas n'importe quelle mouche, c'est Bob.
—''Bob ? Quel nom étonnant !
—''C'est Gustavine qui l'a inventé, mais vu dans l'état où elle est…
Émile poussait d'un coup de main la mouche morte de sa chaise, et il prenait son déjeuner sans rire des bêtises de ses aînés. Plus tard dans la journée, Malou revenait me voir.
—''Qu'y a-t-il Malou ? Lui demandais – je
—''Je crois que la famille de Bob n'est pas très solide, je viens de trouver son fils les pieds en l'air dans ma chambre.
—''Bob avait t-il un fils ?
—''Oui, Bob le jeune.
Les enfants me faisaient beaucoup rire, pour donner un nom à une mouche, il ne pouvait y avoir qu'eux.
Mémoires, la jument de mon mari, mettait au monde beaucoup trop en avance un poulain mort – né une nuit de février. Léon était révolté, car il avait payé ce cheval presque le double du prix avec le poulain, qui était censé être vivant. Déjà que mon époux était particulièrement énervé après moi alors que je tentais de le persuader que je n'avais rien fait cette nuit-là, que j'étais juste sortie prendre l'air parce que je n'arrivais pas à dormir, cette histoire de cheval ne faisait qu'empirer sa rancune.
Émile me parlait souvent du chien de François, un bâtard qui gardait la maison des pilleurs qui avaient sévis dans le village, et en aucun cas une manière de remplacer l'enfant qu’ils n’avaient plus. Incapable d'aller vers elle pour m'excuser ouvertement, je préférais attendre qu'elle revienne d'elle-même.
Certains matins, souvent ceux où mes lunes étaient au rendez – vous, je dormais jusqu'à ce que les enfants viennent sauter sur mon lit. Affamés, je leur avait dit qu'ils n'avaient le droit de sortir pour aller jouer qu'après avoir pris leur repas du matin.
—''Maman, réveillez – vous. J'ouvrais les yeux difficilement, mon trésor me regardait de ses yeux d'ange, si petit, je ne pouvais résister à l'envie de le câliner, lui faire des baisers sur les joues.
—''Maman, j'ai faim. Me dit -il de sa voix d'enfant sans avoir l'air d'apprécier mes démonstrations d'affection.
—''Oui mon fils, laissez-moi m'habiller, je vais aller préparer votre repas du matin.
Les jours pluvieux où j'avais dû interdire à Émile d'aller jouer dehors sous peine le voir rentrer boueux et trempé jusqu'aux os étaient particulièrement ennuyeux pour les enfants. Hors ils étaient fréquents en cette saison. Nous étions déjà arrivés au mois de mars 1779, tous grandissaient à une vitesse vertigineuse, moi je vieillissais tout aussi vite, mais cela, contrairement aux enfants, je préférais éviter d'y penser. Nous nous étions réconciliées avec Gabrielle, heureusement car sinon, j'aurais pris peur, j'appréciais beaucoup cette femme et notre amitié devait perdurer. Ce mois de mars fut pour moi un des plus beaux : nous faisions une découverte incroyable dans le grenier, en fouillant avec Gustavine les caisses de bois qui s'entassaient sous la poussière. Les paroles de ma belle – fille restèrent gravées dans ma mémoire :
—''Louise, regardez ce que j'ai trouvé…
—''Montrez ? On dirait une boîte.
En effet c'était bien mystérieux, cette chose sans ouverture ni inscription, qui me paraissait petite pour contenir des objets. Je n'avais pas fini de me poser des questions que Gustavine s'exclama en contemplant cette fois une énorme boite, pleine de poussière, qu'elle venait de découvrir sous un tas de vêtements, d’objets usés par le temps. Il y avait une autre boite, rectangulaire, noire et arborant d'étranges petites décorations dessus. J'ouvrais la petite trappe rectangulaire, et tentais de comprendre son utilité. Gustavine fus plus intelligente que moi. Ma belle – fille comprenait presque aussitôt que la première petite boite trop petite pour contenir des objets était exactement de la taille de la trappe de l'autre rectangulaire.
Elle l'introduisit donc dedans, et là, il se passa quelque chose d'extraordinaire, d’exceptionnel, de miraculeux, de fantastique. Une petite fille s'animait dans l'énorme boîte, elle dessinait, vêtue d'un tablier violet.
Au fond, on entendait des paroles dansantes, noyées dans les mots de l'enfant. J’avais d'abord très peur, craignant que cette enfant ne sorte de la boite aussi vite qu'elle y était rentrée. Au lieu de cela, elle parla longtemps, je reconnaissait d'ailleurs dans sa voix la maladresse d'Émile pour s'exprimer, ils devaient avoir le même âge.
Dans la boîte apparaissaient des adultes, et une personne dont on ne voyait pas le visage s'adressait à l'enfant, qui ignorait ses propos, se contentant de raconter qu'elle dessinait des '' camions'' (qu’était-ce donc ?) alors que pourtant, ses dessins ne ressemblaient à rien. Gustavine était encore plus abasourdie que moi, du fait sans doute de son inexpérience. J'étais surprise par cette découverte, et par le prénom de la petite fille, qui s'appelait Léna. L'enfant brune aux cheveux courts finissait par quitter sa boite, j'étais très déçue, je commençais à m'attacher à elle.
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