Chapitre 26M: mars 1778

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Gustavine revenait cet après – midi là de l'école enjouée et avec l'envie de parler. Elle s'adressa à moi.

—''Aujourd'hui nous avons appris à prendre des mesures avec cet instrument. Elle brandit sa grande règle, et déclara :

—''Sœur Émilie nous a demandé de mesurer nos proches et d'inscrire les résultats sur notre carnet. Cela ne vous dérangerait pas de me laisser vous mesurer ?

Je hochais la tête, c'était drôle de savoir combien je mesurais. Elle dû s'y reprendre à plusieurs fois, mais à la fin elle déclara :

—''Cent - cinquante-neuf centimètres ! Attendez… Cela fait un mètre et cinquante-neuf centimètres. Elle nota et monta, pour prendre les mesures de Michel, Léon – Paul, Malou et Émile. Quelques minutes plus tard, Émile vint me voir en criant.

—''Gustavine est a dit que Mile mesurait ravin deux trimètres !

Gustavine arriva derrière lui et me disait assez fière :

— ‘’ Émile mesure quatre-vingt - deux centimètres.

—''Et les autres ?

—''Attendez je regarde… Malou mesure cent vingt - sept centimètres, Michel cent dix – neuf et Léon – Paul quatre – vingt dix-sept centimètres.

Malou arriva en courant dans le salon.

—''Gustavine elle m'a mesuré et je mesure …

—''Oui je sais Malou, cent – trente-sept c'est cela ?

—''Non, cent – vingt-sept centimètres. Je suis grande, non ?

—''Mais oui Marie – Louise vous êtes grande…

—''Je n'aime pas quand vous m'appelez comme cela!J'ai l'impression de porter le même prénom que vous !

—''C'est pourtant votre maman qui l'avait choisi.

—''Je sais, vous me l'avez déjà dit.

Nous avions avec Léon des discussions sérieuses, une fois les enfants couchés, j'aimais particulièrement me sentir concernée par la vie de famille, j'avais l'impression de servir à quelque chose pour mon mari, d'être une actrice de nos projets, alors que bien sûr ce n'était que de l'information et que jamais mon avis n'aurait compté. Un soir de mars, j'aimais bien ce mois parce que le beau temps revenait doucement, il me parla de déménagement, j'eus peur, partir encore une fois m'effrayait, mais je savais que c'était inévitable. Quand il me parla de quitter Montrouge, j'imaginais rentrer sur Paris, mais je déchantais vite.

—''Paul, le parrain de Léon – Paul, me propose un poste de marin sur son navire ''L'Archonte''.

—''Mais vous n'avez pas les qualifications ! Et puis qui est Paul ? Et puis où habite-t-il pour avoir un bateau ?

—''Paul est une de mes connaissances, il habite La Rochelle, c'est une petite ville portuaire non loin de la Bretagne. Pour ce qui est des qualifications, j'apprendrais, ce n'est pas un problème.

—''Et nous allons partir là – bas ? Je suis inquiète.

—''Ne vous en faites pas, je réfléchis pour l'instant.

—''Est – ce loin de Paris, La Rochelle ?

—''Je ne sais, mais si nous partons, ne comptez pas revoir votre famille avant longtemps, il faudrait sans doute plus d'une journée de voiture pour nous y rendre.

—''C'est beaucoup trop Léon, n'avez-vous pas une connaissance qui pourrait vous proposer un poste plus près d'ici ?

—''Attendez, rien n'est sûr.

Ce matin-là, je me réveillais d'une nuit agitée où j'avais rêvé que nous déménagions si loin que je ne revoyais jamais ma famille, et que Léon – Paul était capitaine de navire, enfin quelque chose comme ça, de toute manière les rêves ne sont jamais très clairs. Je me réveillais en panique :j'entendais les enfants parler en bas et même mon mari, on devait être dimanche et j'étais sans doute en retard. Mon gousset posé sur ma tablette de chevet ne mentait pas : il était presque dix heures, nous devions partir pour la messe dans un peu plus d'une heure. Je sautais du lit et m'habillais en vitesse, passant à peine un coup de peigne dans mes cheveux et enfilant par deux fois mes chaussures, car la première fois je les inversaient de pieds. Je courais presque, croisant juste Léon qui me fis une bien fâcheuse remarque :

—''Que faites-vous donc ? Nous partons dans moins d'une heure, Léon – Paul et Michel sont encore en vêtement de nuit, ils n'ont pas pris leur bain et Émile est encore dans son lit !

J'avais juste envie d'exploser. Si il avait vraiment voulu partir à l'heure, il aurait au moins fait se lever Émile pour qu'il prenne son déjeuner. J'avalais une tranche de pain sec, et montais quatre à quatre réveiller Émile, qui ne dormait plus, mais avait décidé de faire un dessin. Assis sagement à la table sous la fenêtre de la chambre, il coloriait gaiement. Effarée, je lui arrachais presque le crayon des mains pour l'emmener prendre son repas du matin, il cria, se roula par terre, je le prenais par la taille et l'emmenais en bas pour m'occuper de Léon – Paul. Tandis que Malou essayait de le convaincre de manger quelque chose, j'emmenais Léon – Paul prendre son bain, en criant a Gustavine de m'emmener Émile quand il aurait fini. Une fois dans la chambre, je pu souffler: le baquet avait déjà été rempli par Gustavine et Malou lorsqu'elles avaient pris leur bain, il n'y avait plus à se soucier de cela. Rapidement, je voulais déshabiller Léon – Paul qui me cria en m'empêchant de lui retirer sa robe :

—''Non maman, je veux le faire tout seul !

Affolée par ce caprice qui n'était pas le bienvenu, je m'énervais.

—''Laissez - moi faire.

—''Nooooooon !

—''C'est moi qui m'en occupe! Je parvenais à retirer sa robe, et criait a Gustavine qu'elle m'emmène Émile. Quelques secondes plus tard, elle frappa à la porte.

—''Entrez Gustavine. L'invitais – je pressée.

Elle m'apporta mon fils, qui avait encore la bouche pleine et tartinée de confiture, les mains collantes et sucrées. Elle quitta la pièce en me lançant qu'elle m'emmènerait Michel quand je lui dirais. Je retirais sa robe tâchée à Émile et le déposait dans l'eau froide du baquet. Léon – Paul se débattait quand je voulais le mettre dans l'eau, alors depuis que je l’avais laissé, il boudait, nu comme un ver, me regardant de ses yeux noirs, sourcils froncés, bras croisés. Rapidement, je mouillais Émile avec l'eau glacée, je frictionnais le gant de toilette avec le savon et le savonnais, le rinçait, et le sortais du baquet, grelottant. Je l'enroulais dans la serviette et l'habillais. Un petit coup de parfum, de peigne et c'est beau comme un sou neuf qu'il rejoignit son père au salon.

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