Chapitre 20B: août - septembre 1771
Comment aurais-je pu savoir que mes paroles auraient tant de pouvoirs ? Ma pauvre sœur, bientôt tordue de douleur a cause de son enfant, fus alitée. Ses grossesses étaient à chaque fois douloureuses, difficiles, et il fallut bien qu'un jour elle dû rester alitée plusieurs mois. Agenouillée près d'elle, je priai, j'implorais Dieu de la laisser vivre, je lui demandais pardon de tous mes péchés et des paroles maudites que j'avais prononcé à son égard.
—'' Seigneur, conformément à votre Parole,
pardonnez - moi, pour mon manque de prières et d’amour envers Dieu mon Père,
pardonnez - moi Seigneur, pour mes rancunes, mon animosité envers Camille. Aidez-moi Seigneur à pardonner,
pardonnez - moi Seigneur pour toutes les paroles mauvaises que j’ai prononcées,
pardonnez - moi Seigneur, pour mes jugements, mes critiques qui ont fait du mal aux autres,
pardonnez - moi Seigneur, pour les comportements peu fraternels que j’ai eu envers ma sœur,
pardonnez - moi pour les mauvaises pensées qui me sont venues,
pardonnez - moi aussi, Seigneur, pour tous les autres péchés que j’ai oubliés, mais que vous connaissez. Amen.
Comme la situation était critique, exceptionnellement, un médecin fut appelé pour examiner Camille.
Ma sœur, d'abord couchée calmement, se tenait le ventre, dans la douleur. Elle s'interrogeait lorsqu'elle voyait le médecin, puis elle comprenait et commençait à s'agiter. Le médecin lui parlait.
—''Calmez-vous Madame Meursault, laissez-moi faire mon travail.
—''Chuuuuuuut… Camille tenez-vous tranquille…
—''Je ne veux pas qu'il me touche ! Lâchez-moi ! Ne me touchez pas je vous dis !
—''Camille, laissez-le faire son travail, il ne regarde pas.
Le médecin, tandis que je retenais ma sœur de le tuer, enfila ses gants en la regardant, le plus rapidement possible.
Il passa sa main sous la robe de Camille qui voulait descendre de son lit et appelait son mari a l'aide. Le médecin posa sa main sur le ventre rebondi de ma sœur, et enfonça l'autre dans ses entrailles, la tête tournée sur le côté, pour ne pas voir. Camille, suppliante, continuait de se débattre. Elle cria, avant que tout ne soit fini :
—''Allez au diable ! Vous me faites mal espèce d'incapable !
—''Calmez-vous et arrêtez d'insulter le médecin, c'est fini.
L'homme se tourna vers moi en retirant ses gants.
—''Son col utérin est encore fermé, l'accouchement est pour dans longtemps. Je vais lui faire une saignée, pour libérer les mauvais sangs qu'elle accumule. Il lui faut aussi beaucoup de repos, elle est nerveuse.
—''D'où lui vient sa douleur alors ?
—''C'est la nervosité et la fatigue, le repos arrangera tout. Je pense aussi que l’enfant est dans une mauvaise position, et qu'il est assez gros.
Quand je fus assurée que quelqu'un s'occuperait des enfants et du ménage, je reprenais mes occupations, à savoir prendre le thé avec mon amie Charlotte, lire, mais aussi écrire, puisque je tenais un journal, que je remplissais un soir sur sept (je n'avais ni persévérance, ni patience), et compter les semaines avant les naissances des enfants de Camille et Madeleine.
A la toute fin du mois de septembre, quelques semaines après son premier anniversaire, Malou effectua ses touts premiers pas. Quand Auguste avait marché pour la première fois, sa mère était alitée après la naissance de Malou. Je lui avais fait la surprise après avoir encouragé Auguste qui hésitait. Ce fus la bonne qui assista la petite fille dans sa marche, et j'appris son progrès par le biais de mon frère. J'étais un peu jalouse de la domestique, j'aurais beaucoup aimé aider ma nièce à faire ses premiers pas.
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